4.3.08

Esteban Sapir - La Antena (Telepolis)



Précipitez-vous au cinéma, il faut aller voir La Antena (Telepolis en français), une fable fantastique à déclarer d'intérêt public, un joyau contemporain de cinéma en noir & blanc, par un réalisateur argentin, Esteban Sapir, qui incarne au sens propre l'expression "manger ses mots", ou le terme "muet" dans cinéma muet : il file avec ces deux thèmes une histoire d'une poésie éblouissante. "Imaginez un monde sans voix. Un monde où la télévision serait la nourriture du commun des mortels, guidés par une pensée aseptisée sous la dictature de Mr TV. Un monde où l'unique espoir de liberté viendrait de LA VOIX. D'une fable aux allures puériles, il crée une métaphore de la société de consommation actuelle dont les opinions semblent dictées inconsciemment par le règne de l'image." Fluctuat.net.
Sapir - comme son homonyme linguiste Edward, s'intéresse au langage ; au-delà d'un monde sans parole, que se passe-t-il si l'on ravit à l'homme ses mots ? Ce projet ultime et pervers du dictateur est le noyau dramatique, qui entraîne les héros de l'histoire à la contre-attaque. Mais Sapir excelle aussi dans le traitement de l'image (il a été directeur de la photo pour d'autres réalisateurs), avec une inventivité de tous les instants, citant Méliès, le Metropolis de Fritz Lang, l'expressionnisme allemand, le bizarre surréaliste (proche en cela de l'univers de Guy Maddin - mais en moins cryptique), la chanson rétro-latino, avec en plus une virtuosité graphique époustouflante (solarisation de l'image, la forme de 6/9 en spirale hypnotique, les montagnes de papier...).

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