25.12.06

B.M.I. created by STOPPIN








Voici une série de collages bluffants, découverts encore dans la mine de créations qu'est FlickR ! La thématique de Stoppin est d'une incroyable répétitivité et pourtant ces monstrueuses araignées aux bras féminins n'ont-elles pas quelque chose de fascinant ? A les regarder de près on s'aperçoit que les assemblages ne sont pas du tout aléatoires. Les membres et mains sont combinés de manière à créer un mouvement : ici des embrassades dans le vide mimant des maillons qui s'éloignent dans la perspective, là un déploiement floral, ikebana du serial killer japonais ?. La lumière non plus n'est pas neutre, regardez comme elle joue subtilement sur les peaux pour créer dans ces contrastes des réminiscences picturales. En s'attardant sur la beauté de ces membres aux gestuelles sophistiquées, on s'aperçoit que ce qui transparaît dans les modulations de nacré, d'élancé et de galbé, c'est tout le code plastique de la chair exaltée par la publicité. En définitive, quoi de plus engloutissant qu'un kaléidoscope pour signifier ce vertige de la chair, multipliée et reconfigurée à l'infini ?

"These are all collage pieces. I am attracted to flesh in its various skin tones and natural gracefulness. I am attracted to limbs for there lines and together their feeling of sculptural wieght. They seem to still have surviving life in them and grow and unfold out of themselves to form new life.

I love the word synesthesia, it is used to describe a condition were the brain confuses the senses. You can see sound and hear colors. I want that to be apparent in my art work in some way. I guess in this way to feel color. But its up to you.

I am not a collage artist and this is all a bit new for me. Hopefully it will see its way into my paintings. But for now they are this way and that's cool...... just this way."
Stoppin

24.12.06

Pucho & his Latin Soul Brothers - Rip a Dip


Le trio de base du combo réuni autour de ce disque est le même que dans les années 60-70, c'est-à-dire Pucho aux timbales et les frères Pazant aux cuivres, sauf que les musiciens sont devenus - comme on peut le voir sur la pochette - en partie de sympathiques papys latinos. Sous leur air rigolard ces vieux sont passés maîtres dans l'alliage de latin jazz et de soul qu'on appelait à l'époque le boogaloo. D'autres influences encore ont donné une tonalité accessible et catchy à cette musique qui symbolise un peu le melting pot des cultures musicales afro-caribéennes à New-York. Ce syncrétisme (mêlé d'un goût pour des interprétations de standards populaires) n'a pas toujours été bien vu dans certains milieux plus stricts du jazz : on peut imaginer qu'aux yeux des épigones, le fait de rejouer Sex Machine, ou Hot Barbecue classait assez vite le père Pucho dans les orchestres de bal afro-chicano. Si bien que Pucho reste absent des ouvrages érudits dédiés au latin jazz ; et c'est bien dommage. Avec les années 70-80, le boogaloo de Pucho sort des modes musicales. Le jovial timbalero continue son gros bonhomme de chemin et réapparaît en 1995 avec cette fournée de grooves à l'éclat intact, mais aussi avec une plus grande reconnaissance des crate diggers de latin jazz.

In the 1960s, no one combined more or less equal elements of jazz, Latin music, soul, and funk as well as Henry "Pucho" Brown (b. Nov. 1, 1938). A somewhat forgotten figure until quite recently, Pucho never achieved the wide recognition of some other Latin-jazz performers exploring similar territory, such as Mongo Santamaria, Willie Bobo, and Cal Tjader. The timbales player and bandleader also may have been too eclectic, and too open to outside influences, to achieve much recognition within the jazz community.

When his brand of Latin-soul-jazz fusion started to fall from commercial grace in the early '70s, Pucho disbanded the Latin Soul Brothers. For the next 20 years, he made his livelihood by performing conventional Latin music in the Catskill Mountain resorts of New York State. In the early '90s, however, Pucho's back catalog began to generate interest in Britain, where he was a hit with the acid-jazz crowd, and where several albums were reissued by the Ace label. Happily, he made a return to Latin-soul-jazz-funk with this 1995 comeback effort, Rip a Dip , which found his skills intact.

19.12.06

Orbe - Livres d'artistes

Vous cherchez pour Noël un beau livre, un cadeau rare pour vous ou l'un de vos proches, amateur de belle création graphique, loin des tirages à 10 000 exemplaires ; un livre qui renoue avec le format carré, la sérigraphie et ses couleurs franches, pures, mais à qui ne répugne pas non plus les images trafiquées, les effets numériques, la récupération de vieilles quadrichromies... Eh bien découvrez la collection de livres d'artistes Orbe, qui propose pas moins d'une vingtaine de numéros tirés à 250 exemplaires, où sont convoqués différents plasticien(ne)s - en mix ou en solo. Quelques numéros sont accomapagnés de CD ou de DVD vidéo.
PS : Martian Shaker ne tire aucun profit de cette page publicitaire.

Collectif Orbe + King Q4 • Remix

Collectif Orbe + King Q4 • Remix

Collectif Orbe + King Q4 • Remix

Un extrait de leur site :
"Historique
ORBE : Revue d'images sur papier créée en 1996 par deux plasticiens : Guillaume Goutal et Frédéric Urto, dans le but de provoquer des rencontres entre artistes en utilisant un espace libre et facilement diffusable par courrier (abonnements), internet, et points de vente spécialisés (librairies, centres d'art, galeries)

Une revue d'images expérimentale
Tirant avantage de son support, ce livre d'artiste forme un espace sensible, il se compose de gravures, sérigraphies, matériaux composites, son (cd audio), vidéo (dvd).
C'est la variété des formes et le choix des projets mis en place qui en font une structure singulière, un instrument de promotion et de diffusion d'oeuvres contemporaines.
Des artistes différents sont invités à chaque parution pour réaliser un numéro qui prend forme, évolue au fil des rendez-vous de travail. Seul paramètre permanent : le format carré.
Il s'agit d'un travail collectif, où la façon de concevoir, fabriquer, produire, montrer l'oeuvre est décidée par les auteurs, sans intermédiaires. La fabrication et la diffusion sont gérés par l'association."

