14.3.07

André Pieyre de Mandiargues - L'oeuf dans le paysage

Savez-vous que dans le domaine du mobilier industriel, parmi les critères de fabrication des placages de bois pour les meubles, les plateaux, les planches dont on fait la table ikéale, il y a l'absence de noeuds (ces déformations de la substance ligneuse notamment du tronc) ?. Les consommateurs veulent des plateaux unis, des motifs lignés et monocordes. La déformation est devenue imperfection.


Les vitres et carreaux derrière lesquels nous observons le monde moderne, de fabrication industrielle contemporaine, présentent de la même façon une transparence uniforme, impeccable et lassante.
Pour ma part, je jubile à l'occasion devant ces grandes fenêtres de maisons anciennes et d'hôtels particuliers (non encore changées), où le verre semble avoir été coulé de manière artisanale, en une nappe d'épaisseur et de densité inégale. Car on y trouve ces fameux noeuds de verre, petits fuseaux qui créent - lorsqu'on y approche l'oeil - une amusante distorsion du paysage, tant il est vrai que le réel donne rarement le plaisir de se plier sous nos yeux. C'est l'occasion de citer à ce sujet deux jolies pages d'André Pieyre de Mandiargues, qui nous incite à garder ce salutaire point de vue sur le monde, dans L'âge de craie.




André Pieyre de Mandiargues, L'âge de craie, NRF Gallimard, 1967, 226 pp. accessible ici.

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