31.10.07

Casque eurodynamique de fourrire tigré


Si l'accident de vélo peut tuer, le ridicule ne tue pas : pour preuve ce casque dont on se demande s'il a survécu à la collection automne/hiver 2006 de Prada. Disponible uniquement chez nos amis cyclistes transalpins les plus riches, cette pièce de fourrire (pardon) de fourrure atteint la coquette - on peut le dire - somme de 1145 euros. Oui mais... minute ! La fourrure ayant sous la pluie un effet déperlant, il suffit de le secouer élégamment une fois à l'abri pour sécher ce superbe accessoire. C'est qu'en Italie on ne rigole pas avec les équipements de sécurité. On ne trouve même pas ça drôle du tout. Enfin voyons, comment peut-on penser marier un trench-coat de chez Armani, un pantalon de chez Missoni avec un casque de chez Decathlon. Soyons sérieux !
Et puis se parer de la dépouille d'un félin, c'est aussi bénéficier de sa puissance et de sa souplesse, de sa capacité instinctive à se déplacer dans son environnement, non ? La pensée magique infuse au fond des bureaux de style, assurément, comme au fond de nos croyances inavouées. Mais là encore il nous manque le grand art des japonais pour justifier une telle magnificence (voir la notule sur le casque japonais pour admirer les incendies).
Et je m'étonne qu'en matière de luxe, l'inventivité des stylistes s'arrête aux couvre-chef ; quid des pinces à vélo en argent serti de rubis (ces derniers faisant fonction de catadioptre)...

28.10.07

Derek Jarman - Blue


BLUE
1993 / 78' / 35mm / coul. / son.
de Derek Jarman
voix : John Quentin, Nigel Terry, Derek Jarman et Tilda Swinton

Blue est le dernier film du réalisateur anglais Derek Jarman, décédé du Sida en 1994. Dans ce long métrage ("expérimental" a t-on dit, "parfaitement classique" à mon avis), le regard du spectateur plonge dans un unique plan bleu de 78 minutes, à l'écoute d'une bande sonore fabuleuse, rythmée par la voix du comédien principal John Quentin.
La voix dit le texte de Jarman, son expérience au quotidien face à la maladie et la cécité : Rencontre avec l'ophtalmologue dans la première séquence (en écoute ci-dessous) ; cortège des amis disparus ; avatars des analyses médicales ; lecture de la liste des effets secondaires des médicaments. Car le récit de Jarman n'est pas dénué d'humour, lorsqu'il compare sa pupille ravagée à une planète ; et l'ophtalmologue de corriger "...à une pizza".
La cécité fait de son champ visuel une plage bleu Klein, et ce bleu fixé durant 78 mn devient l'hypnotique exhausteur de l'ambiance sonore du film. Ce qui crée une situation à la fois empathique (le regard rivé à l'écran rend le spectateur également aveugle aux autres couleurs, formes et images) et synesthésique. Grâce au talent du compositeur Simon Fisher Turner, qui file un ensemble de sons environnementaux (illustrant les expériences de Jarman) avec un écheveau d'extraits classiques et ambient, empruntés à Brian Eno, Miranda Sex Garden, John Balance, Momus, Vini Reilly, les Gnossiennes de Satie... et d'autres, avec lesquels il compose une sublîme tapisserie auditive.
Et ce n'est pas la moindre réussite de Jarman d'avoir transfiguré son calvaire en une épure qui touche au mysticisme. Le récit se mue progressivement en élégie ; c'est le ravissement du bleu profond, paisible, annonciateur des grands fonds marins, où l'âme gagne le paradis. "La couleur bleue représente l'amour universel dans lequel baigne l'humanité - c'est le paradis terrestre." Derek Jarman.

Le texte du film Blue, en anglais



This "film" (if film it be), the last to be completed by the painter and diarist Jarman before his death early this year of AIDS, is, I'm pretty sure, the best movie I've ever seen (if it's even "seeable"). One hour and seventeen minutes of luminous blue 35mm glow, unchanging, calming, irritating, numbing, and a soundtrack laboriously collaged out of snippets of sound and music and Jarman's meditations on his encroaching blindness and approaching death, and on the blindness of the world to its own slower but equally inevitable demise.