Marion Bataille • Orbe en inde

Marion Bataille • Orbe en inde

Marion Bataille • Orbe en inde

14.12.06

Art psychédélique




Deux affiches respectivement de Victor Moscoso et Wes Wilson, fers de lance de l'art psychédélique, illustrant les concerts du rock éponyme (Jefferson Airplane), à San Francisco entre 1966 et 1969, pour les deux principales salles de la ville : le Fillmore West et l'Avalon Ballroom. C'est l'ère de la beat generation, vibrant à l'unisson des voyages shamaniques de Carlos Castaneda (testant les effets du peyote : L'herbe du diable et la petite fumée) et des expériences lysergiques du professeur Timothy Leary.
J'ai retenu ces deux affiches parce qu'elles portent au point culminant cette science de l'Op Art, de la couleur flashy, des contrastes improbables, créant des troubles de la vision et accompagnant à merveille les troubles de la conscience recherchés par l'usage de drogues et autres substances psychotropes. Fruit d'un bricolage entre dessin, peinture, collages, solarisations et autres effets de chromie analogique qui avaient 40 ans d'avance sur les filtres numériques de Photoshop.

Leading proponents of the Psychedelic Art movement were San Francisco poster artists such as: Rick Griffin, Victor Moscoso, Stanley Mouse & Alton Kelley, and Wes Wilson. Their Psychedelic Rock concert posters were inspired by Art Nouveau, Victoriana, Dada, and Pop Art. Richly saturated colors in glaring contrast, elaborately ornate lettering, strongly symmetrical composition, collage elements, and bizarre iconography are all hallmarks of the San Francisco psychedelic poster art style. The style flourished from about 1966 - 1972. Their work was immediately influential to album cover art, and indeed all of the aforementioned artists also created album covers.

Psychedelic light-shows were a new art-form developed for rock concerts. Using oil and dye in an emulsion that was set between large convex lenses upon overhead projectors the lightshow artists created bubbling liquid visuals that pulsed in rhythm to the music. This was mixed with slideshows and film loops to create an improvisational motion picture art form to give visual representation to the improvisational jams of the rock bands and create a completely "trippy" atmosphere for the audience. The Brotherhood of Light were responsible for many of the light-shows in San Francisco psychedelic rock concerts.

10.12.06

Les McCann - Invitation to openness


Les notes de pochette de cet album citent en premier lieu - au titre des influences - le courant cosmique qui traverse le jazz des années 70, et notamment les oeuvres de Pharoah Sanders, Sun Ra, ou encore Lonnie Liston Smith. J'avoue pour ma part trouver plus de similtudes avec Bitches Brew, le jalon que Miles Davis pose en 1969. Car Invitation suit la piste instinctive de Miles qui va se frotter à la pulsation sexuelle du funk et aux polyphonies de la rue. Souvenons-nous que le mot funk est un mot argotique noir-américain décrivant l'odeur dégagée par les corps au cours de l'acte sexuel : entre odeur de sexe... et Brassage de putes (Bitches Brew), on est plus dans la sensualité sauvage et dans la séduction du macadam que dans la méditation astrale. McCann raconte sans détour que le début lancinant et oriental du long morceau "The lovers" lui évoquait le Bolero et donc des préliminaires sexuels : "C'est une histoire de baise, mais comme on ne peut pas l'appeler "Fucking" appelons-la "The lovers." explique-t-il. Le spirituel et le sacré sont comme le profane et le charnel pour Les McCann ; c'est ce qui me plaît dans ce disque profond, organique, et qui ne se la pète pas de références ésotériques. Ramenons donc Invitation to openness à l'état d'esprit sensualiste qui présidait à cette session toutes lumières éteintes : une impro jazz funk, fusionnelle, dont les 3 morceaux de l'album atteignent au total plus d'une heure. En extrait dans ce billet le fameux "The lovers" (26'), qui débute en douceur sous les tapotements lunaires de piano électrique de McCann, quelques bribes de harpe de Corky Hale par-ci, William "Buck" Clarke parsème par-là des touches de percussions de sassafras. On est encore dans quelque chose qui peut ressembler à Astral travelling ou à Journey in Satchidananda. 4 minutes sont déjà passées, les frémissements des percussions et de la guitare s'amplifient. Bernard Purdie imprime un tempo plus soutenu à ses cymbales ; et puis le rythme s'installe au moment où le hautbois de Yusef Lateef déploie son arabesque sinueuse ... Je vous laisse écouter la suite.

