14.5.07

Georges Hugnet - Collages





Saluons l'arrivée de Losfeld dans les blogs de Martian Shaker, avec un premier texte sur un prince du collage surréaliste.

Georges Hugnet (1906-1974) est de ces poètes qui opèrent dans les recoins que l’on aime à découvrir, des années ou des siècles plus tard. Recoins de la littérature, de la dramaturgie, de la critique et des arts graphiques. Il n’acquerra jamais la notoriété des plus grands malgré une œuvre riche et intrigante. Son théâtre d’amour et de rêve se joue loin des feux de la rampe, avec lesquels il allume sa cigarette, qui ne finira de se consumer que lorsque les livres et les curieux auront disparu.
Repéré par André Breton pour son approche du mouvement Dada, il intègre le groupe surréaliste en 1932 et, comme la plupart des membres de ce foisonnement hétéroclite d’allumés et de génies, il subira une exclusion et de nombreuses brouilles avec le fondateur.
Peu importe aujourd’hui les querelles d’alors, son travail témoigne d’une liberté d’esprit qui se moque des étiquettes, des modes et des classifications. Seul un grand souffle de liberté l’anime et l’amène aux confins de l’étrange beauté des carrefours. Dans son œuvre graphique en effet se mêlent de multiples éléments qui feront de lui l’un des maîtres incontestés du collage et du montage poétique, aux côtés de Max Ernst et de quelques autres. Comme le souligne Timothy Baum, les collages d’Hugnet se subdivisent en trois catégories : « les images sans mots », dont les motifs sont puisés dans une multitude de sources allant du magazine à l’almanach ; les œuvres associant mots et images, formant ainsi des poèmes-collages d’une force évocatrice sans limites ; enfin, des associations de collages et de « décalcomanies à la gouache », technique découverte par Oscar Dominguez en 1934.
Ainsi se déploie l’éventail imaginaire d’Hugnet, faisant surgir des femmes nues enchaînées dans une brume lugubre, surprenant des prêtres lorgnant en douce de jolies jeunes femmes, ou nous laissant observer le spectacle d’une fin d’orgie lesbienne en plein cœur d’une forêt.
Les éditions originales de ces petits univers bizarres sont aujourd’hui des pièces de collection rêvées pour tout amateur de merveilleux surréaliste. La plus connue d’entre elles est probablement La septième face du dé, avec une couverture de Marcel Duchamp.
Louons les éditions Léo Scheer pour avoir fait paraître en 2003 un sublime ouvrage richement illustré des collages de cet insoumis aux mille images, accessible ici.
Losfeld



Georges Hugnet, French poet, collage artist and critic, was born in Paris in 1906. He spent most of his early childhood in Buenos Aires, Argentina, and in 1913 returned to Paris Hugnet’s early rebelliousness eventually developed into a combative, stubborn nature causing quarrels with publishers, other artists, poets, friends, and family throughout his life.
Hugnet was a man of many talents and dabbled in a variety of artistic pursuits including poetry, editing, publishing, translating, film and play writing, acting, rare book collecting, and book binding design until his death in 1974.
Influential friends and mentors played an important role in Hugnet’s career. In 1920, he developed a friendship with his downstairs neighbor Marcel Jouhandeau. Jouhandeau influenced the young poet Hugnet and introduced Hugnet to his hero Max Jacob. During this time, Hugnet was also befriended by a number of other influential artists of the early 20th century, namely Joan Miró, Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Tristan Tzara, Man Ray, and Jean Cocteau. With financial backing from his father, a furniture manufacturer, Hugnet established the publishing company Les Editions de la Montagne with the intent of publishing his own works and the work of his close friends including Tristan Tzara, Pierre de Massot, and Gertrude Stein.

In the 1930s Hugnet became involved with the Surrealist movement. André Breton, the self-declared "Pope" of the Surrealist movement, became interested in Hugnet after reading an article titled "Spirit of Dada in Painting" that Hugnet had written. When a mutual friend of both men, Tristan Tzara, introduced them, Hugnet became one of the Surrealists. He continued contributing to the Surrealist movement until 1939 when Breton "excommunicated" Hugnet for his failure to cease his friendship with former surrealist Paul Éluard.