Jarman, the consummate image-crafter, whose films are quite literally "moving pictures," coming to grips with the disappearance of all images from his field of vision, then the disappearance of his own self-image into the all-transcending blue of death. Realizing that, on the world's screen, he has no image; as a queer, an outsider, none of the images he has midwifed into the world will be allowed to have lives of their own and enter the viral give-and-take of autonomous phantasms that is "culture." So, facing death, he faces not the immediate post-mortem acclaim granted to those who, while unbearably unproductive while alive, were, at least, fertile; but rather the amnesia our society reserves for those whose existence it has never acknowledged in the first place.
"From the bottom of your heart, pray to be released from image."
But of course, none of this stuff is why I wanted to mention it to you; I brought it up because it struck me, like a bolt out of the blue, as an answer to my prayer in my anti-review of Dracula, six months ago. A cinema that has transcended its own images. Eventually the effect of the droning blue screen is that you are inside Derek Jarman's head, seeing what he sees (nothing), hearing what he hears, both outside and inside, and then, when the movie's over...The one truly human experience, death, communicated, by a master artist transcending the materials and limitations of his own art by facing his own nonexistence, and ours.
The film's ancestors would be the monochromies of Yves Klein (the color is actually very similar to International Klein Blue), he of the "leap into the void"; it doesn't take very long before the brain (or the world), like a sponge, soaks up the blue of the screen (the same way it would have fed on the fast food of images, had there been any) and, in the unified blue of the blue world, we attain, as the old Tibetan texts say, the faculty of walking in the sky, if only for this short, magic hour and seventeen minutes of cinematic time.
And so it is that, at the movie's very end, in the midst of an incredibly lyrical and erotically charged love song, Jarman is strangely reassuring about the world's blindness. "Our name will be forgotten, in time, no one will remember our work," he says, as if this is a good thing, because it allows us to concentrate on our love, which is what really matters. Freed from self-conception as artists, queers, or anything else, we are free to become what only death can make us, human, and hence free to realize the true potential of our estate. Beyond words, beyond names, beyond subject and object "In the pandemonium of image, I bring you the universal Blue."
Gridley Minima

22.10.07

Ruines rouges - Loin d'Angkor, Kep et Bokor....

Il y a moins d'un an j'esquissai dans une notule au sujet du Tetrapak une réflexion sur ces objets issus de l'industrie du XXème siècle et pourtant désuets, témoins d'un passé qui déjà nous semble lointain et formant pour ainsi dire les vestiges sur lesquels pourraient travailler dès aujourd'hui les archéologues de la modernité.
Voici qu'une phrase me ramène à cette réflexion : Le temps est venu de contempler les ruines du mouvement moderne comme les vecteurs d'une nouvelle perception du paysage. Je découvre cette phrase dans un article à l'écriture subtile et aux images envoûtantes, consacré aux vestiges de palaces et grandes demeures modernes créés au Cambodge. Il s'agit du numéro d'été 2006 de la revue Citizen K
Le texte est de Patrick Favardin, les photographies (ci-dessous) de Frédéric Chaubin. Qu'on me pardonne ces entorses aux droits de reproduction.

Ruines des années 60 au Bokor. "La température douce et constante du plateau du Bokor en faisait le cadre idéal pour l'établissement d'une station climatique. Située au Cambodge, cette extrémité de la chaîne des Cardamomes fut donc investie en 1920 par l'administration coloniale française. Seulement, le piton du Bokor surplombe à plus de 1000 m le golfe de Siam. Il en résulte une brume constante qui démotiva largement les visiteurs attendus." Patrick Favardin

"La station balnéaire de Kep a vu le jour en 1910, à 200 km de Phnom Penh et 300 de Saigon. Le protectorat français en fonda les bases, le Cambodge de Sihanouk en fit l'une des destinations les plus prisées de l'Asie du Sud-Est. Le prince, qui y reçu Jackie Kennedy comme Mao Zedong, composa une rumba inspirée par ce décor d'idylle. De cet éden, il ne reste toutefois plus que les ruines des villas de style international, témoin des douces années 1960, que démantelèrent les khmers rouges." Patrick Favardin

Ruines des années 30 au Bokor.
Les vestiges du Bokor Palace dans sa gangue de lichen. Inauguré en 1925, le jour de la Saint-Valentin, administré par la Société des grands hotels indochinois, cet établissement était destiné à devenir un lieu de villégiature prisé de l'Indochine française." Patrick Favardin

21.10.07

Eastern Europe Groovz Vol.II


J'aime bien qu'une notule en appelle une autre sur le mode des associations d'idées. Retour sur les pépites de jazz de derrière le rideau de fer. Et là c'est de la belle ouvrage, pas du bricolage ; car un courant de jazz d'Europe de l'Est a bel et bien existé, dont la vitalité a traversé la guerre froide sans rien perdre de sa chaleur et en maintenant des échanges avec les plus grands noms du jazz occidental (Aura, pour sa part, a accompagné Duke Ellington et Quincy Jones). La face B sera postée pour ceux qui en redemandent.

