30.3.07

Cal Tjader - Plugs In


Une session live de Cal Tjader, où l'on retrouve un quatuor de sidemen de renom, Al Zulaica, au piano acoustique, Jim McCabe à la Fender bass, et notamment Armando Peraza dont on a déjà dit du bien (Wild Thing). L'ambiance live fait la part belle à cette énergie qui se diffuse quand les vibes sont bonnes, et celles de Tjader et son combo sont gorgées de groove. Peraza lâche la bête afro sur ses congas cubaines. Il faut écouter St Croix le solo de percussion est jubilatoire !

En partage la face B :
Alonzo
Spooky
St. Croix
Tra-La-La Song
Get Out Of My Way

A beautifully plugged-in, turned-on session from Cal Tjader -- one that features the funky vibist alongside some sweet Fender Rhodes! The session was recorded live, but it's got a flowing, modal quality that rivals Tjader's best work in the studio for Verve and Fantasy at the end of the 60s -- a soaring, spacious sound that comes from the interplay between Cal's ringing vibes and the Fender Rhodes and acoustic piano work of Al Zulaica -- an excellent player we only know from a few of Tjader's albums. Armando Peraza provides some tight conga work on the set -- and titles include "Spooky", "Tra La La Song", "Alonzo", "Nica's Dream", and "Get Out of My Way" -- a great instrumental take on the Latin soul hit from Joe Torres! CD reissue features 6 bonus cuts.

Pierre Molinier - Peintures et photomontages

Ce qui est solennel Huile sur toile 100X81 cm

La fleur du paradis, Huile sur toile 89X116 cm




La liste est longue des artistes contemporains influencés par Pierre Molinier, peintre et photographe des années 50 à 70, un temps courtisé des surréalistes puis abandonné par Breton lorsque son érotisme se radicalise dans une sexualité de plus en plus provocante : au-delà des fusions arachnéennes de jambes démembrées comme les poupées de Hans Bellmer, les laques de sperme étendues sur ses toiles, le fétichisme et les jeux de doubles hermaphrodites, c'est trop, même pour les surréalistes ! Autant dire que les exemples ci-dessus restent soft.
Alain Jouffroy, dans Arts, propose une belle description des tableaux exposés à l'Etoile Scellée en janvier 1956 : "Le peintre introduit dans toutes ses oeuvres cette atmosphère lourde et brumeuse où le désir prend corps. Ses personnages de femmes - convulsifs et louches - proches des succubes et des passagères de carrefours - sont chargés de cette magie où la moindre allusion (une courbe que peut suivre le regard vers une sorte de gouffre où toutes les apparences tournoient) donne le vertige et suscite le rêve."
La beauté étrange et troublante de ses personnages féminins reste cependant intacte. C'est que les corps (notamment en peinture) apparaissent comme des joyaux de chair et d'opale, sertis dans un magma onirique. Mais personne ne s'y trompe, le mystère de Molinier, cette peinture que Breton qualifait de "magie" est bien une magie noire, ces poupées aux visages sensuels, leurs parures érotiques (voilettes, masques et résilles), témoignent d'une oeuvre hantée par la mort.
Les photos des peintures et la citation d'Alain Jouffroy sont empruntées à un article de Marie-Laure Missir dans le magazine Supérieur Inconnu de Janvier/Juin 2005.


Pierre Molinier (April 13, 1900 - March 3, 1976) was a painter, photographer and "maker of objects". He was born in Agen (France) and lived his life in Bordeaux (France). He began his career by painting landscapes, but his work turned towards a fetishistic eroticism early on.
Molinier began to take photographs at the age of 18, and started his erotic production around 1950. With the aid of a wide range of specially made 'props' – dolls, various prosthetic limbs, stiletto heels, dildos and an occasional confidante – Pierre Molinier focused upon his own body as the armature for a constructive form that ultimately produced a large body of photographic work. Most of his photographs, photomontages, are self-portraits of himself as a woman.
He began a correspondence with André Breton and sent him photographs of his paintings. Later Breton integrated him into the Surrealist group. Breton organized an exhibition of Molinier's paintings in Paris, in January-February 1956.
Pierre Molinier's enigmatic photographs influenced European and North American body artists in the early 1970s and continue to engage artists, critics, and collectors today. Pierre Molinier committed suicide at 76 years of age.