Personnel: Les McCann- piano, electric piano, Moog synth; Corky Hale- harp; Yusef Lateef- flute, oboe, sax, percussion; David Spinozza, Cornell Dupree- guitars; Jimmy Rowser, Bill Salter- bass; Buck Clarke, William Clarke, Donald Dean, Alphonze Mouzon, Bernard Purdie- percussion, drums

Over 25 albums deep into his recording catalogue, “Invitation” stands as McCann’s magnum opus, highlighted by the jaw-droppingly brilliant, 26-minute, side-long jam, “The Lovers”, filled with lots of breaks, grooves, and time changes - and played by a hip ensemble that includes Yusef Lateef, Cornell Dupree, Bernard Purdie, and Alphonze Mouzon. A baker’s dozen dream team (including five drummers/percussionists, two electric guitarists and a harpist) gathered in Atlantic Records studios in Manhattan one day back in 1971 to breath life into McCann’s dream. Comparing the final result to “The Bolero,” McCann originally wanted to call it “Phucking,” but settled for the label’s compromise. Like a first-rate film director guiding his actors through improvisational scenes and whose presence is invisible to the viewer, McCann told producer Joel Dorn to “get these guys in the room, kill the light, then I come in and start playing and we’ll see what happens.” Bassist Jimmy Rowser said, “there was no prewritten music, no tunes, no rehearsals. We just showed up and started playing.”Wild electric work from Les -- and a real break from his work of the 60s! Side one of the album features a 26 minute fusion jam called "The Lovers".

6.12.06

Lucy McRae - Skin Probe & Frisson

La recherche en textile et habillement futuriste - chez Philips design - donne un sérieux coup de vieux aux robes en plaques métalliques de Paco Rabanne ; notamment avec les créations de Lucy McRae, dont le travail s'enrichit des apports de stylistes, ingénieurs en textile, modélistes électroniques.
Selon elle, la technologie devra être plus qu'intelligente : elle devrait être sensitive, c'est-à-dire capable de livrer des feedbacks psycho-sensoriels (via des messages subliminaux) et des stimuli indirects tels que le toucher ou la sensation. Aussi voit-elle la peau comme une merveilleuse enveloppe sensorielle : un réseau électronique, une barrière protectrice, un régulateur de température, dont la technologie peut exploiter et mettre en lumière les interactions avec l'environnement.
D'où ces justaucorps de vers luisants, textiles scintillants, fées clochettes illuminées de mille feux, surfaces sensitives et changeantes selon les influences ambiantes : une pure merveille vestimentaire qui n'a pas besoin de stromboscope pour chatoyer dans l'ombre du dancefloor !





Lucy McRae is a "Body Architect." Her work explores the intertwining of fashion, architecture and the human body. She's currently focusing on the body's reaction to and interaction with its environment at Philips Design in Eindhoven.

Her research is part of a programme that works 15 years ahead and identifies trends before they hit the mainstream.

Her latest project, SKIN Probe investigates the human skin, and how body products should be designed – be they garments, electronics or furniture. She developed it with a team made of people coming from different disciplines: a fashion designer, a textile engineer, a garment technologist, etc.

She listed a few phenomenons relevant to her research:
- Textile automation (clothing tailored just for you while you wait; DNA in your shoes);
- Health/Wellness (the need to relax for a society that passed from 5 working days per week to 7 thanks to glorious gadgets such as the Blackberry);
- Information overload (techno clutter still in search of the magical charger);
- miniaturizing and sensing;
- etc.

In her view, technology should be much more than just intelligent: it should be sensitive, thus able to give psycho-sensorial feedbacks (a subliminal message) and indirect response (touch and feel). She sees skin as a wonderful sensor: it's an electronic network, a protection barrier, a temperature regulator, etc.

McRae also mentionned a EU project she's currently working on. It's called Stella and deals with stretcheable electronics, the advent of nano-scale sensors and how a combination of these two could allow our senses to become some kind of jewelry or a tattoo....

4.12.06

That was then…1996

Souvenez-vous de 1996, c’était l’apogée de l’ecstasy, les raves se multipliaient en France, la techno commençait à faire parler d’elle, le rock était déclaré moribond et les Inrockuptibles songeaient déjà à lancer leur première compil’ techno (ou si ce n’était pas le cas, ils auraient dû y penser) ! Fatboy Slim et sa clique Big Beat du label Skint nous bousculaient les oreilles, rendant l’Acid Jazz from London un peu décati, même si Giles Peterson commençait tout juste à distiller sur Radio Nova ses trouvailles Nu-Jazz. Jamiroquai, avec son titre ‘Cosmic Girl’ et le LP ‘Travelling without Moving’ sortait un album étrangement similaire au précédent, et comme à tous ceux qui allaient suivre, d’ailleurs…Saint Germain se faisait connaître avec l’album 'Boulevard', préfigurant le raz-de-marée de la lounge music et l’album ‘Tourist’ en 2000, et puis la salsa (re)pointait le bout de son nez…

Parmi toute cette agitation, un OVNI musical nous est arrivé de Tokyo, ‘3rd Perspective’ de U.F.O. – les ‘United Future Organisation’.
Cet opus inclassable, délivré par l’un des groupes les plus originaux de la décennie, nous emmène, par un subtil mélange de Rock, de Variét’, de Blues et de Jazz, dans une odyssée à travers les sons de l’Occident et de l’Orient, émaillée de références piochées dans les films de science-fiction, d’aventure, de Kung-Fu et autres James Bond, espionnage à tous les étages… Racontant une histoire pour les oreilles, il distille une ambiance de fusion avant l’heure des Cultures du Monde. D’une légèreté salutaire, cet album réalise le mariage réussi de chansons à texte et d’une musique jazzy et rythmée, dansante, dans un style rappelant certains courants de la chanson française (Arthur H – qui y chante en solo d’ailleurs, ou Brigitte Fontaine…), et qui sait rester très loin d’un quelconque pseudo intellectualisme. ‘L’amour, tout l’après-midi ? Oui, et toute la nuit !’ (Spy’s spice - Mon Espionne).
Un album, qui, s’il a magnifiquement surfé sur les tendances en son temps, n’a pas pris une ride depuis, et vous ouvre l’esprit plus sûrement qu’une conférence sur ‘Mythes et réalités de l’Orient oublié…’. A découvrir ou à redécouvrir de toute urgence.

