30.1.07

Han Hoogerbrugge - Modern Living / Neurotica


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On ne se lasse pas de découvrir les auto-portraits du hollandais Han Hoogerbrugge, dont le look et la brosse blonde me rappellent un autre trublion à l'humour fantasque et souvent limite, le belge Benoît Poelvoorde. Voici donc une sélection réjouissante de saynètes de l'illustrateur et graphiste multmédia hollandais : la poésie du surréalisme y frise l'absurde, le dessin lui-même est marqué par la BD, cite la BD (DD day) et le traité de ses auto-portraits repiqués sous flash donne des expressions saisissantes ; chaque nouvelle vignette est une trouvaille à la fois acide et rafraîchissante.
En complément un extrait de la rubrique Wikipédia : "(...) Il découvre vite qu'Internet n'était pas le meilleur médium pour publier des images statiques, et choisit de se tourner vers l'animation : en novembre 1998, la série Neurotica voit le jour. Il s'agit de nombreuses petites animations dans lesquelles Hoogerbrugge tient le rôle principal et se met en scène dans un univers très irréel empruntant sa logique au rêve. Les dix huit premières animations seront au format gif : il s'agit de simples images tournant en boucles, très limitées. La même année, Hoogerbrugge découvre le logiciel Flash, qui lui permet d'introduire un dialogue interactif avec le visiteur et du son dans ses réalisations. Il l'adopte aussitôt, et change radicalement ses méthodes de travail. En 2001, il poste le dernier exemplaire de la série Neurotica, le numéro 100." A voir sur son site : Fascinant !

His Internet adventure started at the end of the nineties when he downloaded a GIF-animation program from the net. He dropped some images into the program and, voila, Modern Living was born. Han Hoogerbrugge has come a long way since those first GIF loops. His pioneering interactive web-animations have been eye-openers to a lot of artists and designers who set out to explore the possibilities of the web for their own work. One of the main characters in the Modern Living/Neurotica and Nails series is Hoogerbrugge himself – or rather a warped, twitching and confused reflection of himself. He presents his existentialist vision of life in the turbulent (Western) world laced with offbeat humor and rich irony. Nothing is what is seems in Hoogerbrugge’s universe. But in a strange and contradictory way, that is something of a reassurance..

28.1.07

Filip Andreevitch Maliavine - Paysanne (1903)


J'ai un regret au sujet de l'exposition sur L'art russe, présentée au Musée d'Orsay à Paris fin 2005, et que j'ai ratée (vous me voyez venir), c'est de n'avoir pu contempler en grandeur nature (1m 15 sur 2m 06 de hauteur) ce tableau saisissant de Filip A. Maliavine. Un magazine dédié à l'art ne s'y est pas trompé, faisant figurer cette toile en 1ère de couverture de son numéro consacré à l'événement, - et par quoi j'ai été capturé dès le premier regard, arraché au temps et transporté par magie dans la tourmente rougeoyante de cette scène paysanne du début du XXème siècle.
Dans le catalogue du musée, le bonhomme Maliavine est peu évoqué par les exégètes, la bio est succinte et on peut lire p.45 trois lignes qui le caractérisent sans aménité : "...Filip A. Maliavine, célèbre pour sa Rafale (1905, Moscou, Galerie Tretiakov) et ses portraits de "filles" insolemment voyants et tape-à-l'oeil"; suit la citation de ce tableau. On peut constater le peu d'intérêt du curateur pour la pièce en question : la fille étant plus précisément une "paysanne" ; et l'insolence du "voyant" et du "tape-à-l'oeil" apparaît comme un jugement de valeur négatif puisqu'on peut aussi y voir un signe de belle santé esthétique. On l'aura compris, chez Martian Shaker, "tape-à-l'oeil", tape-à-l'âme, sans conteste, c'est là que gît la beauté.
Chez le Maliavine de cette époque, peintre ambulant qu'il était - à la recherche des scènes populaires et symboliques du folklore russe - comme on peut le voir dans le tableau "Paysanne dansant" (ci-dessous), le fond et le sujet s'entremêlent dans une osmose toute baroque. Soit le baroque tel que le définit le théoricien d'art Heinrich Wôlfflin c'est-à-dire privilégiant l'enchaînement des masses, l'indivisibilité des composantes de la scène et l'instantanéité de la saisie visuelle. Mais un baroque slave, sur fond rouge, une des couleurs traditionnelles, exalté ici dans la vue en contre-plongée qui magnifie la femme ; un baroque fusionnel où les motifs de pavots de sa grande robe de style tsigane se fondent de façon imprécise dans le paysage rouge et noir. Revenons aux tsiganes : en 1861, le servage est aboli en Russie, tous les Tsiganes sont libres - et la femme du tableau dessous, à peau mate et boucle d'oreille semble aussi de type tsigane. Mais notre toile est autrement plus poignante : le ciel flamboyant est celui d'un orage qui s'annonce, la révolution de 1905 est peut-être déjà dans l'air. Alors comment interpréter le geste qui participe à l'étrangeté saisissante de ce tableau ? Une main sur la tête, l'autre sur la bouche, est-elle horrifiée par une vision ? non : les yeux ne sont pas écarquillés. Cela ressemblerait plus à un geste familier, rituel ; est-elle en train d'esquisser un pas de danse, elle aussi, ou entamer une de ces vieilles et merveilleuses chansons russes dont les tziganes ont le secret ?


