27.1.08

John Burke & William Baker - Photographies

Près de soixante dix ans avant les tribulations de Vitold de Golish dans des Indes relativement pacifiées, "l'empire des Indes a été un terrain d'action pour les plus grands photographes. John Burke et William Baker furent de ceux-là, témoins, comme l'a été dans le registre de l'écriture Rudyard Kipling, des guerres de conquête britanniques, de la vie coloniale, des découvertes des grands monuments hindous ou moghols, de la diversité humaine enfin de cet immense espace.
Ils ont principalement travaillé entre Cachemire et Afghanistan, englobant ainsi tout le nord de l'Inde - le Pakistan d'aujourd'hui. Une région sans cesse dans la tourmente, fief de féodaux indomptables, la seule que les Anglais n'aient jamais pu véritablement intégrer, malgré leur puissance.
Personne jusqu'ici n'avait rassemblé suffisamment d'éléments pour retracer la carrière de ces deux photographes irlandais et replacer leurs photographies dans l'espace agité des ces marches du Raj. Omar Khan vient d'y consacrer dix ans de recherches, à travers les sources pakistanaises et les archives occidentales. La puissance évocatrice de leur œuvre devient ainsi sujet d'histoire." (Présentation de l'éditeur).


Il y a plusieurs mois, je terminais un post sur Vitold de Golish avec l'évocation de Srinagar, mythique Venise indienne ; en voici deux vues, captées par Baker et Burke, quelques années après Samuel Bourne et à la recherche des mêmes tableaux pittoresques. Au XVIe siècle, l'empereur moghol Akbar et son fils Jahangir sont à l'origine des célèbres jardins de Srinagar, enchâssés dans un réseau de canaux alimentés par les eaux du lac de Dhal.


Je m'interroge sur ce qui fait la magie de ces photographies. D'emblée frappe la remarquable précision du grain de ces tirages sur papier albuminé ; cette multitude de tonalités permettant de se projeter avec facilité dans le lieu de la représentation, de voyager dans le passé, vers ce XIXème siècle qui semble n'avoir existé qu'en sépia. La perfection du cadrage et de la composition, le sens de la perspective, font l'excellence de ces photographes intrépides. Voici un grand platane qui se découpe en une minutieuse dentelle sombre, équilibre à merveille ombre et lumière ; mais que font ces trois personnages plantés au milieu du pont de pierre d'Akbar (sans parapet), qui se reflète à la perfection dans les eaux calmes du canal de Nasim Bagh ?
Deux photos qui ont en commun une pure exaltation du reflet. "Sujet de prédilection pour les photographes, le reflet, dans l'eau immobile d'un canal, des maisons de bois sur pilotis" nous dit le commentaire de la Société de Géographie. Par la magie de l'image dans l'image, Burke et Baker nous font sortir un instant de la caverne de Platon, pour profiter à la fois du reflet et de l'essence même du monde.

25.1.08

Piero Piccioni - Bora Bora (B.O.F./O.ST.)


"Autre pièce de choix, ce bel album de Piero Piccioni emprunte des couleurs et des saveurs inattendues. "Bora Bora", soundtrack méconnu d'un film qui l'est tout autant, n'a rien à envier aux autres merveilles du compositeur italien : l'opus préfigure en effet "Camille 2000" et "Appassionnata", 2 monuments de la lounge music. Avec un titre aussi évocateur, "Bora Bora" régale l'auditeur de 10 titres élégants, un assortiment de miniatures tropicales, fraîches et apaisantes, un "pur premium" exotique emporté par le style "Piccioni", irrésistible et délicat. Bora Bora, la perle du Pacifique, ses plages de sable fin, ses eaux turquoises, son soleil généreux, ses ciels soyeux, ses vahinés lascives : le décor est campé sur 32 minutes dépaysantes. Ici, le maître italien flane sur les terres de Martin Denny ; les instruments de percussion tahitiens acheminent l'auditeur au coeur du lagon, vers l'image que chacun se fait de ce paradis ; la basse ample et pénétrante épouse un rivage de voix étherées, tel un diadème d'écume, puis s'évanouit sous des arpèges de cordes. Des passages dynamiques et porteurs (guitare, basse, batterie) présentent une alternance de beat et d'exotica. Ici, étonnament, Piccioni met l'orgue et le piano de coté ; il ne s'agit pas de restituer les ambiances étranges ou nocturnes si spécifique à l'auteur ; c'est aussi en cela que "Bora Bora" se distingue, et Piccioni n'a, en aucun moment, émoussé sa capacité à nous émouvoir. Loin des thèmes bossa classiques, cette escapade musicale se savoure entre amis ; un must pour les amoureux de musique légère, estivale et vanillée !" Vitalis