Remember 1996 in France, when ecstasy was arriving with rave parties, when dance music was at its climax with the discovery of techno, and rock music would shortly be declared obsolete. Fatboy Slim and its Big Beat clique from record label ‘Skint’ were changing our way of listening to music, when Acid Jazz started to faint, in spite of the uprising of a new London DJ on Radio Nova in Paris, Giles Peterson. Jamiroquai was releasing Travelling Without Moving, very similar to its previous album, and in fact to the next 3 ones as well…’Boulevard’, by Saint Germain, was announcing the explosion of lounge music, and salsa music was about to come into fave again after years of disappearance…
Among all this noise, U.F.O. delivered a strange and very interesting LP, ‘3rd Perspective’, a mix of Rock, Pop, Blues & Jazz, inviting the audience to an odyssey amidst Eastern and Western sounds. Light & jazzy, this album tells a story with music and sounds, through melodies that invite you to dance or dream; its eclectic, fusion-like sound is mixed with inspiring words and short extracts that evoke the atmosphere of Sci-Fi, Kung Fu or James Bond films. Never patronising, it does not pretend to be intellectual, but opens your mind more surely than a lecture about ‘Foreign Civilisations, Myths and Reality’… To be (re)-discovered urgently.


Extracts from '3rd Perspective'

2. The Planet Plan
4. Spy’s spice (Mon espionne)
7. Picaresque

2.12.06

Dario Moreno - Tropical Dario


Si Dario Moreno, chanteur cosmopolyglotte d'origine mexico-turque, amuseur ès kitscheries et chansons orientales, n'est pas au goût de tout le monde, il a pleinement sa place - avec " Tropical Dario" - dans Martian Shaker, entre Juan Garcia Esquivel et Jean Constantin. En tombant sur ce vinyle, je balançais entre la perspective d'entendre des standards sud-américains aux accents de darla-dirla-dada et le sentiment qu'il fallait choisir dare-dare, là, une très bonne cuvée exotique : la signature du label (Fontana) étant généralement gage de qualité (voir notre notule sur Nana Mouskouri in New-York). Bonne surprise avec Tropical Dario, puisque la plupart des titres sont parsemés d'orgue rétrolicious, de percussions latines, sur des arrangements de cuivres dignes de Chico O'Farrill. Moreno interprète plusieurs de ces titres en un espagnol qu'il tourne à sa manière, un peu lyrique, un peu crooner, un peu mariachi. On appréciera notamment Amor, Amor, amor, Bahia, ou Quizas.

Borborygmes

Sous-titré "Le trimestriel le plus petit du monde", ce fanzine - en effet de poche - a de quoi réveiller votre goût pour la poésie, les textes libres et illustrés de belle manière. Borborygmes présente à l'abord une sobriété de composition et une qualité d'impression qui lui donnent une certaine élégance (le fanzine du XXIème siècle prend des lettres de noblesse). Effets graphiques mêlant détourages, ombrés, lettrines, viennent animer le parcours de lecture. On en sort charmé par la qualité de certains coups de crayon, interpelé par par la fraîcheur ou la noirceur des textes. Borborygmes est ouvert à vos contributions littéraires, illustratives, le N°4 est sorti récemment. En cliquant sur le titre supra vous trouverez la liste des points de vente. Une excellente initiative associative à suivre et à encourager.

Voici en extrait deux pièces qui m'ont particulièrement plu dans le n°2 :
- le début du texte d' Alexandre Kaufmann, Lisa en tête, qui se détache à mes yeux par une plus grande maturité stylistique
- le détail d'une huile sur toile d'Alexis Denuy, Singe # 1.


30.11.06

Nubby Twiglet - Collages


| View Show | Create Your Own

Nubby Twiglet est une artiste délicieuse ; photographe glamour, collageuse rétro et arty, je dirais que sa marque de fabrique est tout entière contenue dans un sens aigu du jeu entre les rayures, les pois, les carreaux. Voici quelques unes de ses pièces qui rappellent l'esthétique des années 60, avec ses motifs contrastés de noir & blanc, ses effets op'art, ses couleurs vives et quelque chose aussi d'une époque encore antérieure, comme un Raoul Hausman mais en plus sensuel ou alors les symboles de la mode et de la sensualité féminine traités à la façon des affiches de propagande !

