9.5.07

Sandale vs Tong


En découvrant le vestige intact d'une sandale dans un numéro d'Archeologia (image de gauche - époque du Kerma ancien ; env. 2450-2050 av. J.C.), j'ai été frappé par la permanence de cette forme multimillénaire. Car la sandale existait déjà du temps de l'antiquité égyptienne. Confectionnée en cuir, en paille tressée, en lanières de feuilles de palmier ou de papyrus, en joncs ou en roseaux des marécages, en or pour les notables et les pharaons, elle reste un objet de luxe. Les sépultures en ont livré de nombreux exemplaires.
Comme en Egypte, la sandale est la chaussure la plus courante dans la Grèce antique. Portée par les hommes et par les femmes, la sandale grecque se compose d’une semelle de cuir ou de liège, pouvant varier en épaisseur, différente pour le pied droit et le pied gauche. Des courroies la maintiennent au pied. Simples au début, elles deviennent d’une élégante complication par la suite (spartiate, etc.).

Et pourtant, cinq millénaires après la sandale égyptienne et ses mutiples avatars, c'est la forme la plus simple que l'on retrouve aujourd'hui dans la sandale la plus répandue, celle de l'espèce dite tong ; un design qui n'a pas changé d'un iota : une semelle découpée à la forme du pied, une courroie à deux brides piquée à l'avant entre le gros et le second orteil, à l'arrière sur les côtés. A bien y réfléchir, rien d'étonnant. L'anatomie et la fonction dictent leur loi sur la forme ; et la forme parfaite a été trouvée très tôt, c'est donc cette intelligence de la simplicité qui me fascine. Sandale de l'Egypte ancienne et tong brésilienne moderne, même combat, ou presque, car les usages eux ont changé : lorsque Pharaon pénètre dans le temple, ou quand ses sujets célèbrent le culte des défunts dans les chapelles funéraires, ils laissent leurs sandales à la porte du sanctuaire. Lorsque les baigneurs du monde entier s'apprêtent à entrer dans la mer, ils laissent leurs tongs dans le sable de la plage. On est juste passé du grave au léger, du culte des morts à la culture des loisirs.