Face A :
Csaba Deseo Ensemble / Song For My Father
Wlodzimierz Nahorny / Holding Hands
Orkiestra pr I TV Lodzi / Bez Metalu
Crash & Grazyna Lobaszewska / Prostachny Gestach
Qualiton Jazz Ensemble / Night And Day
Jazz Carriers / Minor Seventh
Aura Urziceanu / Înserare

19.10.07

Vladimir Arkhipov - Home-Made - Contemporary Russian Folk Artifacts


"La pénurie stimule l'imagination et la créativité. Comment monter une lampe à partir d'un chapeau de paille ou transformer un plateau de capsules de bières en paillasson. Le collectionneur Vladimir Arkhipov a exhumé de l'ancienne URSS des centaines d'objets de survie nés de la débrouille et de la bidouille. (...) L'inventaire de ces ready-made soviétiques tient au final dans un ouvrage réjouissant, à mi-chemin du catalogue Manufrance et du poème Dada." Beaux-Arts Magazine - Septembre 2006, p.37.
J'ai ajouté à cette notule le libellé 2020, parce que, développement durable aidant ou pénurie forcée, il va bien falloir apprendre à recycler davantage, à consommer moins de tous ces objets qu'avec un peu d'astuce et de bricolage on peut fabriquer soi-même.



The clever, bizarre and poignant DIY housewares that fill the pages of Home-Made: Contemporary Russian Folk Artifacts have stories to tell. They communicate the textures of the lives of ordinary Russians during the collapse of the Soviet Union, they highlight alternatives to factory design and disposable goods, and they speak volumes about what goes on in other people's homes--how they spend and scrimp, how they make do. Home-Made highlights the best of the everyday objects made by ordinary Russians during and around the time of the Soviet Union's decline. Many were inspired by a lack of access to manufactured goods. Among the hundreds of idiosyncratic constructions for inside and outside the home are a back massager from a wooden abacus, a television antenna from unwanted forks, and a tiny bathtub plug from a boot heel. The author is himself a self-taught artist: he began exhibiting his own objects and installations in 1990, and collecting and cataloging these everyday, utilitarian objects handmade from modern materials a dozen years ago, in 1994. He accompanies each invaluable artifact with a photograph of the maker and his or her story. Foreward by Susan B. Glasser of the Washington Post Foreign Service. From amazon.com

16.10.07

Samplorious 2

Trouvez le sample ! ou comment un extrait soutiré de vinyles oubliés prend un coup de jeune une fois passé au tamis de l'échantillonneur.


Karminsky Experience a fait un beau carton il y a près de 10 ans, au plus fort du lounge revival, avec ce Hip Sheikh bourré de derbukas nerveuses, capable de dégraisser à la longue la plus coriace des belly danseuses. Le vrai tour de force est d'avoir trouvé l'extrait qui fait mouche, car tout le titre est en fait basé sur un seul sample qui tourne en boucle. Merci qui ??
Ecoutez l'original et trouvez le nom du morceau et de l'artiste chez qui les K.E. ont pompé cet élixir orientalisant.

14.10.07

Adam Jacot de Boinod - Tingo, drôles de mots, drôles de mondes


Le livre d'Adam Jacot de Boinod, The Meaning of Tingo, publié chez Penguin Books en 2005 a fait couler beaucoup d'encre et son succès lui a valu rapidement une traduction française en 2007. Je ne l'ai pas encore lu, néanmoins la première impression que m'on faites plusieurs recensions de l'ouvrage est que l'on survole toutes sortes de curiosités lexicales mais que l'on s'interroge peu sur l'étymologie, la construction des mots et en quoi ils relèvent d'une sémiologie, c'est-à-dire, si l'on reprend les termes du linguiste genevois Ferdinand de Saussure, d'une "science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale".

Je réserve ma dernière opinion sur l'ouvrage en question, à savoir s'il donne un début d'explication du pourquoi social de ces formes linguistiques. Autrement dit, ce qui m'intéresserait, c'est moins le fait que les Albanais aient vingt-sept vocables pour désigner une moustache (et d'en connaître les 27 variétés) que de savoir pourquoi et comment dans cette langue en particulier et chez ce peuple, la productivité lexicale autour du système pileux masculin a pu s'enrichir à ce point.