Paintings : courtesy of the magazine Supérieur Inconnu - January / June 2005

29.3.07

Iron Leg - Mickey & The Soul Generation


San Antonio, Texas. Une soirée de mai 1969, dans un club de la ville, les pales énormes d'un ventilateur brassent une atmosphère lourde, déjà gagnée par la chaleur de l'été. Le public sirote des bières, et acclame l'arrivée de Mickey & the Soul Generation, un combo issu de ce terroir métissé de blacks (Mickey Foster, leader, à l'orgue ; Johnny Hooks, saxophone ténor ; Emil Carter, saxophone ténor et voix ; Andrew Gordon, batterie) et de latinos (George Salas à la guitare ; Gilbert Rivera à la basse). Les voici sur scène, endimanchés comme des pros en costard & nœud pap', avec leurs go-go girls, qui se déhanchent dès le premier titre : Iron leg. L'intro est originale : George Salas maintient durant 20 secondes, avec une pédale Fender Blade, un incroyable fuzz de corne de brume. La basse commence à tricoter un duo râpeux avec l'orgue, puis interviennent les deux saxos ténor : à eux seuls ils égalent une section de cuivres. La température monte encore dans la salle, chicanos et blacks sont électrisés. Voici Football, du " brut de gradins " ; un morceau rapide, émaillé d'interpellations, de cris, à la manière des Bar-Kays dans Soul Finger. Les saxos sont en première ligne dès l'attaque et tout du long, la guitare est dans un fuzz effervescent ; vivats de supporters et interjections instaurent une ambiance survoltée. C'est du funk de camionneur, mais joué par des types qui manient leur volant avec un médiator, capables qu'ils sont de conduire un rouleau-compresseur pour piste de danse (How good is good, Southern fried funk), aussi bien que des ballades R'n B (Soulful sickness) portées par de effets de guitare wah-wah hyperboliques et jouissifs (Mystery girl ou Message from a black man). Mickey Foster et sa bande auront duré 6 ans, au plus fort de leur art. 6 ans à galérer dans leurs tournées, avec peu de moyens, des ennuis matériels, un van qui finit par les lâcher, ultime signe mécanique d'une motivation elle aussi déclinante. C'est la découverte et l'acharnement de DJ Shadow qui a permis de rassembler dans ce double CD une vingtaine de singles enregistrés en studio, ainsi qu'une poignée de démos inédites et de morceaux live. Car, malgré la victoire d'un concours MGM, censé leur assurer un contrat pour un LP, ils ne virent rien venir et en définitive ne gravèrent que des 45 tours ; mais quels joyaux ! Des diamants noirs, bruts, à peine sortis de la roche des territoires du Sud.
Pour écouter des extraits, cliquer sur le titre de cette notule.

As the world's champion record crate digger, leave it to DJ Shadow to cull something like this from the depths of music history. This hardcore funk and soul band's heyday was a fast and rocky ride in the early 1970s that yielded only a few single releases and a lot of roadblocks; much of the music on this album is unreleased and the rest is extremely rare. Shadow jumped at the chance to reintroduce Mickey and the Soul Generation to the world (through Quannum) when the bulk of this release was uncovered in 2001, and one listen to this gem will explain why. The music on Iron Leg is quintessential hard funk, entirely soulful, down and dirty James Brown-style jams spiced with a Latin accent (a result of the band's Texas roots), a deep sense of dynamics and arrangements with an undeniable catchiness. What's more, this mostly instrumental double disc (the second features several live tracks) is never stale, boring or predictable.
For audio excerpts, follow the link of the title.