23.11.06

Johnny Frigo - Collected works


De formation classique, Johnny Frigo débuta en jouant du violon et du tuba, puis s'adapta avec brio à la basse à cordes (ce dernier instrument supplantant très souvent le tuba dans les sections rythmiques des années 40) si bien qu'il devient une pointure de la stringed bass dans les milieux du jazz à Chicago, jusque dans les années 70. On redécouvre aujourd'hui avec " Collected Works " une face peu connue de ses talents, liée à la danse. A la fin des années 60, la femme de Johnny Frigo pratique la danse jazz auprès du chorégraphe Gus Giordano. Ce dernier est à cette époque frustré par la piètre qualité des disques du moment dédiés aux techniques de danse et par le fait de ne pouvoir disposer en live du substrat musical dont il a besoin : un jazz funky, très percussif, dans un accompagnement vivant et interactif avec ses danseurs. Aussi crée-t-il son label (Orion) et demande-t-il à Johnny Frigo de concocter des pièces sur mesure pour ses étudiants et de les faire jouer en direct. Le principe : batterie et percussions - principalement des bongos - maintiennent une structure rythmique puissante et souple, les mouvements des danseurs guidant les échappées solistes du saxophone, de l'orgue et de la basse. Quelques disques sont ainsi gravés, mêlant des standards - Walk from Regio's (I. Hayes), Eye of the needle (L. Schifrin), Them changes (G. Miles) - et des créations en duo avec Giordano lui-même ; tous ré-arrangés pour faire la part belle à des échappées instrumentales mimant les figures libres et solos des danseurs. The happening comme Apollo, deux des titres les plus réussis, glissent sur des clapotis de bongos, construisant un groove pépère et pourtant ravageur. Le premier s'ouvre sur une suite de courts solos : de fines touches d'orgues, un piano élégant sautillant dans les aigus (Dick Marx), un saxophone ample et sensuel (Mike Simpson). Le tour est joué : 3 mn de pur plaisir. Apollo distille d'entrée une coloration plus funk, avec basse à cordes et bongos qui marquent un tempo implacable sur lequel l'orgue brode un dialogue subtil avec le jeu varié et accrocheur des percussions, l'ensemble évoquant un Reuben Wilson latinisé. L'excellence musicale du couple Giordano/Frigo est tout entière condensée dans ces arrangements léchés, cette clarté des échanges instrumentaux, qui leur permet de déployer une sonorité extrêmement lisible, attractive et sans surcharge. Il suffit d'écouter Do whatever sets you free pour s'en convaincre. Une attaque imagée : claquements de mains et cris, on imagine les danseurs entraînés par les percussions dans une revisitation de danse ethnique ; mais le titre intrigue et séduit par sa capacité à se couler dans un funk tonique qui occulte rapidement la composante primitive. Si chacun des morceaux est un petit bijou chatoyant, ciselé par les percussions, c'est aussi que cette compilation écrème 14 titres extraits d'albums différents, afin de restituer le meilleur de la palette musicale abordée durant ces cours de danse. " Collected Works " est à ranger dans la grande famille des trésors vintage de latin funk et de soul jazz, aux côtés des Invaders, El Chicano, Chakachas, Mickey & the Soul Generation, pour ne citer qu'eux, mais dont il faudra aussi bientôt vous toucher deux mots.

4 titres en partage, donc, pour apprécier ce monstre des cours de danse :
- Gazebo
- The happening
- Do whatever sets you free
- Apollo

Frigo composed and recorded albums from the late 1960s through to the early 1970s for Giordano and his Chicago-based Orion record label. Giordano set up the label to provide music for dance classes. The music was required to be heavy on percussion and rhythm, so Frigo filled Giordano's classrooms with a mad mix of rock, jazz, Latin, and funk to move to. If only school was always that good!

Back then records were used to provide musical background- so there are original Orion albums floating around collectors and second-hand vinyl stores- but naturally they are extremely hard to find. Fortunately the Luv N' Haight core vinyl-collecting crew were able to unearth the whole Orion collection with the help of Joe Bryl (or Chicago's Funky Buddha club) and Gus Giordano's son Mark. Once the catalog was completely tracked down the Ubiquity crew, along with DJ Egon (chief rare groovester at Stones Throw Records) and Cool Chris (purveyor of rare vinyl sounds at San Francisco's Groove Merchant Record Store) boiled down the albums to a list of their favorite tunes.
"Collected Works" features the hip cool-jazz sound of "Gazebo", the raw-funk cover of "Scorpio", and more than your fair share of drums, odd sounds, percussive excursions and a couple of rare groove monsters all just waiting to be sampled.


Personnel: John Frigo (violin, bass); Mike Simpson (tenor saxophone, flute); Cy Touff (bass trumpet); Vic Val (tenor saxophone); Dick Marx (piano); Herb Elllis (guitar); Ray Brown (bass); Phil Faieta, Norm Jeffries (drums).

21.11.06

Welcome Nikita !

Saluons l'arrivée de Nikita, qui oriente les notules de Martian Shaker avec d'autres idées et une autre curiosité sur des démarches atypiques et intéressantes.

Aspen – documentaire de Frederick Wiseman ( 146’, 1991)

Le réalisateur américain Wiseman décrit ici la vie de cette station de ski du Colorado durant l’hiver, en s’attachant à montrer les moments de loisirs de la classe aisée américaine et les moments de travail des habitants du coin.
De courts tableaux offrent le spectacle de skieurs en pleine action ou profitant du soleil, d’un pisteur appelé à intervenir sur un accident, de pompiers fêtant un départ à la retraite, de ce jeune couple qui se marie dans une montgolfière, de ces esthéticiennes massant, polissant, vernissant les mains de leurs clientes à manteaux de fourrure, ou de ces mêmes clientes occupées à profiter des soldes sur les santiags et les blousons chez ‘Boogie’s Diner’.


Si le choix des sujets reflète le regard du réalisateur, la diversité des situations et l’absence de tout commentaire permettent au spectateur de se faire sa propre idée.
Plutôt que de réaliser des interviews, le documentariste pose sa caméra au détour d’une piste ou dans un dîner, et nous donne à voir, tout simplement, la femme enchaînant quelques virages malhabiles, les vacanciers dansant en plein air au rythme des congas ou le chirurgien expliquant pourquoi la chirurgie esthétique est si appréciée des patients maintenant, photos ‘avant-après’ à l’appui.
A l’aise dans tous les milieux, on voit des adultes prendre un cours de peinture auprès d’un prof goguenard, au milieu d’une villa où trône la série des ‘Mao’ de Warhol, puis l’on descend au fond de la mine, accompagner des mineurs pendant qu’ils extraient le charbon et le déversent non loin des skieurs…

Enfin, au-delà de ces incursions dans les cercles ‘aspéniens’, Frederick Wiseman nous dresse le portrait d’une certaine Amérique, puritaine et en quête de sens, qui semble trouver dans la spiritualité et la religion le salut de tous ses maux, qu’on voie un petit groupe pratiquant la méditation, un groupe de vacanciers bronzés discutant de ‘la nécessité du divorce, est-ce un péché ?’, ou enfin une assemblée de tous âges écoutant le discours du prédicateur à l’église du coin.
Pour les Parisiens tentés de profiter de ce regard unique sur la société américaine, rétrospective Frederick Wiseman au Centre Georges Pompidou jusqu’au 26 novembre 2006, et à la Cinémathèque française jusqu’au 2 décembre.


