19.5.07

Tetsu Inoué - World Receiver


Un petit extrait d'un texte de Yves blanc, le chroniqueur- explorateur de musiques rares de l'émission radio "La planète bleue".
"Tetsu Inoue est un chercheur, un sculpteur audio, un inventeur d'avenir. Génie méconnu de l'ambient nipponne, collaborateur de Bill Laswell, Atom Heart, Pete Namlook et Haruomi Hosono, il a réalisé une trentaine de CD solo et son nom orne une myriade d'albums electronica ou expérimentaux. En Indonésie, il étudie la musique traditionnelle de transe. En Inde, il pratique la méditation et le yoga. Au Japon, il compose pour des chorégraphes contemporains. A San Francisco, il se passionne pour l'architecture. Entre son et musique, Tetsu Inoue compose exclusivement au computer. Ses perspectives contemplatives sont truffées de gargouillis numériques et d'échantillons glanés lors de voyages autour du monde, au confluent de l'expérimental et du mélodieux."

Après Luke Slater, restons encore un peu dans les années 90, où la techno s'apaise et se ressource en afters inspirés des musiques électro-planantes, répétitives ou minimales des années 60/70. Et là il y a un arbre qui cache la forêt. Pour faire court, on va dire que c'est The Orb qui raffle la mise de la chill-out music, en mélangeant les disques d'Ash Ra Tempel, de Klaus Schulze et assaisonnant le tout de basses dub et de sons environnementaux : recette d'apparence grossière mais nouvelle et accrocheuse, copiée par des myriades de suiveurs et de compiles moins inspirés, d'où - entre autres - une dévitalisation rapide de la tendance. Or il y a des dizaines d'artistes qui s'inscrivent dans une discrète vague de fond - bien avant et après le reflux de la déferlante chill-out : Eno bien sûr et ceux de sa génération (Jon Hassel, Harold Budd), et les plus jeunes (Pete Namlook, Steve Roach, Robert Rich, Biosphere, Mixmaster Morris, Adam Shaikh...). Tetsu Inoué est de ceux-là.
Avec World Receiver, édité en 1996, il a choisi d'éviter la grande fresque soporifique pour rester en orbite terrestre, captif d'une enveloppe invisible de communications satellitaires ; ou aux commandes d'un syntoniseur de tuner glissant sous l'arrosage diffus des grandes ondes radio. Il ramène dans ses nasses des coquillages aux sonorités étranges : bribes de voix qui retournent au néant, clapotis, insectes, filaments de fêtes foraines, marécages pleins de coassements véspéraux. Ces échantillons rapportés de ses voyages sont clairsemés en arrière-plan, derrière un substrat de particules sonores échappées dans la stratosphère (modulations électroniques codées, transmissions, avec leur cortège d'échos et de parasites) jusqu'à former un réseau de purs signifiants électro-acoustiques.
Le lien copié ici est chez Fauni Gena (http://faunigena.blogspot.com) : blogrotte aux trésors pour tous les amateurs d'ambient (on dit Merci !).

"Where to begin? World Receiver is quite possibly the one seminal disc that defines what ambient music is. It is the modern version (although recorded in 1996) of Brian Eno's On Land. In the middle of 1996, Inoue put together a recording combining atmospheric ambient and soundscapes evoking distant lands, faraway places. Nothing though particularly new to the followers of Inoue's work or in the field of ambient at that time. What separated World Receiver from Inoue's history and from the rest of the pack, was the seamless blending of environmental recordings literally from all over the world. The resulting collage was extremely detailed and precise without suffering from the weight of hundreds of hours of work and editing. It is a subtle texture from Inoue acting as a filter to what is intended to be receptions of signals from across the globe through one 'world receiver' radio. This is the audio document of the memory of paths travelled, sights observed, voices heard - arbitrarily collected and purposefully assembled to a magnificent end. Originally issued by Instinct records in 1996, World Receiver has been out of print for many years. It is held in the highest regard by fans of ambient and Inoue worldwide.
The rip is linked here thanks to Fauni Gena.