Exotica record - Piero Piccioni scored Ugo Liberatore's '68 exotic drama (also an oddball sexcapade) Bora Bora for the European release. Les Baxter rescored the movie when American International Pictures distributed it to U.S. theaters. The original vinyl (released by Cinevox and AIP respectively) is hard to come by, but this is your lucky day. Here's a rip of the OOP Piccioni soundtrack (as reissued by Soundtrack Listeners Communications in '96). Now, all you need is an umbrella in your drink, your toes in warm sand and an island girl or island boy to attend to your every need.

23.1.08

IFAW et WWF - L'animalité disparue

La communication de masse relevant par nature du "médiatique", la publicité n'a en principe rien à faire sur Martian Shaker, si l'on en croit le programme ci-dessus, mais il m'arrive de faire des entorses. Cela dit, il est vrai aussi qu'on est dans un circuit parallèle ; car il s'agit en partie d'une très belle campagne, parue en suisse en 2007 (WWF), dont on n'a pas vu la couleur en France et dont on ne verra pour ainsi dire plus jamais la gueule ou le bec !

Voici donc deux communications pour la protection des animaux sauvages ou en voie de disparition.


Ci dessus, un extrait de l’annonce de l’ONG IFAW (International Fund for Animal Welfare) - je sais, le noir & blanc ne leur rend pas justice mais je n’ai rien trouvé d’autre - dont on peut voir actuellement une déclinaison en affichage métropolitain à Paris.

Ci-dessous la campagne "Give a hand to wildlife" pour le WWF (World Wildlife Fund), réalisée par l'agence de publicité Saatchi & Saatchi Simko de Genève. Conçu par Olivier Girard, Jean-Michael Larsen, Nicolas Poulain et l'artiste Guido Daniele, "Give a hand to wildlife" a reçu le Grand Prix Romand de la création.


Ce qui m’intéresse est le propos en définitive assez similaire tenu par les deux organismes. D’un côté l’animalité sauvage mimée par la main, il n’en reste plus qu’une simulation virtuose (WWF), de l’autre l’animalité sauvage mimée par le mot (IFAW). L’idée créative mise en oeuvre pour la campagne IFAW (postérieure à celle de WWF) emprunte donc un chemin parallèle à celle de la campagne suisse. Ainsi les deux messages visuels ont en commun quelque chose de ludique (ici une sorte de dessin d’enfant mimant grossièrement la chose dans la forme du mot, là une main en ombre chinoise dopée par la couleur et d'un réalisme époustouflant), et en même temps d’inquiétant, car dans les deux cas, le référent a disparu. Il n’en reste plus qu’une représentation, incarnée mais factice (l’image de l’animal), désincarnée et appauvrie (l’iconisation du mot). Tout se passe comme si l’homme n’avait bientôt plus que des pis-aller pour représenter les animaux.




Il convient cependant de reconnaître la supériorité visuelle de la campagne pour le WWF, et la pertinence de son rapport texte/image. Car l’illustration de l’accroche « Give a hand to the wildlife » constitue ici une métaphore au pied de la lettre : l’animalité à portée de main, la main donnée à…, donnée pour la vie animale sauvage. Si l’homme est encore aujourd’hui capable d’atteindre ce point de ressemblance virtuose avec l'animal, c’est que son animalité n’est pas si loin, inscrite dans sa chair, dans l’histoire des masques tribaux et des parures zoomorphes ; c’est que le temps où l’homme trouvait dans l’animal sauvage une puissance mimétique peut encore être notre temps. Cette parure faite « à la main » aurait-elle la fonction d’un rituel de prévention, à la fois moderne et magique : que l’animal sauvage ne disparaisse pas par la main de l’homme ?

These beautiful ads were done by the swiss Saatchi&Saatchi Simko advertising agency for the WWF with an escorting message ”Give a hand to wildlife’. They are works of art of a bodypainter Guido Daniele that imitate a tiger, an elephant, a snake, a zebra, an eagle and a toukan. This concept isn’t completely new but nevertheless the works are amazing. The ads were notminated at Cannes 2007 and ended up on the shortlist.

