27.11.07

Salah Ragab and The Cairo Jazz Band Present Egyptian Jazz - Ramadan In Space Time


Les fusions de jazz et de musiques du moyen-orient ont donné des pièces de belle tenue dans les années 50-60 : les disques d'Ahmed Abdul-Malik, de Mohammed El-Bakkar ; les échappées modales de Yusef Lateef ; les interprétations de John Berberian, Gus Vali, Sonny Lester, qui avait revu et corrigé la belly dance pour les oreilles et la libido du mâle américain. Soit de jolies musiques d'effeuillage, mêlant instruments et mélodies d'origine arabe aux thèmes d'un jazz à dominante cuivrée, très illustratif des temps forts du strip et destiné à mener par paliers la gent masculine vers l'apoplexie.
Avec ce disque de Salah Ragab on a tout d'un coup l'impression de tenir le chaînon manquant entre les exotiqueries orientales filtrées pour le goût des américains et une session de jazz filtrée par le goût des égyptiens, qui en connaissent un rayon. Le Cairo Jazz Band s'avance en section : cinq saxophones, quatre trompettes, quatre trombones, piano, basse, batterie et percussions - du pipi de chat pour Salah Ragab, commandant en chef de la musique militaire de l’Egypte à Heliopolis. Et voilà que ce beau monde se découvre d'inouïs métissages entre le faste instrumental des grands orchestres de swing (Neveen, Mervat) et les sinuosités ancestrales du ney et du piccolo (Egypt strut, Kleopatra) ; entre les choeurs masculins typiques des traditions populaires égyptiennes (Ramadan in space time) et les influences des congas à la manière de Mongo. Un superbe collier de perles de jazz et d'orient !

Ramadan In Space Time (en écoute et chargement via le lien seulement, n'est pas dans le rip : http://www.box.net/shared/njybtnzcos).

A2. Dawn
A3. Neveen
B1. Egypt Strut
B2. Oriental Mood
B3. Kleopatra
B4. Mervat

Salah Ragab formed the first jazz big band in Egypt {The Cairo Jazz Band} in 1968, he was also the leader of the Military Music Departments in Heliopolis, some of the best musicians in Egypt of that time were members of the band such as {Zaki Osman, Trumpet} - {Saied Salama, Tenor Sax} - {Khamis El -Kholy, Piano} - {Ala Mostafa, Piano}. On this recording The Band consists of five Saxophones, four Trumpets, four Trombones, Piano, Bass, Drums and Percussion.

The opening concert of The Cairo Jazz Band was in Ewart Memorial Hall at The American University 23/02/1968, There were many other concerts in various prestigious places such as the Old Opera House, The University of Alexandria and appearances on Egyptian T,V Jazz Club Weekly. Salah Ragab accompanied the great band leader and composer Sun Ra on a Tour in Egypt, Greece, France and Spain in 1984. He also studied jazz theories and improvisation with the Jazz musician and composer from Kansas City -USA, Osman Kareem, with whom he formed the first Jazz Quintet in Cairo in 1963 recording with the Radio Service of Cairo. He gave a series of educational lectures about Jazz History at the German Culture "Goethe Institute", plus writing the only jazz book in Arabic "Jazz Music The Roots and Future".

These recordings present Salah Ragab and The Cairo Jazz Band's definitive work, recorded in Heliopolis Egypt between 1968 and 1973. Western Jazz musicians have been fascinated with the world of Islam for many years, for religious - spiritual, musical and sociological reasons. It was therefore inevitable that musicians of the Arabian North African area would play a part in the interaction of these two Musical Cultures. The compositions correspond to the cross over of musical styles at the time of the recording, 5000 miles away across the Mediterranean and Atlantic in New York with releases on Moodsville by Yusef Lateef and RCA by Ahmud Abdul-Malik.