27.3.07

Casque de seigneur japonais pour admirer sans risque les incendies


Ce qui me plaît au moins autant que le casque lui-même, superbe pièce du XIXème siècle en cuir laqué et monture de métaux précieux, c'est sa description, l'idée d'une fonction non pas décorative mais pour ainsi dire (à nos yeux d'occidentaux apeurés par le feu) surréaliste : "admirer sans risque les incendies". il y a là un un je-ne-sais-quoi de tragi-comique qui donne envie d'inventer d'autres fonctions étonnantes : le casque pour écouter les hirondelles au printemps sans recevoir leurs fientes, le casque pour regarder le soleil dans les yeux, le casque pour accueillir les fantômes ... Bon, trève de plaisanteries ; le fait qu'un seigneur se couvre d'un tel casque pour apprécier la beauté sauvage et violente des flammes consumant forêts ou édifices, montre à quel point le Japon antique avait un respect profond pour la beauté des forces de la nature, dont le déchaînement - ici le feu - apparaît comme un événement digne d'une parure cérémonielle. On raconte qu'un seigneur de guerre japonais, au moment où son château se trouva assiégé, se concentrait sur l'harmonie d'un arrangement floral.

25.3.07

Tindersticks - Nénette et Boni B.O. / O.S.T.


Cette B.O. est résolument atypique dans la discographie des Tindersticks, habituellement faiseurs de chansons mélancoliques, enrobées d'accompagnements orchestraux. Les amoureux de la voix désenchantée de Stuart Staples seront peut-être déçus (une seule chanson : Petites gouttes d'eau), même si des murmures parsèment certaines pièces et un air siffloté donne une allure désinvolte au morceau terminal (Rumba), petite perle de lounge funambulesque.
Le groupe, cette fois réduit à un trio acoustique (piano, vibraphone, percussions), fait évoluer jusqu'à l'épure les trois notes du thème dominant (Les fleurs). Le piano distille des sensations de berceuse cristalline (Les gâteaux, Nénette est là). Le vibraphone, avec ses sonorités lunaires, accentue ça et là une impression de fragilité ou de nostalgie flottante ; ailleurs il apporte des réminiscences " easy " lorsque les frottements des balais crissent comme des chaloupes contre le sable (Petites chiennes). Stuart Staples, interrogé par un magazine, évoquait les conditions de création de cette bande originale du film de Claire Denis : " ...Claire (...) nous a demandé de regarder le film puis, d'après nos émotions, d'enregistrer une musique. Nous étions libres, sans pression aucune, ...Ça s'est fait simplement.". De la spontanéité c'est sûr, et une inspiration habitée par la grâce, dans ce disque à découvrir, avec ou sans le film.
Un premier titre, Rumba, pour la mise en bouche et la suite on demand.


The plot of the 1996 film, Nénette et Boni, from French screenwriter and director Claire Denis, involves the rather downhearted premise of a 14-year-old girl who is in serious need of an attitude adjustment; she's also pregnant and runs away from her boarding school only to end up at the door of her preoccupied brother, who is fixated on the baker's seductive wife. (...) The soundtrack is not exactly a normal Tindersticks album; in some senses it is a radical departure. The obvious difference is that the album mostly lacks the bizarrely beautiful Leonard Cohen-on-valium croon of Stuart Staples (present only on the gorgeous "Petites Gouttes d'Eau"), and so some of their usual somber romanticism is inevitably lost. Also, not all of the individual pieces on the album are full-fledged songs, which is understandable given the album's primary responsibility as incidental music. Its tone is far less varied than normal, with some of the same instrumental themes and eerie piano chords reappearing throughout this release on various songs. It certainly lends consistency to the listening experience, but listeners also can't help but feel a sense of musical déjà vu at certain points along the journey. That doesn't keep Nénette et Boni from being entirely sensual and seductive, however, and in a stately, continental sort of way. It's a truly gorgeous piece of work, with the same lulling, shimmering, melancholy sheen that characterizes every Tindersticks album; together, the songs seem like a delusory, synesthesia oasis of sound. The music is absolutely sweeping at times, with string arrangements occasionally insinuating their way into a song almost as if from somewhere outside the piece. At other times, the music takes on a dark, insular complexion and vibe. Tindersticks can be simply creepy at times, as on "La Mort de Félix," but for the most part, their work here maintains enveloping, organic warmth, even when the sentiments are downhearted or chilling.
~ Stanton Swihart, All Music Guide