With Aspen (1991), documentary filmmaker Frederick Wiseman shows the daily life in the community of Aspen, a skiing paradise in the middle of Colorado.
With short scenes on the daily activities of both holidaymakers and workers, we are following these people, whether they are skiing, taking the sun or working.
Instead of interviewing people, Wiseman chooses to place his camera on the border of slopes, and shows us the woman sliding with difficulties or the people dancing at the rhythm of congas.
The next scene will be during a dinner where a surgeon explains why plastic surgery is so beneficial to patients, with numerous ‘before and after’ pictures. Or it will be us following minors while they extract coal and pour it along the slopes, or perhaps firemen celebrating the retirement of one of them, or the rat rack while it prepares slopes at night for the day after.
Using these scenes to show American society today, Wiseman demonstrates also the role of religion in this country, whether we see a group of sun-tanned people discussing the necessity of divorce, and if it’s a sin or not, or when we discover numerous people, all ages, attending a predicament in the local Church.
For those who would have the opportunity to see it, there’s a Wiseman festival in Paris, at la Cinémathèque Française (until 2d Dec. 06) and at Centre Georges Pompidou (until 26th Nov).

20.11.06

Kenzo Saeki - Madfrench Japanese


Né à Chiba au Japon ce jeune chanteur-producteur-compositeur commence sa carrière à la fin des années 80 au sein du groupe « Halmens » et contribue à deux albums aujourd’hui cultes ! L’année suivante, il compose pour Maki Nomya (des légendaires Pizzicato Five, soit le plus grand groupe japonais souvent comparé à Telephone dans un autre style musical). Par ailleurs, il est l’instigateur de nombreux festivals et surtout le principal organisateur d’évènements autour d’artistes français comme Serge Gainsbourg…
Toujours à l’avant-garde musicale, liant sa passion pour la chanson française et un sens inné des arrangements, Kenzo réunit finalement ses nouvelles versions de superbes titres de Nino Ferrer, Serge Gainsbourg au sein de cet album étonnant (dont quelques extraits comme « Le poinçonneur des lilas » figurent déjà sur des compilations lounge très hip comme « Villa Mogador »).

Tokyo's Kenzo Saeki started his antics in the forbidden zone with The Halmens back in 1980 when the New Wave Era started. Working with such notables as Maki Nomiya (Pizzicato Five), Ryuichi Sakamoto on the Neo Geo album (YMO), Pearl Bros, and Kubota, Saeki chan has covered a lot of musical ground. He is fond of Nino Ferrer and Serge Gainsbourg'music. Let's enjoy his weird renditions of these french swinging standards.

18.11.06

Michel Legrand - Continent Perdu B.O.



Continent Perdu, un score oublié qui nous ramène à l'univers des traditions insulaires, agricoles, musicales et religieuses de l'Indonésie du milieu du XXème siècle, avec ce film-documentaire qui obtint le prix spécial du Jury au festival de Cannes en 1955. Continent perdu (Continente perduto) est une réalisation italienne de Leonardo Bonzi, Mario Craveri, Enrico Gras et Giorgo Moser. La musique, d'Angelo Francesco Lavagnino, dirigée par Michel Legrand, crée une douce ambiance exotique, peut-être moins accrocheuse que les jungleries de Martin Denny mais avec un esprit plus intimiste, une instrumentation moins exubérante. Centré sur des cordes toutes classiques, le style mêle des voix lyriques à quelques influences ethniques ; l'ensemble est parfaitement réussi ; un peu comparable au délicieux Bora bora de Piero Piccioni.


Three directors collaborated on the Italian documentary Continente Perduto. The "lost continent" of the title is Asia, specifically Indonesia, here lovingly photographed in Ferraniacolor by Mario Craveri, Giannni Rafaldi and Franco Bernetti. Highlights include a Cantonese wedding aboard a floating junk, the annual wheat and rice harvest, the animal-sacrifice rites at the rim of a volcano, a ceremonial chariot race, and a bevy of Balinese dancers. Though there's no story to speak of, the film has the rhythm and pace of a "continuity" picture. Continente Perduto was the winner of a Special Jury Prize at the Cannes Film Festival.

17.11.06

Art Brut #4 - Damian Michaels




Les dessins de Damian Michaels sont actuellement exposés à la Halle Saint-Pierre à Paris, dans le cadre de l'exposition "Australian Outsiders", qui présente au public français une sélection de pièces provenant d'artistes contemporains, inscrits eux-aussi dans ce courant dit d'art brut, qu'on appelle "raw art" ou 'outsider art", dans le monde anglo-saxon ; où l'éligibilité des oeuvres et notamment des artistes au titre de ce courant ne suit pas strictement l'ensemble drastique de critères imposés il y a plus de 50 ans par Jean Dubuffet. Ce qui est le cas de Damian Michaels, relativement bien inséré dans un milieu artistique et créatif, loin de la "folie" d'une Aloise ou d'un Adolf Wolfli. Damian Michaels réside à Melbourne, en Australie, où il partage son temps entre sa vie professionnelle, ses activités d'agent artistique, de créateur, d'animateur et éditeur d'un magazine consacré à l'art visionnaire (Art Visionnary). Il n'en est pas moins porteur d'une expérience mystique qui a bouleversé sa vie et d'une approche obsessionnelle du dessin.