23.11.07

L'île nue - Kaneto Shindo


Un cinéphile raffiné signale à l'amateur de curiosités et d'ambiances planantes que je suis ce film japonais méconnu, à la B.O. merveilleuse, me dit-il, joyau d'ambient néoclassique, répétitive, colorée par les sons de la nature et de la vie des protagonistes. L’île nue, réalisé par Kaneto Shindô, est sorti le 23 novembre 1960, et primé au festival du film de Moscou en 1961. Tableau contemplatif sur le labeur paysan, ce long métrage en noir & blanc se présente comme une véritable curiosité cinématographique. En effet, le parti pris du réalisateur est de développer une histoire sans dialogues. Entre documentaire et fiction, L'île nue s'inscrit à la lisière du cinéma muet et d'une sorte de néoréalisme à la japonaise, captation du labeur quotidien d'une famille de paysans vivant dans une île sans eau, obligés chaque jour d'aller sur une autre île pour s'approvisionner. Comment fait-on un film avec une si maigre trame ? C'est tout l'art de Shindo qui s'exprime ici, dans une photographie aux contrastes superbes, de longs plans séquences hypnotiques, exaltant la tension et la durée vécue. Il choisit de se concentrer sur la beauté plastique de l'image, le cadrage et le montage au détriment d’un scénario minimaliste. Palliant l’absence de dialogues, le bruissement du vent dans les feuilles, le son des baguettes renforcent l’approche naturaliste du réalisateur.
A cela s’ajoute l’une des clés de la réussite du film, la partition musicale de Hikaru Hayashi, jeune compositeur à l’époque et qui composa pour la première fois une mélodie originale, travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur. Faisant écho au cycle du labeur des paysans, le thème principal - véritable leitmotiv -, est utilisé de façons différentes tout au long du film, à partir de subtiles variations exprimant tour à tour tout le prisme des émotions humaines.
"Mais ce qui surprend le plus dans L’île nue, c’est la répétition des images et la longueur des plans. Le port des seaux d’eau à la palanche évoqué précédemment, le maniement de la godille pour faire avancer le bateau, l’arrosage de la terre sont autant de gestes filmés dans de longues séquences avec une patience hypnotisante. ...
Là encore on aurait pu craindre de s’ennuyer devant de telles images. Mais les visions de Shindo associées au thème musical – lui aussi récurrent – de Hikaru Hayashi enveloppent le spectateur dans une bulle de beauté et de contemplation. Regarder L’île nue, c’est comme observer l’apparition d’un arc-en-ciel ou le coucher du soleil … Ici, il y a un amour de la photographie qui rappelle Soy Cuba (1964) de Kalatozov. D’ailleurs le premier plan de chacun des deux films est quasiment identique et d’une beauté comparable (un long travelling aérien sur le décor où va se dérouler le drame)."Georges Kaplan
Nota : dans l'extrait ci-dessous la musique n'apparaît qu'à la fin.



As a “cinematic poem” The Naked Island is a beautiful looking film, so beautiful in fact that it almost seems impossible that Shindo managed to capture the kinds of things that he did. His composition is astounding; showing off a busy foreground, while in the back we have the visual delights of the outer island and yonder. Little things like butterflies playing as if they know the camera is watching them, or fish desperately trying to escape from their line add so much more realism to an almost dreamy-like place. Continuity and editing are the vital components, so effortlessly delivered to perfection that you just have to applaud it; you can imagine that a single shot, like the fishing scene for example could have taken hours to set up, before Shindo had the young boys run over to tend to their catch - it’s that perfectly timed it’s almost like watching a painstaking documentary. In many ways it is; it’s about surviving in the aftermath of atrocity, making do with what you have and appreciating the values of life.

19.11.07

Georges Picard - Le bar de l'insomnie

"Trois personnages, deux hommes, une femme, se retrouvent somnambuliquement, soir après soir, dans un bar. Soustraits à la routine immémoriale du rythme biologique, ils ne dorment plus. Ils sont passés du côté des fantômes, traversant les nuits sur le qui-vive et les jours au jugé. Charlie, le barman manipulateur, Erda, la maîtresse paradoxale d’un amant qui dort toujours, et le narrateur, errant pendant la journée dans Paris sous le coup d’une confusion mentale qui lui fait perdre jusqu’à son identité, forment, selon son expression, une sorte de « triade mythologique ».
L’Insomnie est ici la matrice d’un récit ironique où le narrateur partage une amitié muette avec un Vampire, des coups avec des passants et des propos désabusés avec ses compagnons de bar, dans l’attente d’une révélation sur le sens de cette veille perpétuelle." Résumé extrait du site de José Corti.