Maliavin was born in 1869 in Kazanka (Samara province, today's Orenburg) and he died in 1940 in Nice. From 1885 to 1891 he was painting icons in the monastery of Saint Pantelejmon on Mount Athos, from 1892 to 1899 he studied painting with Ilija E. Repin at the academy in Saint Petersburg. The portraits of his fellow students Igor Grabar, Elisaveta Martinovna and Konstantin Andreievich Somov date from this time. In 1895 Pavel Tretjakov bought his paintings Peasant Girl Knitting and A Girl with a Book for his gallery. Maliavin depicted motifs from Russian peasant life, peasant girls and old women. In 1900 he went to France. He lived in Paris where he exhibited Laughter at the World Exhibition and won the gold medal (the painting was bought by the Museo d'Arte Moderna in Venice in 1901).

27.1.07

Vi Velasco - Cantando Bossa nova


Voici une dame discrète de la chanson brésilienne dont je n'ai pas encore vu le disque chez Loronix ; alors je poste, à tout hasard, pour les amateurs de brasilian jazz ses versions de standards américains des années 50 - tels que Face come Face (Cheek to cheek) d'Irving Berlin ou encore Tenho Ritmo (I got Rythm) de Georges et Ira Gershwin - légèrement bossa novaïsées par la belle Vi Velasco. Dans cet album de 1962, "Vi Velasco" chante en anglais, se fait arranger par Manny Albam et accompagner par le saxophone ténor et swingant de Zoot Sims, ce qui tend à déplacer le curseur de la tonalité d'ensemble vers le jazz plus que vers la bossa nova. Mais sa voix est pur velours !

Here is the album of discreet and beautiful american singer Vi Velasco, I have not yet seen this album in Loronix blog ; so I post for the brazilian jazz lovers these 50's classical jazz renditions, arranged by Manny albam, with the swinging sound of tenor saxophonist Zoot Sims. The disc was cut in 1962. Vi Velasco sings in english, and the whole thing actually looks towards jazz more than bossa nova. Anyway this is another velvet and forgotten voice for you to discover !

25.1.07

Ladislas Starewitch



Le merveilleux macabre n'est pas l'apanage de Tim Burton, qui apprécie grandement - dit-on - Ladislas Starewitch, maître ès marionnettes costumées. Ce dernier s'installe en France dans les années 40 et se dévoue à un cinéma d'animation primitif et déjà sophistiqué, scénarisé dans les décors de poupées de ses filles, pour incarner des histoires cocacsses de son cru ou empruntant à La Fontaine ses fantaisies animalières. Et tout cela plan par plan s'il vous plaît !. Le résultat est prodigieux de poésie et d'humour, de féérie taxidermisée (sa galerie de chats et de véritables rongeurs empaillés) et de bricolage à 4 sous.
Voici un extrait de la très jolie chronique de Michel Roudevitch, parue dans Libération du 28 janvier 1998 :" On redécouvre sporadiquement l'oeuvre de ce Lituanien de nationalité polonaise qui fut tout à la fois scénariste, entomologiste et metteur en scène. (...) Cofondateur du Musée des Sciences naturelles de Kovno, il parvient, dès 1910, à reconstituer en studio, image par image, un combat de coléoptères naturalisés, (Lucanus Cervus, une bande de 15 mètres) qui fit sensation en Europe, des décennies avant que des biologistes, disposant d'une caméra-robot informatisée, n'enregistrent l'affrontement dans la campagne aveyronnaise de semblables scarabéidés pour une séquence non moins fameuse du récent Microcosmos".
3 DVD sont actuellement accessibles, ici notamment , qui donnent à voir les fééries de Starewitch :
- Les Contes de l'horloge magique par Ladislas Starewitch et Jean Rubak
- Le Roman de Renard
- Le Monde Magique par Ladislas Starewitch