Damian Michaels est né en 1969 à Petersburg (Etats-Unis) où il connaît une enfance nomade rythmée par les déménagements dans les différents états du pays causés par la profession de son père, concepteur de logiciels pour des avions militaires. Dans les années 1970, sa famille s'installe enfin dans la baie de San Francisco. En 1977, il est marqué par la mort de sa cousine et par une expérience troublante où il lui semble être transporté hors de son corps et où un flash lui révèle ce que sera sa vie future.

À l'âge de 18 ans, il exerce différents métiers (agent de sécurité, magasinier, employé de bureau) pour s'assumer financièrement. C'est à cette époque qu'il commence à dessiner de manière obsessionnelle et automatique. Il émigre définitivement en Australie en 1994 où il se marie. Il expose ses œuvres pour la première fois en 1993, grâce aux encouragements de son ami, artiste lui aussi, Robert Schick. L'univers qu'il dessine, principalement la nuit, est visionnaire, symbolique et religieux. Cette ferveur mystique est servie par différentes techniques : encre de Chine, peinture, crayon, stylo, avec une étonnante précision du trait et beaucoup d'attention portée aux détails. Ces images, qu'il dit recevoir des forces occultes dont il se fait l'interprète, nous emportent dans un monde où se côtoient le visible et l'invisible et nous confrontent aux forces cachées qui nous régissent.

Son esthétique emprunte la vivacité des couleurs, les formes ondulantes, le jeu hallucinatoire et les coulures des dessins psychédéliques illustrant les affiches de concerts du Fillmore à San Francisco (notamment mes préférés Victor Moscoso et Wes Wilson). Mais cet envahissement de ramifications pareilles aux branches d'une terrifiante forêt lovecraftienne, ces visages comme couverts de motifs shamaniques, aborigènes en partance pour l'ère du rêve ? Quelle merveille ! !

10.11.06

Joey Altruda - Cocktails for Joey


Si la pochette présente un érotisme un peu mièvre et un nom d'une créativité égale à 0 elle n'en cache pas moins un opus de lounge & jazz de très bonne tenue. Si, si, Joey Altruda reprend le flambeau des Mancini, Schifrin, Jobim, Esquivel et Denny pour la veine exotica de "Tropical espionage" pleine de cris d'oiseaux et de percussions des îles - : arrangements luxuriants, cuivres élégants, mambo pur jus. Car il faut savoir que cet album constitue en fait un hommage aux musiques des années 50, sorti en 1995, et préfigurant le revival pour l'easy listening. Revival où le devant de la scène a été occupé par des groupes tels que Combustible Edison ou Pizzicato 5. Ce disque, peut-être justement à cause de sa pochette médiocre (je ne parle même pas du verso !), est passé à la trappe. Il était temps donc de redonner un coup de projecteur à cette pièce, la meilleure d'Altruda du reste, qui ravira les néo-loungers.


This 1995 entry in the lounge revival is a real sleeper. While Combustible Edison and others generated more national attention, Altruda put together a recording that relies less on retro-kitsch and more on sophisticated arrangements and fine playing. Henry Mancini is an obvious touch-point for this effort, with the maestro's "The Brother's Go To Mothers" (originally featured as incidental music in 1959's Peter Gunn television series) providing a superb organ-led workout. Altruda's own "A Martini for Mancini," is a worthy bossa-nova homage to the master, featuring lively vibes, flute and Hammond B-3, accompanied by a swanky, swirling horn arrangement.

Altruda's originals feature elements of several '50s masters in addition to Mancini. The latin sounds of Perez Prado, and the inventive arrangements of Juan Garcia Esquivel are obvious influences, as are the soundtracks of Ennio Morricone and Nino Rota, and the exotica sounds of Martin Denny and Arthur Lyman. The opener, "Tropical Espionage" blends the bird calls of Denny with a sophisticated horn chart and a bird-like flute lead. "Remembering Jobim" features the Stan Getz-inspired saxophone of Doug Webb and a melody mindful of Antonio Carlos Jobim's classics.

The oft-covered "April in Portugal" (nearly a standard of loungecore, with covers by Esquivel, The Three Suns, Enoch Light, Les Baxter, Perez Prado, Ray Anthony, Bert Kaempfert, and many, many more) adds a bit of rock 'n' roll to the bossa nova beat, while "Mambo Bardot" drops the tempo for a slow, mysterious dance befitting it's original setting in the film "And God Created Woman." Cy Coleman's theme for Hugh Hefner's "Playboy After Dark" television program features the superbly cool piano stylings of Red Young and fine sax from Doug Webb and Plas Johnson. Finally, Jackie Gleason's "Melancholy Serenade," best known as the theme for "The Honeymooners" is re-imagined as a cha-cha.

4.11.06

Art Brut #3 - Aloise

Etrange destin que celui d'Aloïse Corbaz, qui aperçoit l'empereur Guillaume II, en 1913, au chateau de Postdam où elle était gouvernante. Elle adresse aussitôt des lettres d'amour enfievrées à l'empereur, lettres qui la condamnent à une hospitalisation à vie.
Elle devient repasseuse, à l'asile de La rosière, en Suisse, et se réfigue dans un monde onirique et hallucinatoire, dessinant sur ce qu'elle a sous la main, papiers d'emballage, de café, ces visions sensuelles de déesses de fertilité, grâcieuses, offertes à la cour des rois, ces femmes nourricières, tout en poitrines, courbes fécondes et tailles de guêpe, ventres cachant des êtres minuscules, chevelures de laine bouillonnante, et ces yeux étranges, lacs de cobalt ou lunettes d'eau ?