19.3.07

Virginie Barré - Dessins et installations


Under my skin

Sunglasses

Fat Spiderman

Red dress

Installation

"De ses premiers travaux de sculpture où le corps, bien qu’à couvert sous les métaphores, occupait déjà une place prépondérante, Virginie Barré a conservé la part la plus morbide. Aujourd’hui, elle dessine et met en scène ses amis ou de parfaits inconnus dans des postures fort peu enviables, laissés pour morts, les membres désarticulés sur de larges flaques de sang factice, acteurs de fait-divers par hasard. Les installations de Virginie Barré ne sont pas des sculptures. Elles jouent à postuler que quelque chose a eu lieu, mais elles postulent ça sur le ton du simulacre et de la blague, avec des résurgences de roman noir et des figures de style empruntées aux productions de séries B. Les titres eux-mêmes participent de la théâtralisation : Cache-cache petit mort (1994), Petites funérailles (1995), Corps morts (1996). (...) Les œuvres de Virginie Barré “ne racontent pas d'histoires, [elles] les contiennent.”
Via le site du Centre d'art de la Villa d'Arson, en lien sur le titre de cette notule.

Barré has kept the most morbid aspects of her early works of sculpture in which the body, even though it was covered by metaphors, already held a predominant place. She now sketches and stages friends and strangers in altogether unenviable positions: dead bodies with dislocated limbs in pools of fake blood (for instance), chance actors in a news-making story. Barré’s installations are not sculptures. She plays at positing that something took place, but she does so in the joking tone of a simulacrum, complete with elements from crime novels and figures of style from B movies.
Her installations act as reminders that nothing and nobody is going to leave here alive and unscathed, certainly not the narrative plot which the sole climax has ousted from the scene. Barré’s works "do not tell stories, [they] contain them."
The catalogue to this exhibition is published jointly by Parvis, Centre d’art contemporain, Ibos and Villa Arson, Nice.

17.3.07

The Three Suns - Movin' 'n' 'Groovin'


La collection Stereo Action proposait en guise de signature " the sound your eyes can follow ". Une image qui rappelle l'emphase des technologies promises dans les bandeaux, et détaillées dans les pochettes, de l'époque space age (Stereo Spectacular, Soundsational, Stereophonic Sound ). Le top fut atteint avec l'album d'Esquivel " More of other worlds, other sounds ", édité sur un label qui exploitait une nouvelle technique d'enregistrement sur bande de qualité cinéma : " Stereo Dual 33 mm ". En 1955-57, la haute-fidélité se développe, une véritable révolution pour des oreilles habituées à une diffusion médiocre du son (radio) ou à des disques de shellac enregistrés en mono. Les plus visionnaires ont vite compris le potentiel d'attractivité esthétique et commerciale de la stéréophonie. D'où cette jubilation des Enoch Light, Henri René, Marty Gold, Billy Mure, à rivaliser d'inventivité dans les ricochets de sons et d'instruments.
Auprès des Three Suns, c'est à Charles Albertine, un magicien arrangeur, que l'on doit les plages les plus stéréophoniaques - et notamment celles de Moovin' & Groovin'. Bien qu'en filigrane l'accordéon reste la marque de fabrique de la formation, les autres instruments sont choisis et mêlés selon l'inspiration débridée d'Albertine : célesta, koto, tambourin, et autres figurants exotiques bondissant d'un baffle à l'autre (Beyond the sea), ou se cachant derrière le phonographe de Mamie, dans des ballades à la fois désuètes et joyeusement saugrenues. Ce disque offre une réjouissante version de " Caravan " qui démarre en guitare et orgue nasillard (pour la couleur orientale), sur fond de bongos, avant de tourner swing en diable. Sur " Some of these days ", la guitare a un langoureux glissement slide, qui vous conduit droit sur votre canapé. Enfin il y a l'hallucinant " Danny's inferno ", qui reprend un thème de Grieg (Peer Gint, si si) et l'emmène avec xylophone, orgue, jaw bone, dans une sarabande infernale. Le tout régulièrement ponctué par ce son rond de tambour (largement samplé par Tipsy et d'autres) qui vous scotche une oreille avant de s'enrouler autour de l'autre, pour bien signifier qu'ici on est en stéréophonie. L'âge d'or des Three Suns, c'est une poignée de disques : Fever & Smoke, Twilight memories, A swingin' thing, et ce " Moovin' & Groovin' " que vous pouvez acquérir les yeux fermés, si vous avez aimé Enoch Light, Terry Snyder ou les compilations "Space Age Pop" (Vol 1 et 2).