Starewicz began making 3-d stop motion animated films (puppet films, as he called them) in 1910 and continued creating them until his death. His films, although emotionally aimed at children, are what we today would deem "strange" because of the often grotesque characters and situations... keep in mind, what was considered "for children" in the early 1900s is much more intense than what is produced for children today!
His puppets include quite realistic, minimally anthropomorphic animals such as frogs and insects (Frogland), bears and rabbits (Nose to the Wind, Winter Carousel), or toys and demonic vegetables (The Mascot, a/k/a Puppet Love, a/k/a The Devil's Ball ).
Most of his fascinating films are under 15 minutes long, and are technically astonishing even by today's standards. Little if any wires are seen in extremely complex scenes mixing such things as dozens of intricate, simultaneously moving puppets with blowing leaves, rhythmically beating lights, rippling water, and rear-projected real people.

Hervé Jézéquiel - Materia Prima in Purpose N°4


Je partage entièrement l'avis de blogCulturel, qui nous fait découvrir avec Purpose, une revue photographique en ligne, ouverte en double page comme si vous l'aviez entre les mains, les très beaux clichés naturalistes de Hervé Jézéquiel sous le thème Materia Prima. Jézéquiel arpente des terres rocheuses, nues, lunaires, des îles à l'horizon du rêve, et des coins entre terre, mer, glaces, bouillonnements tectoniques dignes de geysers islandais, cairns, de près ou de loin, et toujours d'une époustouflante beauté.

24.1.07

Reposting 2 / Repostage 2

Retrouvez de nouveau un extrait du LP de Bun Hunga & his combo (aka Golden Music Orchestra) et la face B de la Bande Originale du film Bedazzled - musique de Dudley Moore - répertoriés respectivement dans les catégories Exotica/Lounge et B.O. ci-contre.


I've reposted excerpts from Bun Hunga's Relax album and Dudley Moore's Bedazzled score (B side).
Follow the Exotica/Lounge (for B. Hunga) and the O.S.T. (for D. Moore) category links.

21.1.07

Verrerie Orrefors


(au dessus/up) Helén Krantz, Vase Labyrinth Blue pour Orrefors,


(au dessus/up) Per B. Sundberg, Vases Move pour Orrefors, 1998.


(au dessus/up) Jan Johansson, Vase Albina pour Orrefors, 1998.


Quelques exemples superbes - à mon goût - des créations de designers contemporains pour la célèbre verrerie suédoiose Orrefors, créée en 1898, qui s'est enrichie des innovations d'un maître souffleur Knut Bergkvist, au début des années 20. Ce dernier met au point une nouvelle technique appelée Graal, qui consiste à tailler ou à graver à l'eau-forte du verre blanc, puis à le réchauffer et à le recouvrir d'une autre épaisseur de verre avant de le souffler dans sa forme définitive, ce qu'on peut voir avec le vase Albina. Dans les années 90, la verrerie décide de se concentrer sur la création et ses designers sont plusieurs fois lauréats du nouveau prix du design Utmärkt Svenska Form. Ils créent des pièces très sculpturales et techniquement perfectionnées qui rendent hommage aux traditions artistiques d'Orrefors, tout en explorant de nouvelles techniques pour le verre d'art et les objets de la vie quotidienne.


20.1.07

Francis Coppieters - Piano Viberations


Question vibraphone, il y a là une pièce de qualité qui vaut largement le surévalué Manhattan Latin : "Piano Viberations" est un disque de Francis Coppieters, pianiste belge, cacique de nombreuses sessions de jazz, notamment avec le Big Band de Kurt Edelhagen ; contemporain et compatriote des plus célèbres Fats Sadi (vibraphoniste) et Francy Boland (pianiste), qui s'illustrèrent de leur côté dans le Big Band de Kenny Clarke. Coppieters réalise pour KPM, en 1975, cet album accompagné tout du long d'un beau son de vibraphone et d'un swing tonique qui créent une musique joyeuse et virevoltante. En écoute les meilleurs titres soit les 3/4 de l'album, dont le très joli Bright blue Note, un groove jerk ; Cross Talk, sorte de spy jazz nerveux ; le carnavalesque Samba de Negra, où quand les trépidations frénétiques du jazz croisent le swing racé d'une samba brésilienne.