20.1.08

Geoff Lillemon - Oculart





Si vos synapses sont stimulées par le surréel, les photomontages de Rougemont, Hugnet ou Lefrancq, si vous jubilez à la pensée de la langue de Tristan Tzara rencontrant la sensibilité picturale de Francis Bacon et de Salvador Dali ; si vous voulez vous figurer la mystérieuse région d'Arkham à travers le prisme d'un Lovecraft sous acide, alors rendez-vous à www.oculart.com. C'est une expérience sensorielle totale, synesthésique : musique inquiétante à souhait, images fantastiques et troublantes, superbes couleurs dégradées. Et tout ça en animation bien sûr ! Geoff Lillemon, le créateur du site, mérite une médaille en tant qu'exceptionnel excentrique de la cyber-ville. (Librement adapté d'un texte sur http://www.ciac.ca/magazine/archives/no_17/site.htm). Cliquez sur le titre de cette notule pour accéder à Oculart.

Oculart is a playful and visionary Internet Art piece that transcends the everyday, using Flash in a way that stuns one's expectations and emotional reasoning. One cannot help but get lost and caught up in its seemingly never ending mezmerization. With an accompanying soundtrack reminiscent of Holger Czuckay's 'cannaxis', originally inspired by Stockhausen; slow hybrid, layered soundscapes with distant voices haunting the mind. It's like hearing the lost souls of chanting transubstiated beauty, wrapped with a sense foreboding, shadowed with the inevitable end. Oculart is a fascinating and surreal experience, declaring a kind of honest visceralness. Mixing dreams, images of objects and people, with poetic text entwined within the structure of the interactive site. A psychological and seductory epxerience that leaves you with a feeling of elation, beauty, darkness and that awkward bedfellow - fear.

17.1.08

Reposting Exoticast 1 & 2


A ma gauche Exoticast 1, aka Beautiful Bongos & Swinging Chanteuses : 45 minutes de kitscheries délicieuses et de morceaux choisis, un de premiers posts de Martian Shaker.
A special mix between lounjazz, mambo, exotica, and some of my favourite retro grooves, with : Chiemi Eri, Edmundo Ros, Joey Altruda, Eartha Kitt, Perez Prado & Rosemary Clooney, Johnny Frigo, Gillian Hills, Barbara Moore, Les Masques, Jumping Jacques, Irène de Trébert, Les Double Six, Aura Urziceanu, Marta Szirmai, ....

A ma droite Old Shells & New Shores, une seconde compilation de coquillages exotiques pour vos oreilles.
On the right side, Exoticast 2, a second blend of old, classic stuff : Martin Denny, Sondi Sodsai, Dick Hyman, Milton Banana, Elza Soares ; mixed with recent tracks from artists inspired by exotica : Luke Vibert & BJ Cole (with the haunting voice of Addie Brik, reminding of Yma Sumac or Bas Sheva), Sukia, and the asian master of ambient exotica, Haruomi Hosono. Enjoy !

15.1.08

新村デザイン事務所/Shinmura Design Office


Je persiste à croire que les trouvailles visuelles les plus simples sont souvent les plus réussies. Comme cette création d'un bureau de design japonais : des lettres (mais aussi du sens, non traduit ici), tombant d'un plan graphique vertical, à deux dimensions (à la manière des désormais célèbres glyphes du générique de Matrix), dans un espace à trois dimensions, un volume d'eau, où l'écrit semble se dissoudre, comme dans un fluide matriciel (antérieur au langage) ou babélien (la dilution dans la confusion). Le jeu de contraste entre le haut (noir & blanc) et le bas (gris dégradé) accentue cette impression de dissolution chromatique des lettres.

12.1.08

AfriCasting Groovz


Descendons au-delà du Maroc, jusqu'aux années 70 et après l'équateur, et allons nous asseoir à l'ombre du salon de coiffure pour profiter d'un bon tour d'oreille, AfriCasting Groovz vous propose aussi bien la dernière coupe afrobeat, que les vieilles coupes de Dakar et de Guinée, sculptées à la tondeuse funky.


#Dobet Gnahoré : Pygmees (Contre-jour) 2007

Le 13 décembre dernier, lors d'un concert dans le cadre du festival Africolor, elle a enflammé de sa belle énergie vocale et physique la petite salle du Samovar à Montreuil.

#The Afro-SoulTet : DomGowa (Banyan LP) 197?
Pièce ultra rare et trouvaille méritée, selon Captain's Crate, chercheur d'or noir, éclectique, dont je vous incite à visiter régulièrement le site, regorgeant de découvertes.