April Showers (2:51)
Caravan (2:49)
Autumn Leaves (3:11)
Dancing with Tears in My Eyes (2:06)
Jungle Drums (3:52)
Movin' 'n' Groovin' (2:54)
Anniversary Song (3:13)
Beyond the Sea (3:04)
Some of These Days (2:53)
Danny's Inferno (2:50)
The Vagabond King Waltz (3:30)
Stumbling (3:04)

RCA's Stereo Action series has been touted as the cream of the record industry's efforts to promote stereo. The idea behind Stereo Action was to score tunes specifically in order to draw attention to channel separation. In other words, "The Sound Your Eyes Can Follow" was contrived to get the listener looking back and forth at the two speakers. Along with Esquivel's Latin-Esque, the Three Suns' Movin' 'n' Groovin' is the best of the series. Charles Albertine has taken the Stereo Action mission to heart, scoring several knockout wonders along the lines of "Tequila" from Fever and Smoke. Like that album, this one also features assorted strange percussion instruments. "Danny's Inferno" and the title track earn Albertine a place on, well, the lunatic fringe of so-called easy-listening pop history. "Caravan" and "Stumbling" are other great ones, and the rest of the record is nearly as excellent. Tony Wilds, All Music Guide

14.3.07

André Pieyre de Mandiargues - L'oeuf dans le paysage

Savez-vous que dans le domaine du mobilier industriel, parmi les critères de fabrication des placages de bois pour les meubles, les plateaux, les planches dont on fait la table ikéale, il y a l'absence de noeuds (ces déformations de la substance ligneuse notamment du tronc) ?. Les consommateurs veulent des plateaux unis, des motifs lignés et monocordes. La déformation est devenue imperfection.


Les vitres et carreaux derrière lesquels nous observons le monde moderne, de fabrication industrielle contemporaine, présentent de la même façon une transparence uniforme, impeccable et lassante.
Pour ma part, je jubile à l'occasion devant ces grandes fenêtres de maisons anciennes et d'hôtels particuliers (non encore changées), où le verre semble avoir été coulé de manière artisanale, en une nappe d'épaisseur et de densité inégale. Car on y trouve ces fameux noeuds de verre, petits fuseaux qui créent - lorsqu'on y approche l'oeil - une amusante distorsion du paysage, tant il est vrai que le réel donne rarement le plaisir de se plier sous nos yeux. C'est l'occasion de citer à ce sujet deux jolies pages d'André Pieyre de Mandiargues, qui nous incite à garder ce salutaire point de vue sur le monde, dans L'âge de craie.




André Pieyre de Mandiargues, L'âge de craie, NRF Gallimard, 1967, 226 pp. accessible ici.