Les titres remarquables de l'album / Noteworthy tracks in this rip :

The Open Highway
Funky Chimes
Bright blue note
Cross Talk
Piano in Transit
Sales Talk
Kings Road Chelsea
Samba de Negra

Pianist Francis Coppieters recorded as early as 1943 with Roger Rose et son Orchestre de L'Heure Bleue.
In 1952, he can be heard on a Jacques Pelzer recording; in 1953, with Buck Clayton and the orchestra of Mickey Bunner, and also with René Thomas, Bobby Jaspar and Jacques Pelzer. In Germany, bandleader Kurt Edelhagen, who had heard him with Hazy Osterwald, hires him in April 1957 to join the Kurt Edelhagen Big Band, with his friend Jean Warland on bass, Stuff Combe on drums, Jimmy Deuchar on trumpet, saxophonists Derek Humble, Jean-Louis Chautemps, Eddie Busnello, etc...
He becomes one of the composers of the band (besides Francy Boland, Rob Pronk, Heinz Kiessling und Bora Rokovic. etc...). This 1975 LP from premier British Library label KPM is filled with excellent compositions. Ultra-cool, vibes-and-piano-driven jazz and funky jazz all the way.

15.1.07

Luke Rhinehart - L'homme-dé


Brûlot de la pensée libertaire et de la contre-culture américaine des années 70, où comment un psychiatre s'approprie le projet de déprogrammer les habitudes de l'homme, ce roman met en scène l'auteur-protagoniste, sous le pseudo Luke Rhinehart, en psy bourgeois, post-trentenaire, mari heureux et père de famille comblé mais enlisé doucement dans un train-train annonciateur de crise. Jusqu'au jour où il découvre qu'il peut, d'un coup de dés, comme à pile ou face, faire d'autres choix ; sortir de ses habitudes de vie, déterminations personnelles asservies par les différentes instances du moi ; et décider d'être un "autre", l'espace d'un épisode de vie où sort le 6 (je descends séduire la voisine femme de mon collègue psychiatre et que je désire confusément depuis longtemps), ou le 5 (je ne fais rien) ou le 4 (je retourne à la maison auprès de ma femme) ou le 3 (je casse la figure à son mari, que je hais confusément)... le dé tombe, tranche et le héros accomplit sa dé-cision. Luke Rhinehart élabore une théorie, croit avoir trouvé rien moins que le remède à la "rigidité cadavérique" du moi, le sésame ouvrant la porte des personnalités multiples, enfin le souffle de la vie et de l'inconnu, l'effondrement de la prévisibilité et je peux vous dire qu'il donne une furieuse envie de le suivre. S'adonnant à la dé-cision de façon de plus en plus compulsive, il se trouve emporté dans le torrent tumultueux des perturbations relationnelles et comportementales qu'on imagine aisément et dont la narration est un vrai régal. Expériences sexuelles atypiques sous couvert scientifique, comportements loufoques et incompréhensibles à tous ceux qui ignorent le système à la base de ces choix, Rhinehart écrit un livre culte, scintillant, chambre d'écho fictionnelle des courants subversifs de la fin des années soixante, peu au goût du FBI et des institutions américaines. Libération sexuelle, opposition à la guerre du vietnam, c'est aussi l'époque d'une beat generation éprise d'expériences lysergiques et des aventures intérieures de Castaneda avec son nagual Don Juan, qui fait voler en éclat le miroir de l'auto-satisfaction et de l'habitude. "Cette farce anarchiste transforme en effet son lecteur en disciple d'un "Livre du Dé" imaginaire."

Luke Rhinehart, L'homme-dé, Editions de l'Olivier, 1998, 742 pp., accessible ici

"The Dice Man" is a dark comedy, violent and hilarious at the same time; an upbeat precursor to the much grimmer "American Psycho" (1991) by Bret Easton Ellis, and the similarly satirical "The Elementary Particles" (1998) by the French author Michel Houellebecq. With a light touch and in mischievously entertaining fashion, the book plays with the fundamentals of the way we understand ourselves: rationality, identity, reality; in sum, all the ways in which we construct coherence from chance, or something from nothing.