#Orchestra Baobab : Kelen Ati Leen (Oriki Music CD) 1974
On ne présente plus ce goupe de Dakar qui se reforme aujourd'hui (géométrie variable, façon Buena Vista...) pour nous régaler de son mixte de rythmes cubains, de grooves funky et de musiques sénégalaises.

#Sir Victor Uwaifo : Agho (African LP) 1976
Toujours au catalogue des perles de Captain's Crate, Agho est un morceau fantastique qui rappelle la jungle exotica de Chaino.

#Le Grande Kalle and Manu Dibango: Gauche/Droit (African LP) 1972
Fantaisie africaine aux relents de rumba, empruntée à Alastair J, un excellent DJ dont je vous conseille également les mix inspirés, sur le site Mixoftheweek.

#The souljazz orchestra : Mista president (Funk Manchu/ La Baleine) CD 2006/2007
Quintette canadien qui renoue avec la grande tradition de Fela (à la fois pour le style et les revendications de fond); Mista President distille une pêche terrible.

#Letta Mbulu : What is wrong with grooving (Random 7') 1967
Le titre phare d'une des reines sud-africaines, longtemps associée à Hugh Masekela, et produite aux US par David Axelrod.

#Matata: Talkin' (President LP) 1975
Grande classe funky par une formation qui n'avait pas de leçon à recevoir de James Brown.

#Guem: Universo (Som Dagente LP) 1974
Après Matata, Guem repose, avec ses percus et sonorités traditionnelles, très beau chant féminin en toile de fond.

9.1.08

Maurice Tranchant de Lunel (1869-1944) - Aquarelles

Je nourris une véritable fascination pour les artistes aventuriers (peut-être est-ce que je ne suis ni l'un ni l'autre), ceux dont la vie s'incarne à la fois dans le verbe et l'action, dans la liberté pure de la praxis et le savoir-faire de la poiesis. Sur ces personnages hors du commun rayonne la figure tutélaire et mythique de Rimbaud, débarquant à Marseille, gangrené de sa vie de contrebandier abyssin. Et comme tout a été dit des plus célèbres créateurs expéditionnaires, Martian Shaker préfère révéler quelques talents plus obscurs : l'intrépide Carlo Mollino, sur les pas de son aîné italien D'Annunzio ; Isabelle Eberhardt, sillonnant l'Afrique du Nord déguisée en bédouin ; l'infatigable chroniqueur des Indes Vitold de Golish, ou le peintre orientaliste Jean-Léon Gérôme...
Toujours en matière d'orientalisme, il faut faire une place aux aquarelles marocaines de Maurice Tranchant de Lunel, diamants de la même eau que celles de Delacroix, et complètement méconnues ; comme le bonhomme, du reste, personnage haut en couleurs, architecte de formation, artiste peintre, ami de Cocteau, écrivain, aventurier, opiomane et homosexuel, pour faire bonne mesure de scandale.


"Edmond Maurice Tranchant est fils d’un chercheur d’or parti aux Etats-Unis. Il a décidé de rajouter « de Lunel » a son patronyme en vue de se distinguer des autres «Tranchant». Adolescent, il rentre au collège de Eaton puis à Oxford. Il devient l’ami de Rudyard Kipling. En février 1888, il est admis à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris, section architecture. Il est l’élève de Eugène Georges Debrie (1856, Paris-diplomé en 1881).


En 1896, il rentre à l’Académie Jullian. Il devient ensuite peintre aquarelliste. Entre 1898 et 1899, il voyage au Sénégal et en Guinée. Il participe à la décoration du pavillon du Sénégal à l’exposition coloniale et universelle de Paris en 1900. Entre 1900 et 1905, il est architecte à Nice. (...). C’est un grand voyageur. Il visite la Perse. Il fait aussi le tour de la Méditerranée sur le Yacht, Le Saint Alma. En 1902, il est à Fès, au Maroc. En 1908, il séjourne encore une fois dans l’empire Chérifien. Il se rend à Tanger, puis à Fès et dans la Chaouïa. Cette même année, il est invité par le sultan Abd-el-Aziz à rester auprès de lui à Rabat. Par une lettre du 26 octobre 1909, il demande une mission gratuite au Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts afin d’y faire des recherches sur l’histoire de l’art aux Indes anglaises, en Birmanie, au Siam, en Indochine et en Chine.