Passionnant en apparence aussi le phénomène d'économie verbale qui permet dans certaines langues d'exprimer d'un seul mot une action ou une description complexe. Ainsi les japonais peuvent-ils qualifier de bakkushan "une femme terriblement séduisante de dos, mais laide une fois vue de face". Ou les Hongrois qui pratiquaient une danse appelée verbunkos, destinée à "persuader quelqu'un de s'engager dans l'armée". Bien sûr ces trouvailles peuvent faire sourire ; incroyable ?! Où va se nicher l'inventivité lexicale ?! Il me semble que ces deux "mots" révèlent respectivement la capacité de fantasme et d'ironie du mâle japonais et l'image d'une époque où l'enrôlement était socialement ritualisé chez les Hongrois. D'un point de vue strictement linguistique, j'ai voulu savoir si ces termes pouvaient se décomposer en unités de signification plus petites ou s'ils formaient une unité de signification insécable.
C'est donc en furetant sur le net que je découvre que bakkushan est un témoignage de la capacité d'emprunt du japonais aux langues étrangères, en l'espèce, emprunt à l'anglais et à l'allemand, par association de back (arrière) et de schön (beau) : bakkushan donnant à peu près "belle de dos". De même verbunkos est un emprunt à l'allemand werben qui signifie "s'engager dans l'armée"; verbunkos étant chez les Hongrois le "recruteur".

Mais tout cela est-il vraiment si curieux ? N'est-ce pas une distorsion de notre regard qui nous fait prendre des mots issus de cultures étrangères ou du passé pour des singularités à épater la galerie. Car il suffirait de renverser la perspective et de se mettre à la place d'un Peul (au hasard) pour trouver extraordinairement amusants ces occidentaux qui ont un mot pour désigner "un être qui vit et se reproduit en dehors de l'air, sans oxygène, grâce à des fermentations suppléant à la respiration"... les Français par exemple ont un mot pour ça : anaérobie. Sacrés Français ! Ils ont un mot pour désigner un "petit appartement dans lequel ils rencontrent leur maîtresse" : garçonnière ! Savoureux non ??

10.10.07

Dean Elliott - Zounds! What Sounds!


Voici un album qui serait resté au rayon de la fantaisie anecdotique si ses effets sonores n'étaient pas parfaitement mis au service de superbes morceaux d'easy jazz, jouées par un grand orchestre. L'intégration des bruitages en guise d'arrangements est savamment étudiée et ressort avec une clarté exceptionnelle. Dean Elliott était familier de toutes sortes de sons drolatiques, lui qui travaillait sur des illustrations de cartoons avec son ingénieur du son : Phil Kaye. D'où cette débauche d'onomatopées, de cloches, compresseurs, sifflets de police, coups de hâches et arbres s'écrasant (sic), céleri croqué (sic), train et mille autres sons qui déboulent avec humour sur des morceaux feutrés ou groovy pour créer une sorte de musique seconde, faite d'accidents délicieux, à la fois figuratifs et surréels. Le premier titre " It's allright with me " avance masqué : le rythme de machine qui l'introduit peut se confondre avec un instrument à percussion, après tout le tempo est bien enlevé, on ne remarque (presque) rien. Puis Elliott insère malicieusement des vibrations métalliques, des bruits de bouche plosifs, des ressorts, qui finissent par former un surprenant contrepoint aux cuivres. Dans " Rain ", vous aurez droit à rien moins qu'une mélodie langoureuse rafraîchie par un duo de xylophone & gouttes d'eau annonçant l'orage. " Baubles, bangles and beads " nous montre que le comble, pour un swing, c'est d'être rythmé au son d'un punching-ball. " All of you " démarre par un échange de balles de ping pong, vous laisse siroter un martini près de l'orchestre au premier plan, évolue en bris de glace, un bouchon saute, on s'extasie de votre strike au bowling, et la musique coule toujours à flots. Enfin, réussir à émailler de rots une ballade sentimentale et le faire avec style, c'est la performance que nous offre Dean Eliott avec " It's a lonesome old town ", En cela " Zounds ! what sounds ! ", emblématique du potentiel de subversion de la lounge, peut être considéré comme une extravagance inimitable et parfaitement achevée.
Merci à Xtabay World pour le lien (ci-dessous) !