Luke Rhinehart, the author (in fact, the real author's pseudonym) and narrator of the book, is the ultimate unreliable narrator. Luke's actions are largely dictated by chance. He writes down alternative actions and then tosses dice to determine which action to take. The result, he claims, is freedom to live different sides of his personality. As an author, for example, he lets the dice decide what he should write in his fictional autobiography with the title "The Dice Man" and what not; and the dice decide when he should lie and when not. Consequently, he announces on page one that he is the author of "the lovely first-rate pornographic novel, Naked Before the World" only to reveal much later in the book that the dice ordered him not to write about this piece of fiction in "The Dice Man." Too bad, dear reader.
The book works not only as a send-up of the psychoanalytic profession and the counter-culture of the late 1960s, it also succeeds at creating its own twisted reality - as attested by all the readers who felt that their view of the world had been profoundly changed by this novel.
It is ironic that "The Dice Man" has a cult following while the book makes fun of the cult of Dice Living created by the fictional Luke Rhinehart. In a sense the cult following includes the real author himself who produced a couple of sequels to this book.
In sum, "The Dice Man" is recommended for readers who are willing to suspend the sense of their own importance for the sake of enjoying a fictional world, and to tolerate an alien system of morality for the time it takes to read this original and amusing satire.


13.1.07

The Dave Pike Set - Noisy Silence - Gentle Noise



"Noisy Silence - Gentle Noise", édité en 1969 pour MPS, m'apparaît, comparativement à Manhattan Latin, autrement plus achevé. Dave Pike poussait un peu plus loin ses explorations de vibraphone dans une voie jazz funk, avec en accompagnement un énorme jeu de guitare et de sitar assurés par Volker Kriegel. La formation européenne de Dave Pike paie son tribut à la tendance psychédélique de l'époque et le résultat est là : vigoureux, créatif, équilibré, plein d'échappées groovy. Au-delà du cultissime 'Mathar", emblématique de l'indo-jazz, découvrez sa réinterprétation de "Mother people" de Frank Zappa, ou le séminal "Walkin' Down The Highway In A Red Raw Egg".

A1 I'm On My Way (4:37)
A2 Regards From Freddie Horowitz (4:40)
A3 Somewhat, Somewhere, Somehow (4:40)
A4 Noisy Silence - Gentle Noise (5:38)
B1 Mother People (4:21)
B2 Mathar (3:36)
B3 Vian-De (3:21)
B4 Teaming Up (3:45)
B5 Walkin' Down The Highway In A Red Raw Egg (3:28)

"Noisy Silence - Gentle Noise", released in 1969 (MPS 15215), was a further exploration into funky jazz with brilliant guitar work and Indian influences. The Dave Pike Set didn't escape the psychedelic influence of that era and as a result the band covered Frank Zappa's 'Mother People' and the Psychedelic Jazz sound of 'Mathar' was carefully crafted.
Funky vibes, electric sitar, and a madly tripped-out album -- one of the best of the MPS psychedelic jazz sessions from the end of the 60s! Back in the US, Dave Pike was always a pretty straight vibist -- but he's working here with his European combo that included the legendary Volker Kriegel -- who plays both electric guitar and sitar on the record, giving it a really groovy "Eastern" sort of vibe! Drummer Peter Baumeister kicks the bottom of the set mightily -- rolling in a modal groove one minute, picking up a heavier funk approach the next -- and always inspiring the rest of the group to stretch out in the grooviest way possible. Tracks are shortish, but filled with great sonic touches -- and titles include the legendary "Mathar", a well known bit of sitar funk -- plus the tracks "Mother People", "I'm On My Way", "Regards From Freddie Horowitz", and "Walkin' Down The Highway In A Red Raw Egg".

12.1.07

Dave Pike - Manhattan Latin



"Cet enregistrement de 1964 du maître du vibraphone propose le meilleur de deux mondes : de l'improvisation jazz de première catégorie, et des rythmes afro-cubains irrésistibles. Pour le soutenir, des All Stars tels que Chick Corea, Hubert Laws, Attila Zoller et Willie Bobo." Voici entre autre ce qu'on trouve sur le net francophone à propos de ce disque de Dave Pike à l'écoute duquel je reste plus que sceptique. Je l'ai cherché comme le holy grail du latin jazz et la déception a été à la hauteur de la quête. Je me permets donc de poster la critique américaine de All about jazz qui résume parfaitement mon point de vue. A vous de juger, en écoute la face A.