11.3.07

La Méduse - Scratchophone v 0.4





Découvert par hasard, le site scratchophonic.com réfère à une coopérative de facteurs d'instruments et d'artistes associés sous le mystérieux nom de "La Méduse", en vue de créer de nouveaux prototypes d'instruments. Dont ce spectaculaire scratchophone, version 0.4 (il faut voir les versions initiales sur le site - cliquer sur le titre et suivez le lien) particulièrement réussi parce que l'instrument ressemble à une petite percussion de type bongo qui se porte en bandoulière. Mais ce n'est rien moins qu'une platine vinyle portative, montée sur une caisse de résonance métallique, dotée d'un régulateur de vitesse et d'un système d'amplification-diffusion, et permettant de scratcher directement en tout lieu, voire de jammer sans déparer au sein d'un combo acoustique.

8.3.07

Hal Willner - Whoops I'm an indian


A la première écoute de ce disque improbable - et inégalement réussi, je me suis demandé où le producteur Hal Willner - évoluant depuis plus de 30 ans dans la galaxie pop-rock-jazz - est allé chercher ses sons étranges et son inspiration. En creusant un peu dans la bio du bonhomme, on constate qu'il a travaillé volontiers avec des artistes en marge des musiques mainstream (Laurie Anderson, William S. Burroughs, Gavin Friday, Lucinda Williams ou Allen Ginsberg). Et il se trouve qu'en 97, Hal Willner croise la route de Howie B. et de Mocean Worker (20 ans de moins chacun); le courant passe et les voilà partis pour concocter cette mixture musicale, avec leurs piles de disques (les choeurs de l'armée cosaque, Ernesto Tubbs, The Golden Gate Quartet, Sun Ra, White zombie...) qui émaillent d'échantillons saugrenus des morceaux inclassables. Mais quand même, chapeau bas ! Whoops..., que Willner édite sous son propre nom - lui l'inventeur du tribute album - a été une sacrée prise de risque face à ses pairs du showbiz américain.

Hal Willner (born 1957, Philadelphia, Pennsylvania) is an American music producer working in recording, Films, TV and live events. He is best known for assembling tribute albums and events featuring a wide variety of artists and musical styles (jazz, classical, rock, Tin Pan Alley).
In the 1970s he worked under record producer Joel Dorn. Willner is often credited as the inventor of the 'modern' tribute album with Amarcord Nino Rota in 1981. He became music supervisor of Saturday Night Live in 1981, a position which he has continued to hold. He has also produced records for Marianne Faithfull, Lou Reed, Bill Frisell, William S. Burroughs, Gavin Friday, Lucinda Williams and Allen Ginsberg, among others. He produced a live tribute concert to American singer-songwriter Tim Buckley, that ultimately launched the career of Tim's son Jeff. He has released one album under his own name: Whoops, I'm an Indian : a weird mix of samples partly taken from Howie B. and Mocean Worker's LP library.

7.3.07

Kent Henricksen - créations




Indéniablement étranges, surréalistes et d'une grande force évocatoire, les tapisseries de Kent Henricksen, ses motifs brodés notamment sur d'authentiques pièces de toile de Jouy, soudain contaminées par ces personnages encagoulés, corde-au-cou ; mais pourquoi cela est-il si fascinant ? Je rejoins l'interprétation qu'on trouve dans le site de We-make-money-not-art et que je reproduis ci-dessous en anglais. Henricksen joue avec des figures magiques ou secrètes. Il y a dans le personnage encagoulé une symbolique qui traverse l'histoire, à la fois éminemment moderne (les attaques de voleurs encagoulés au collant, le GIGN, les Cagoulards du Comité secret d'action révolutionnaire" (CSAR), le ku-klux-klan) et d'inspiration médiévale (le fantôme recouvert de drap blanc, le bourreau encagoulé, les ordres religieux secrets, etc.). D'où un effet à la fois anachronique et pas tant que ça, en même temps saisissant, comme si ces personnages (terroristes, gangsters, condamnés d'une autre époque ?), venaient troubler la paix de cette univers compassé de bonbonnière bourgeoise.