On a tout à gagner à la lecture d'un récit de Georges Picard, tout d'abord parce que cet auteur contemporain qui semble affectionner plus volontiers l'autobiographie, l'essai philosophique, nous fait rarement le plaisir d'un roman. Et très étrange en plus, ce roman, animé par les figures du songe et du fantastique, en littérature (le passage du grimoire) comme au grand écran (la séance de cinéma, Nosferatu).
Le postulat du récit est assez simple, et le narrateur l'expose dès les premières pages : l'insomnie modifie la perception du monde, crée “…une sorte d’irritabilité doublée d’une lucidité seconde grâce à laquelle je déchiffre rapidement des significations habituellement cachées aux gens qui dorment bien”. Voici notre héros dans un état second, où il devient le double de lui-même : “Tout concourait à me prouver que j’étais assis entre deux identités, position des plus inconfortables dont la moindre des conséquences est de vous empêcher de dormir. Je prononcai le mot : dédoublement”.
Mais cet état second n'est pas venu comme ça. Picard joue avec le souffle et le vent, car il y a des des bourrasques et des râles qui ne sont pas anodins dans cette histoire : un Nosferatu essoufflé, un barman à la voix asphyxiée. On étouffe en plus d'être insomniaque :
“Je respirai à fond, mais à chaque inspiration, je sentais comme une chute intérieure. On aurait dit que mes organes tombaient dans la cage thoracique.” Qu'on se souvienne du Ruah hébreu (le souffle de vie), du Pneuma des grecs ; à ce stade le narrateur est passé dans un autre monde, celui des ombres, du rêve et des morts, là où le Ruah n'a plus cours.
“Depuis le début de mes insomnies, j’étais extrêmement sensible au climat. plus encore que la pluie ou le soleil, c’était le vent qui me semblait de première importance, comme si son orientation et sa force influençaient l’état atmosphérique de mes pensées. Je me souvins de ce vent chaud, tout à fait inhabituel, qui s’était mis à souffler devant le cinéma (…) Nul doute que le vent était un acteur à part entière dans la théatralisation de mon insomnie”.
Je vous laisse découvrir les tribulations du narrateur - ses commentaires ironiques, ses remarques au vitriol - dans un monde privé d'air symbolique et vu dans un état de conscience modifié : juste notre monde, une société de moutons soi-disant éveillés.


Le Bar de l'insomnie, Georges Picard, José Corti, 224 pages.

15.11.07

MAGNUM - Fully Loaded



Un magnum comme symbole de pouvoir ou de survie dans le ghetto des seventies ? Ça fait froid dans le dos. En tout état de cause, l'écoute de l'album rassure et enchante, même. On est à mille lieues d'un hard funk de bourrins que pourrait laisser croire cette pochette fatiguée, qu'on va décider de prendre au 3ème degré. Fully Loaded est une perle sortie en 1974 sur le label Phoenix et dont le LP vaut aujourd'hui son pesant de balles en or. 7 titres alternant ballades funk rehaussées de cuivres et de raffinements à la Philly Sound, notamment le second (Your mind) qui démarre dans une tonalité soul, culmine en vocalises dignes des BeeGees (non je rigole), et pulse ensuite un groove absolument contagieux. On citera aussi Evolution, autre killer track, sans jeu de mots, pièce séminale de Philly soul ; ou encore It's the music, ornementé par la guitare de Kevin Thornton. Que du bon ! Les frères Green, Michael (à l'orgue Fender Rhodes et aux percussions) et Harold (à la basse) mènent la barque avec un sens du rythme qui donne à chaque morceau envie de se déhancher, comme sur un bon vieux Funk Inc. ou Mandrill, de la même période.

This is the one of the best funk album in demand the most for the funk recods collectors world wide. Not only because of it's rarety but their unique style of the East Coast Jazz funk quality that could be compitaible with the Early days of the Kool & the Gang ( 1969-1975) who is considered as a symbol of # 1 East coat funk band. The Mannum band has ever released only this album and even they never had a commercial success after 25years later, people start to recognize them as a hidden jewel in the moods of the 70's funk trend comming back. Their tight bass with the Horn session plus the sophisticated grooves will bring the laid- back funk relief feel to you not like you're on the dance floor. Amazon customer

11.11.07

Painting a fresco with Giotto*1 - Fernando Brizio


Pour tous ceux qui comme moi ont en horreur les taches d'encre et de feutre qui irradient en étoile sur une nappe ou du fond des poches pour vous bousiller une veste, voici une ingénieuse leçon de transformation d'horreur en beauté, ou plus précisément d'accident en intention.
Sur le principe de la technique de la fresque, dite "a fresco", Fernando Brizio profite de la porosité de la faïence pour l'imbiber des couleurs de ces dizaines de feutres. Admirable work in progress, maculée conception, absolument aléatoire, où la couleur doit se diffuser de plus en plus lentement. Peut-être jusqu'à ce que la coupe soit entièrement recouverte ; car lorsque tout est tache...il n'y a plus de tache.