Dave Pike (vibraphone) avec Dave Burns (trompette), Ray Copeland (bugle), Hubert Laws (saxophones piccolo et ténor), Joseph Grimaldi (flûte), Chick Corea, Don Friedman (piano), Attila Zoller (guitare), Israel "Cachao" Lopez, Jack Six (contrebasse), Carlos "Patato" Valdes (conga), Robert Thomas (percussion), Willie Bobo (batterie)

A side

01. Baby (Pike–Pike) 2:46
02. Que Mal es Querer (Rodriguez) 3:15
03. Not a Tear (Stevenson) 3:58
04. Mambo Dinero (Pike) 2:36
05. Montuno Orita (Pike) 3:20
06. Aphrodite (Thomas) 3:13


Back in the sixties there was a vibraphone player who sold lots of records by combining his musical chops with his interest in Latin music and thus became one of the earliest exponents for Latin jazz. However, that man was Cal Tjader, not Dave Pike, and despite similar aspirations, the latter never achieved the recognition of the former.

Part of the problem was that Pike entered the scene once the market was already saturated with Latin-themed releases (as well as album covers with alluring women), but now it's possible to look back on his work with a little more perspective. Manhattan Latin starts and ends with a few tunes that evoke the music of Spanish Harlem and feature the same strong percussion, mariachi riffs, and chirping-bird reeds that grace many other similar releases. Each song also has some hard-hitting soloing from Pike and the brass section, but these tunes are so faithful they become insignificant; whatever may already be in your collection, chances are you have something like it.

However, the last part of the first side and the first part of the second side are quite good once Pike gives his sidemen more to do. Chick Corea contributes a strong tune with “La Playa” that provokes forceful soloing from the group. But in the best unit, which features no horns at all, Dave Freidman and Atilla Zoller (who went on to record some oddball music of their own) fire up some terrific soloing on some more widely textured tunes like “Aphrodite”. In particular with the horn-less ensemble, the group seems to understand that the goal of this type of endeavor should be inspiration, not re-creation. Too bad Pike didn't quite get there.

8.1.07

tetra pak (création : 1951, Lund, Suède)


Le tétrapak, je tombe dessus par hasard et c'est un pan de mes courses d'enfant à la superette qui resurgit (chacun sa madeleine !). Déjà à l'époque ce truc me laissait perplexe (tétrapak - t'es de traviole) ; l'objet en cuisine rendait furieuse ma mère qui tentait d'en déchirer rageusement la pointe, perdant la moitié du contenu, adieu pâte à crêpes !. J'entrevoyais confusément qu'on tenait là une forme alienne, dangereuse, multi-exploitable, et qu'on ne tarderait pas à nous la présenter à l'école en guise de problème de géométrie ou pire, de support créatif pour la fête des mères.
Le Tétrapak n'est pas si loin que ça et déjà vintage. On peut raisonnablement entamer une archéologie des objets de consommation moderne, tant l'oubli et l'innovation permanente recouvrent facilement ces objets anciens. C'est d'ailleurs un peu la démarche de Philippe Delerm et quelques écrivains avec "Petite brocante intime", qui nous rappelle les grandes heures du balai Bissel et autres merveilles de vide-grenier.
Cher Tétrapak, je crois que les distributeurs t'ont depuis belle lurette et crème fleurette mis au rancard des formes improbables que nous ait donné le design industriel. Car il faut savoir que cet objet est une invention de 1951, issue de l'esprit visionnaire de Ruben Rausing, industirel suédois. Avec son associé Akerlund, Rausing "essaie de mettre au point un contenant utilisant un minimum de matériau et parfaitement hygiénique pour conditionner le lait. Les premières études, réalisées en laboratoire par Erik Wallenberg, l'assistant de Rausing, révèlent que pour un carton de lait, la forme optimale est le tétraèdre". Cela m'enchante d'apprendre qu'il y a eu une époque où "le tétraèdre était la forme optimale". Dans les années 60 on était encore dans une logique de production et non de consommation. Il reste un peu de poésie dans cette forme incongrue, avant que le marketing du pot, du bidon et de la brique (Tétrabrik ils sont toujours là !) ne vienne rationnaliser l'espace du linéaire "frais".

in Design Scandinave, Charlotte & Peter Fiell, Taschen, 479 pp.