Cette vitalité de formes et de couleurs, l'épanouissement sensuel des corps dessinés par Aloïse, a fait dire à Jean Dubuffet "La seule manifestation vraiment resplendissante, dans la peinture, de la pulsation proprement féminine."

Bachelors from Prague - The essentials

Ce combo, originaire d'Adélaïde en Australie, a beaucoup tourné dans son pays natal, très peu en Europe et aux US. D'où son passage relativement inaperçu, et c'est à un bon conseil d'un vendeur de la FNAC que je dois la découverte de cet album, compilation de titres extraits de 2 disques, Energetic Cool (87) et Birth of the fool (89). "The Essentials" mêle l'énergie punk-rock des années 80 au jazz vocal mélodieux du crooner Henry Maas. Un vrai bonheur, qui se réécoute sans rides plus de 15 ans après.



Personnel :
Russell Cooke (drums), George Friml (bass), Henry Maas (vocals), Andrew Philipp (saxophones), Jeff Raglus (trumpet), Tommy Roberts (guitar), Justin Stanford (percussion), Bruce Haymes (Keyboards.

Track listing : rip from 1 to 10
1 Golden Arm
2 Tightrope
3 Killin' Time
4 Go
5 Walking the Streets
6 The Irvin Rockman Affair
7 Outsider
8 Creature of Habit
9 It's a Lie
10 Trouble
11 Get Smart
12 Great
13 Citizen Cane Toad

Neverending


J'aimerais signaler la sortie du premier numéro de Neverending (éditions Jhon), un nouveau magazine bilingue français / anglais, consacré à l'art, la création sous différentes formes et l'édition.



La profession de foi de l'édito - ci-dessus - va bien avec l'esprit de Martian shaker, on s'en doute. Mais au-delà, j'ai été très agréablement surpris par la bonne tenue des contenus, l'équilibre entre rédactionnels et visuels, et j'ai fait des découvertes d'artistes et de créations jubilatoires.

Sommaire
— Portfolio
— Les contes muets de Mïrka Lugosi
— Hout Auto de Joost Conijn
— Kriki, le punk de la peinture
— Matt Rota, mondes en ruine...

— Collector
— Rencontre avec Annie et Didier Grandsart
— Interview avec Guillaume DG, Intime collection

— Observer
— L’image mise à jour par Sylvie Boulanger

— Editor to Editor
— Interview avec Éditions Chez Higgins
— Interview avec Angelo Cinîmele
— Interview avec This is a magazine

— Fiction
— L’enlèvement par Raphaël Neal,
— Simon de la Porte, Jean-Marc Rabemila
— L’éponge par Nicolas de la Porte
— Roman photo par Nicolas Nakamoto,
— Éric Camus, Stéphane Argillet (France Fiction)

— Portrait
— Pierre Bourgeade : Entre Sade et sexe...
— Franck et Olivier Turpin, Body double

— Cinéma
— Pierre Charles, Fanéditeur par Christophe Bier

— L’oreille
— Satanicpornocultshop par Franck Stofer et Luc Meier
— Crépuscule girls par David le Simple
— Mapping par Olivier Sallerin

— Fan de
— Michael Franks par Nabi Lim

— Respiration
— Archiflex par Laurent La Torpille



Qu'on en juge, la revue attaque par un portrait de Mïrka Lugosi rédigé par Gilles Berquet (photographe talentueux de l'esthétique SM et bondage) et accompagné de reproductions de ses dessins sexuellement étranges, à la fois naïfs et surréalistes.


Create Your Own!

Je m'émerveille ensuite de découvrir les tribulations d'un artiste néerlandais, Joost Conijn, qui décide de fabriquer une véritable voiture en bois, de la monter sur roues, de l'alimenter par un poêle à bois et partir sur les routes de campagne avec un permis de conduire dessiné à la main lorsqu'il était enfant : "Grâce au poêle arrondi à l'arrière de la voiture, la poésie pratique et poétique de la "voiture-bois" s'affirma comme un symbole. Afin de l'alimenter en carburant, le conducteur devait s'arrêter régulièrement, retirer des bûchettes du tas empilé dans la remorque et les jeter dans le poêle incandescent. (...) Le conducteur ramassait du bois mort le long de la route et le fendait en brindilles à l'aide de sa hache. Le trajet naturel d'une telle voiture-bois n'emprunte pas les autoroutes rapides de l'Europe de l'ouest, mais les chemins de traverse boisés et en grande partie sauvages, de l'Europe centrale et de l'Europe de l'est. Des régions où les gens vivent encore à un rythme lent, en accord avec la nature environnante".


Create Your Own!

Après Pierre & Gilles, Gilbert & Georges, voici les jumeaux Franck et Olivier Turpin (l'un est peintre l'autre sculpteur), qui se retrouvent sur le terrain de la photo et de la vidéo où ils se mettent en scène et nourrissent l'art de leurs ressemblances de leurs différences. Intrigant.


Et puis c'est au tour de Pierre Charles, collectionneur de fanzines, presse parallèle, revues spécialisées, dédiées au fantastique, à l'insolite et au bizarre, notamment du cinéma parallèle ; lui-même rédacteur, maquettiste et créateur depuis 1978 de son incroyable Ciné Zinze Zone.


— Directeur de la publication : Bori Son
— Éditeur : éditions Jhon, Paris
— Année : 2006
— Périodicité : Trimestriel
— Format : 21 x 28 cm
— Pages : 138
— Illustrations : Couleurs et noir et blanc
— Langues : Français et anglais
— Prix : 15 €