10.11.07

Pram - The Moving Frontier


Etincelant, le dernier album de cette formation de Birmingham qui avait enchanté nos oreilles dans les années 90 avec leur étrange joyau d'exotica mélancolique (Sargasso Sea), leur escapade du côté de chez Guy Maddin (North Pole Radio Station), et qui semblait s'être désagrégée silencieusement, n'étonnant personne, tant leur musique était déjà comme un don des dieux, fragile, fugace et inespéré. Equilibre instable de pianos jouets, xylophones lunaires, vibraphones, syncopes, Theremin intersidéraux, orgues Wurlitzer ; imaginez Dick Hyman et Mary Mayo remixant Tipsy sous amphétamines - ça donne Pram, ces chansonnettes lancinantes envoûtées par la voix de Rosie Cuckston. Les écouter, c'est s'immerger dans un stéréogramme acoustique, à la recherche des images troubles qui se dessinent entre les lignes mélodiques, les échos et les bricolages électroacoustiques (merveilleux Metaluna - que n'aurait pas renié une Bebe Barron).
Revoici leur univers musical intact, avec toujours le même son en demi-tons, en modalités orientalisantes. Toujours cette atmosphère unsane, ces instrumentaux dignes de scores de série Z(arbi). Mais Pram a indéniablement gagné en maturité. Ce qui change ? des cuivres plus marqués, des arrangements plus aboutis, une dimension brass band en avant (Blind Tiger, Beluga), des boucles modales écharpées de violons easy (Marianna Deep). The Moving Frontier est superbe de bout en bout, ou quand le bricolage se transmue en orfèvrerie. Ecoutez donc Pram, faîtes un saut dans l'inconnu !

Fifteen years and counting, Birmingham jazz-electronica experimentalists strike again For the casual listener, Pram’s uncomfortable chord progressions, and Cuckston’s unsettling voice may present some real challenges – this would be perfect chillout music – except that it’s morbidity would probably lead to a very bad comedown.There’s little question that this is the work of troubled genius. As happens so often, one finds oneself questioning when is the right time to play this album. But find it and persevere. You’ll be glad you did.Fusing ethereal other worldly electronica with the fundaments of jazz, Rosie Cuckston’s tiny but powerful voice is backed by syncopated rhythms, random bleeps, Theremins and lush, minimalist keyboards, creating landscapes of sound – a gateway to a unique world.Sounds that could have a home at The Big Chill or The Barbican, and blurring the lines between classical and pop, “The Moving Frontier” is nothing short of spectacular, a myriad of contradictions that both engage and alienate.
Pram are one of those bands that sit on the fringes of the industry, a name embedded in the hearts of many, producing the kind of music that you have to allow to envelop you – worthy of your time and your effort, but confounding to the casual listener.
Text above and rip access thanks to Bolachas Gratis

7.11.07

URPO & TURPO - Marjut Rimminen


Une découvreuse poste un commentaire émerveillé sur Ladislas Starevitch (ça fait plaisir) et du coup ça me renvoie à un petit chef-d'oeuvre en couleurs, sorti en 98, du chapeau d'une magicienne de l'animation - là encore - bricolée au ras des objets domestiques, j'ai nommé Marjut Rimminen. Urpo & Turpo (c'est le nom du film et des héros), sont deux oursons en peluche qui vivent sur une étagère de la bibliothèque familiale de la maison d'un petit garçon, une petite fille et leurs parents. A peine les adultes ont le dos tourné que ces peluches expertes en espiègleries muettes se mettent à faire vivre jouets, robots ; à animer des théâtres de pacotille, à patiner sur de la pâte à gâteau. Ces 6 courts-métrages d'animation projetés à la télévision finlandaise ont été réunis dans une cassette VHS.
L'Ile au trésor et le gâteau aux épices - Au pays de Robin de bois - Turpo prend son bain - Urpo et Turpo contre l'affreux robot - Urpo et Turpo font du théâtre - Le Petit chaperon rouge.

Pourquoi est-ce qu'on tombe vite sous le charme des joyeuses aventures de Urpo et Turpo ? C'est que la fin des années 90 est l'époque où les Disney, Pixar et autres gros studios commencent à disposer de bonnes avancées technologiques pour balancer de l'artillerie lourde en animation numérique pourléchée au pixel près, genre Toy Story I et II (95 et 99). Déjà à l'époque, Urpo & Turpo, c'était un bain de fantaisie analogique un peu rétro, comme le Manège enchanté, Nounours, disons... en moins bêtasse et plus poétique. Et pourtant je ne crois pas que cette merveille ait été rééditée en DVD. Précipitez-vous sur Ebay. Vous pourrez acquérir la vidéo pour trois fois rien et faire le bonheur de vos chères têtes blondes (conseillé jusqu'à 6 ans puis à partir de l'âge adulte).

Auteur : Marjut Rimminen, d'après Hannele Huovi
Production : Lumifilm Ltd (Finlande)
Productrices : Hanna Hemila, Liisa Helminen
Producteurs associés : YLE 1, FST, SVT, DR, avec le soutien de SES, AVEK, Script Fund, NTVF, ministère de l'éducation

PRIX ET RECOMPENSES
Grand prix de l'État finlandais pour les oeuvres de haute qualité - 1996
Eléphant de bronze, festival international de films pour enfants d'Inde - 1997