Working with cartoon sound effects wizard Phil Kaye (Tom & Jerry), the resulting Zounds! is perhaps the zenith of orchestral easy listening records with sound effect accompaniment -- an inspiration for novelty music dating back to Leroy Anderson's experiments in the early 50's. Elliot's tour de force, originally released in 1963, is about 15 times more frantically schizoid than Anderson's work and his rhythm loops most certainly must have been on Perrey & Kingsley's minds when they set out to do The In Sound From Way Out a few years later. Bowling pins, ping pong playing, clocks, water, sawing wood, police & train whistles, celery stalks, the sound man's coat ripping as he picks up his watch, a vintage cement mixer from 1920 struggling to turn over and countless other noises all take turns holding first chair in Elliott's orchestra. And to top it off, Elliott comes up with some over the top arrangements with the musicians at his disposal, making their instruments sound more like sound effects at times. Text and rip from Xtabay World

7.10.07

Wim Delvoye



De cet artiste plasticien flamand, né à Wervik en 1965, je retiens moins la machine qui l'a rendu célèbre (Cloaca - 2000, et dont on trouvera le principe scatologique assez facilement sur le net) que ces pièces pleines d'un humour surréaliste et grinçant.
Soit l'étui-scie qui magnifie l'appareil comme l'instrument d'un maître. Contraste saisissant entre le doux capiton de feutre rouge et la violence terrifiante de cet engin de carnage végétal ou ... humain ; tant il est vrai que le film "Massacre à la tronçonneuse" a attiré des millions de spectateurs rien que pour voir Leatharface jouer de cet instrument.
Il y a ensuite la série des planches à repasser, 6 pièces, arborant comme ci-dessus (la couverture d'un des ouvrages de Delvoye : Gothic Works) de superbes blasons. Là encore, merveille d'ironie... où comment la civilisation occidentale toute imbue de ses armoiries médiévales, de ses grandes familles aux multiples serviteurs, se trouve réduite (géniale idée de l'étroitisation !) à l'écu domestique d'une planche à repasser. Terrible. Cela me rappelle une trouvaille du scénariste de Fellini, Ennio Flaiano, qui décrivait ainsi la grande nation italienne : "Ce peuple de saints, de poètes, de navigateurs, de neveux, de beaux-frères..."

4.10.07

Samplorious

Trouvez le sample ! ou comment un extrait soutiré de vinyles oubliés prend un coup de jeune une fois passé au tamis de l'échantillonneur.

Premier de la liste : le sympathique italien Gak Sato, qui nous a gratifié d'un album inégal en 1999 : Post Echo ; mais bon... il y a Youp, un de ses titres les plus réussis, qui le doit à une jolie citation repiquée chez un des ténors de l'exotica.
Voici les 3 données de l'équation : le titre et la pochette de l'album de Gak Sato, la pochette masquée de l'album comportant le titre samplé. A vous de trouver l'inconnue : le nom du tite et de l'artiste cité...

1.10.07

Mary Sue - Photographies





Série Mary Suicide - 2006

Panurge - 2005

Mary Sue, artiste française peu bavarde sur sa bio, née probablement vers 1979, cultive l'ambiguïté jusque dans son identité, qu'on ne connaît pas puisqu'elle se confond avec celle de son personnage féminin : Mary Sue ; la boucle est bouclée. Elle dira juste que ce personnage est né parce qu'elle avait "un travail à mettre en place autour de l'ambiguïté féminin-enfance". D'où naît progressivement cet univers de facéties régressives et colorées. Sorte de Pee Wee au féminin, d'Alice au pays des fantasmes. Derrière les objets acidulés, les canards kitsch et les chambres Ikéa pour bambin, rôde un niveau de sens trouble où la poupée est gonflable, la geisha est manga, où l'on joue à saute-phallus, et où l'on finit étalée avec le regard mort.

The French artist Mary Sue plays with the photography and video art. Mary Sue is not a pure video product, but rather the fruit of a hybrid, artisanal practice, driven by the desire for a perfect, all-encompassing artifice. In fact, Mary Sue herself, and the artist who has adopted her name, is a metonym for the contrivance of her video constructions. is consistently at the center of this process, at the warm convergence of high- or low-angle viewpoints, reflecting her relationship to the world and the steamy responses that she knowingly arouses through a theatrical naïveté. By definition, the viewer, indeed the whole world, is outside the frame. Her solitude in the face of the world is that of all domestic stars: she has little adventures, accomplishes small feats, and experiences tiny moments of illumination.