Kent Henricksen embroids seemingly innocent bourgeois sceneries with gruesome images as hoods, masks, ghosts and ropes.
The hooded figure is a universal symbol appearing in religious icnography and folklore in almost all cultures across many time periods. Our contemporary associations are strong reminders of this symbol's continued relevance. Contemporary personal associations can range anywhere from the parochial Dunce Cap to the photos of hooded Iraqi prisoners in the recent Abu Ghraib prison scandal to the racial hatred and venom embodied by the Ku Klux Klan."
Via We-make-money-not-art

4.3.07

Lasry & Baschet - Les structures sonores


Curiosité organologique et esthétique des années 60, les structures sonores des frères Baschet sont composées de tiges et barres métalliques, ballons en plastique remplis d'air, tiges de cristal et barres d'acier, plaques d'aluminium déployées en cornet, et n'utilisent aucun matériel électrique ou électronique.
"Deux types d’objets ont principalement été développés : les sculptures sonores et les structures sonores. Les sculptures sonores sont des objets-sculptures destinés aux musées, aux galeries d’art et aux projets architecturaux, car leurs qualités visuelles priment sur leurs qualités sonores. À l’inverse, les structures sonores, instruments musicaux destinés aux musiciens, voient leurs qualités sonores primer sur leurs qualités plastiques." (http://www.baschet.org/structures).

Si bien que l'ensemble apparaît comme une sorte de gamelan high tech, spectaculaire à voir autant qu'à entendre. Et on ne peut que regretter que les enregistrements discographiques ne rendent pas cet effet visuel surprenant, ni le jeu d'Yvonne et Jacques Lasry, émettant les sons par le frottement des tiges verticales de cristal, ou par la mise en vibration et la percussion de barres et de plaques métalliques.

En écoute un rip de la face A (d'un seul tenant), offrant une palette de tonalités riches, profondes et mystérieuses, que les amateurs d'expérimentations contemporaines apprécieront plus que les amateurs de lounge "électro-acoustique". Car les structures sonores ont peu en commun avec les hybridations plus ludiques de pop, jerk et musique concrète des années 60-70, réalisées notamment par Pierre Henry, Bernard Parmegiani (Pop'Eclectic) ou par Vincent Geminiani (Modern Pop Percussion), qui avait inventé de son côté un métallophone cousin (la bronté).
Face a / A side :
Pièces nouvelles (Jacques Lasry)
Marche (Daniel Ouzounoff)
Suite (Jacques Lasry)
Ballet du Soho (Jacques Lasry)


The Baschet Brothers, Francois and Bernard, a sculptor and an engineer, respectively, collaborate on creating sound sculptures and inventing instruments. Beginning in 1952 the Baschets started research into all existing musical instruments and put this knowledge to work in creating dozens of "structures sonores" ('sonorous sculptures'). Their visually striking instruments are crafted out of steel and aluminum and amplified by large curved conical sheets of metal ; some small, some over 20 feet high and incorporating glass rods, metal cones, wires’, plastic inflatable resonators, and many other devices, these fascinating structures are not only cosmetically entracing, but produce an incredible range of sounds and varied sonic textures.. One example of this is the Hemisfair Musical Fountain, which consists of an array of posts at the top of which are groups of conical sound diffusers, and above them circles of metal prongs. These are played by jets of water aimed by observers.
Some, such as the recent ‘Cristal’ have evolved into extremely sophisticated fully chromatic musical instruments that are just as practical to use as their traditional counterparts, and are regularly used for performances of anything from Bach to Jazz, and a massive range of contemporary music.

3.3.07

Pascin - Exposition


Nous avons parlé de Pascin via le beau petit livre de Stéphane Lévy-Kuentz. Allez voir l'exposition à Paris, avec plus de 150 des oeuvres du peintre.

"Pascin (1885-1930)". Fondation Dina Vierny, Musée Maillol, 59-61, rue de Grenelle, Paris-7e. Mo Rue-du- Bac. Tél. : 01-42-22-59-58. Du mercredi au lundi, de 11 heures à 18 heures. 8 €. Jusqu'au 4 juin.