En novembre 1909, le ministère des colonies lui accorde une mission gratuite pour voyager en Indochine, plus précisément à Angkor et au Tonkin. Il s’y rend en mars 1910 après avoir passé janvier 1910 aux Indes et février 1910 en Birmanie .. L’année suivante il est de nouveau au Maroc, à Fès. Après la signature du Protectorat, il voit la capitale chérifienne en révolte. Une grande partie du Mellah est détruit. Le 21 mai 1912, il rencontre le Général Lyautey, tout juste investi de sa charge de Commissaire résident général du Maroc."



Maison de convalescence de Salé, peinte par Tranchant de Lunel, 1913

En 1914, Lyautey est à l’origine des lois générales de classement et de protection de la cité médiévale de Fès. Il va sauvegarder la ville impériale, en laissant intacte l’architecture des maisons, des fontaines, des medersas, des foundouks. Cette tâche est réservée à Joseph de la Nuzière, et notamment à l'ami «intime» de Lyautey, Tranchant de Lunel. Ce dernier fut nommé surintendant aux Beaux-Arts et aux Monuments historiques, charge qu'il assumera de 1912 à 1924, restaurant de nombreux monuments, tels que la porte de la Kasbah des Oudaya, qui était restée longtemps murée et servait de prison (Rabat, 1916).


"En 1920, le général Gouraud réclame la présence de Tranchant auprès de lui en Syrie afin de mettre sur pied un inventaire des Monuments historiques syriens et libanais identique à celui du Maroc . En juin 1921, il fait partie de la commission de l’exposition économique de Damas. Il est de retour au Maroc en septembre 1921. Il réside au pays chérifien jusqu’en 1923. A cette date, il écrit et fait publier l’ouvrage "Maroc, au pays du paradoxe" afin de se justifier de son action au sein du service des Beaux-Arts au Maroc."
L'ouvrage est préfacé par Claude Farrère, fils de militaire colonial, lui-même officier de marine, écrivain, dont un recueil de nouvelles intitulé Fumée d'Opium, est tout entier consacré aux affres et délices de la boulette grillée. Entre la fin du XIXème et jusqu'en 1914, s'introduit en Europe, par les marins et les voyageurs, le goût de cette drogue d'Extrême-Orient. Tranchant aurait installé en France, dans sa demeure familiale, un décor orientaliste (à la manière de Pierre Loti) et une fumerie d'opium.
"C'est Claude Farrère également qui publie en 1922 dans Les hommes nouveaux, l’histoire romancée de Maurice Tranchant de Lunel, en lui attribuant le pseudonyme de Tolly L’artiste signe souvent ses aquarelles du nom d’emprunt «talby», qui veut dire l’étudiant en arabe.(...)


"De retour en France, Maurice Tranchant de Lunel installe son atelier de peinture sur une péniche en bord de Seine. De l’ensemble de ces voyages, l’artiste a peint environ cent cinquante aquarelles d’une facture remarquable. Elles sont souvent comparées aux peintures de Delacroix. Il doit être classé parmi les derniers peintres orientalistes du vingtième siècle."

6.1.08

Marcel Lefrancq - Collages







J'avais envie depuis quelques jours de publier une notule sur un collagiste des années 40-50, que m'a fait découvrir Losfeld, visiteur et (malheureusement trop) rare participant à Martian Shaker. Voici qu'il me donne quelques nouvelles. Le moment est donc venu de faire honneur à cet artiste belge, photographe également de talent, décédé en 1974.
Lefrancq fut apparenté au courant surréaliste et partageait avec Breton et plusieurs artistes surréalistes une nette aversion pour le clergé - on peut aussi le relever dans les photomontages de Jacques Rougemont (voir la catégorie Collages). J'ai sélectionné, de ses nombreux collages, ces images en sépia & blanc, qui sont pour moi les plus fortes car elles dégagent une beauté inquiétante.
Ici les signes se trouvent détournés de leur symbolisme religieux et, que ce soit hors ou dans l'église, c'est une féminité des plus érotiques qui investit l'imaginaire de Lefrancq. Le seul corps (presque) nu dans l'église, habituellemet celui du Christ, se trouve être féminin. Sacrilège ! Visages, mains, seins, poses abandonnées. Ici l'écume des vagues se change en boucles dorées. Là, cest à l'autel de la féminité que nous convie ce visage surmonté d'une rosace en forme de tiare, papesse mystérieuse, dont l'hypnotique appel constitue en soi la trame d'un récit fantastique. Enfin la mer, principe humide et matriciel, est l'autre lieu où règnent les puissantes divinités de Marcel Lefrancq.
Vous trouverez une présentation plus complète de ses oeuvres sur le site de son fils : Michel Lefrancq.