5.1.07

Michel Magne - Tropical Fantasy



Tropical Fantasy - déjà mis en partage sur plusieurs blogs - n'est pas une nouveauté pour les férus d'exotica américains et connoisseurs internationaux du genre ; par contre il est possible que les amateurs francophones de bizzareries musicales ne connaissent pas ce joyau composé par Michel Magne, à l'écart de ses musiques de film, au début des années 60 à Paris (pochette du dessous).
Ce disque restera malheureusement méconnu de sa discographie, malgré une réédition américaine chez Columbia, (la pochette au dessus, sous-titrée Adventure in exotic sounds and percussion), elle même tombée dans l'oubli avant de devenir cultissime il y a quelques années. Et pour cause ! Il faut croire que Magne a réussi à saisir et dépasser l'essence même de l'exotica. Sa recette : prenez une douzaine de standards populaires, ou latin & jazz (Bahia, Besame mucho, Perfidia, Tabu, Perhaps…), désossez tous les arrangements habituels jusqu'à retrouver la moëlle du motif mélodique ; ralentissez le tempo et rhabillez la mélodie en saupoudrant tous les sons consacrés par le genre : racleurs des îles tropicales, sifflements d'oiseaux, cris de singes et de grenouilles de cabaret à la Martin Denny, chants tribaux made in Barclay et chœurs de fausses déesses à tous les étages. Réarrangez avec vibraphone, carillons, maracas, marimbas, piano, cuivres ; et vous n'y êtes pas encore. Tropical Fantasy lorgne vers les expériences concrètes, avec de grosses pincées de sons incongrus, de voix trafiquées et de manipulations de bandes, à rapprocher des trouvailles géniales de Pierre Fatosme : l'ingénieur du son d'André Popp. Inouï !

Although this is a landmark album among american and international exotica cognoscenti, I would like to popularize it for french lovers of weirdo music.
"Magne cut an album released in the U.S. by Columbia under the title, Tropical Fantasy, that's unlike anything else in space age pop. Any one thing, that is--for it might well be described as the album that Martin Denny and Andre Popp (providing Pierre Fantosme was along for the ride) never made.
Magne stuck to pretty standard material, a mix of jungle exotica and real and fake Latin numbers, and taken by themselves, his arrangements are also pretty standard pop orchestra fare.
What makes Tropical Fantasy fun is the way Magne manages to cram together into one album virtually all there is to love about space age pop music. Sound effects? Got 'em. Musique concrete? Got yer car horns and machine noises here. Tape manipulation? Backwards, forwards, speeded up, and slowed down. Bird calls and jungle shrieks? Well, it's not Augie Colon, but it's a close second. Percussion up the ying-yang? Yup--bongos, maracas, cowbells, marimbas, ratchets, bells, chimes, etc. Oddball instrumentation? Lessee--ocarina, pennywhistles, carillon, tin cans--check. All jammed into one LP recorded on two-track tape. Magnifique, Michel!
"
from Space Age Pop

4.1.07

Paul Morand - La route des Indes


Non pas qu'il s'agisse ici d'un essai vraiment rare (bien que l'édition dont je propose la 1ère de couverture semble épuisée et celle d'Arléa aussi), mais c'est toujours un enchantement de relire les récits (aujourd'hui oubliés) de Paul Morand, romancier assoiffé de voyages, documentariste pétri d'histoire et d'érudition, diplomate équivoque en poste à Berne à la Libération, académicien en 1968.
La "Route des Indes" retrace sous une forme narrative originale, qui emprunte à l'essai, au carnet de voyage et au roman historique, l'épopée de Ferdinand de Lesseps et son canal de Suez, la colonisation européenne dans le moyen-orient des années 40.
Morand brosse un tableau d'une extrême richesse, rappelant les héritages historiques et économiques, les tensions militaires, les intérêts pétroliers des compagnies occidentales, qui amènent à comprendre comment la péninsule arabique est devenue le centre d'enjeux politico-économiques cruciaux et, aujourd'hui, la poudrière du monde.

2.1.07

Repostage / Reposting

Retrouvez de nouveau des extraits des LP de Billy Wooten et d'Emil Richards répertoriés respectivement dans les catégories jazz / funk et latin jazz ci-contre.


I've reposted excerpts from Billy Wooten's The wooden Glass and Emil Richard's Time Element.
Follow the jazz/funk (for B. Wooten) and the latin jazz (for E. Richards) category link.