Manu Dibango - African Voodoo


Si vous avez apprécié la B.O. Countdown at Kusini, voici encore un témoignage assez éclatant du talent du sieur Dibango, dans une veine afro-funk et loungy.
Cliquez sur le lien du titre qui vous emmène sur le blog de Quimsy's Mumbo Jumbo.

2.3.07

Orlan - Self Hybridations


J'ai été par le passé assez intrigué (sans être véritablement séduit) par le travail de chirurgie plastique d'Orlan sur son propre corps, travail qui ne s'inscrit pas dans une quelconque chirurgie esthétique personnelle mais plus dans la recréation du corps via des implantations, greffes (superbes bosses aux tempes !) et réincarnations diverses. Et je n'y avais pour ma part pas vraiment senti l'humour qu'on prête à sa démarche.
Mais ces self-hybridations sont absolument superbes, saugrenues et pleines d'humour. Orlan va encore plus loin dans la recréation du corps grâce aux outils numériques ; retraitant ses images avec l'aide et le talent d'un infographiste, elle démontre que le corps lui-même est dans toutes les cultures objet de transformations, scarifications, élongations. D'où cette extraordinaire africaine peroxydée et bigoudinée, à la lippe inférieure transformée en BN au chocolat ou en... croque-monsieur, selon que l'on voit dans cette femme un désir alimentaire ludique (qui va avec les biscuits dans les oreilles) ou un clin d'oeil anthropophage, qui va avec le regard et les dents de croqueuse !
Cela rappelle la très belle pochette du disque Homogenic de Bjork, où la chanteuse islandaise posait en geisha futuriste. Pour finir sérieusement, quelques mots de la belle Orlan pour expliciter sa démarche :
"Cette incarnation était importante, car toutes les civilisations ont "fabriqué" les corps et les software qui sont à l'intérieur. Lorsqu'on dit "je veux, j'aime, je désire...", on croit que ce "je" est l'expression la plus personnelle, alors que nous ne sommes que des buvards, des surfaces d'inscription où l'idéologie dominante s'exprime et parfois même pérennise les bévues de la tradition. J'ai tenté de faire un pas de côté."
Reconnue pour son caractère novateur et sa complexité, la série Self-Hybridations a reçu le Premier Prix de la Griffelkunst de Hambourg (1998) et le Prix Arcimboldo pour la création numérique de la Fondation Hewlett Packard, de " Gens de l’image " et des Laboratoires Picto, accompagné d’une exposition personnelle à la Maison Européenne de la Photographie ( septembre 1999 )

Orlan is a French artist, born May 30th- 1947, in Saint-Etienne. She lives and works between Los Angeles, New York and Paris. In 2006-2007 she is invited as a scholar in residence at the Getty Research Institute in Los Angeles. She is on the board of administrators for the Palais de Tokyo in Paris, and is a professor at the Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Cergy.
Orlan is not an artist of one medium. She is mostly famous for her work with plastic surgery in the early to mid nineties, but she has a body of work that started long before, and that still today, is evolving and innovating.

Her most famous and controversial works include:
Documentary Study: The Head of Medusa– it took place at the Musee S. Ludwig, Aix la Chapelle. The motto of the performance is Freud’s text on the Head of Medusa "At the sight of the vulva even the devil runs away.” The artist displayed her sexual organs during her period, under magnifying glass.
The Reincarnation of Saint Orlan which started in 1990 involved a series of plastic surgeries in the course of which the artist started to morph herself with some of the most well known paintings and sculptures including Mona Lisa
This Is My Body, This Is My Software performance accompanied by a book and a CD ROM.
The Kiss of the Artist performed in 1977 outside the Grand Palais, site of FIAC, the French art fair. A life-size photo of her torso was turned into a slot machine. After inserting a coin, one could see it descending to the crotch and then was awarded with a kiss from the artist standing on a pedestal nearby. This piece will be shown again at the "WACK!Art and the Feminist Revolution"