17.4.08

Paddy McAloon - I Trawl the Megahertz


Il faut croire que la cécité inspire de grandes symphonies ambient. Après Simon Fisher Turner, dont l'oeuvre musicale culmine avec l'illustration sonore du film Blue (voir le post sur Derek Jarman), voici la merveille orchestrale (passée inaperçue) de PaddyMcAloon, chanteur et compositeur des défunts écossais Prefab Sprout. En 2003, affecté d'une maladie de la vue, il s'attache à son poste radio et tire de ses syntonisations aléatoires des bribes d'histoires dont il compose une fresque qui tient à la fois de la musique classique, des musiques nouvelles et des ambiances de jazz. Mais de tout cela Caroline Bodin parle beaucoup mieux que moi chez Fluctuat.net.
"Temporairement aveugle, retranché chez lui, il se raccroche au monde qui l'entoure en écoutant la radio. De cette expérience étrange est sorti un album unique, à mi-chemin entre le jazz, la musique contemporaine (on pense parfois à Gavin Bryars ou John Tavener) et certains courants musicaux vaguement assimilés au trip-hop dont font partie Craig Amstrong ou Alpha. Le premier morceau, I Trawl the Megahertz, est une entrée en matière qui se passe de commentaire. Plus de 20 minutes, voilà la durée de cette plage à la fois répétitive et envoûtante. Une actrice récite, d'une voix quasi monocorde, les phrases lapidaires de la solitude ordinaire que McAloon a recueillit sur les ondes, des bribes de poésie involontaire qu'il a merveilleusement su mettre en valeur. Les cordes glissent et l'on retient son souffle pour écouter, hypnotisé par ce journal intime musical, série de rencontres faîtes à tâtons, frôlements imperceptibles d'existences froissées qui se répètent, encore et encore : « I'm telling myself the story of my life…happiness is only an habit…forgive me, I'm sleepwalking »…

Le talent du compositeur surprend, l'énigme personnelle prolonge l'écoute et l'album, entièrement basé sur le principe de la musique répétitive, se révèle être une expérience fascinante, et presque muette, si l'on exclut le monologue de la comédienne. Une fois, une seule, Paddy McAloon chante, sur le magnifique et crépusculaire Sleeping Rough qui annonce la fin de l'album. On mesure alors la somme de ses angoisses, l'étendue de sa peur face à la mort et au temps qui s'enfuit. Mais comme le faisait la Selma du film, c'est l'oreille tendue et les yeux tournés vers le ciel que l'homme continue son chemin, vers la lumière."


To many Prefab Sprout is Paddy McAloon; the driving force, songwriter, guitarist and predominant singer in the band. But 'I Trawl The MEGAHERTZ' is a first shift away from the band concept. Instead he uses an orchestra. This is an area McAloon has dabbled in before, resulting in the glorious 'Hey Manhattan!' and 'Nightingales' singles plus the sumptuous arrangements on 1997's 'Andromeda Heights' album. This time, however, McAloon's distinctive vocals feature only once and even then only briefly. Unquestionably the highlight of this first "solo" album is the title track; a sprawling Debussy-inspired classical piece, laden with gorgeous string arrangements and topped off with narration from the hitherto unknown Yvonne Connors. The words are based on radio talk shows which became something of an enforced hobby for McAloon whilst he underwent eye surgery; his reading and writing obviously hindered to a large extent. Connors delivers the lines so well that when phrases like "Your Daddy loves you very much; he just doesn't want to live with us anymore" are spoken - set against a wash of supreme arrangement - the effect is genuinely heartbreaking. It's no surprise, therefore, that the remaining eight - considerably shorter - tracks have no way near the same effect. Granted, 'Espirit De Corps' maintains a wonderful almost-Disneyesque feel but pieces like 'We Were Poor...' and 'Fall From Grace' keep a seamless flow together but pass by pleasantly and '49' is a polite imitation of the lead-off track. For 20 blissful minutes though, McAloon is inspired.

4 commentaires:

Ferrus a dit…

A great blog!

Anonyme a dit…

Je découvre ton blog en cherchant des infos sur ce cd que je connais depuis longtemps et qui me fascine toujours autant. Ta critique est réussie et juste. J'espère que beaucoup auront envie de découvrir cet album touchant. Moi je fais un tour sur ton blog...
Garrincha

Anonyme a dit…

oui c'est vrai que c'est un album splendide. juste une petite précision: la radio à laquelle est attaché Paddy est une "radio amateur" celle pour converser avec d'autres personnes et non pas le "programme radio". Paddy l'a utilisé car il ne pouvait plus lire et ce sont les bruits des voix captés à l'autre bout du monde pendant sa maladie que l'on entend à un moment du disque
excellente idée quoiqu'il en soit, une merveille de finesse et d'intelligence
lilac

Martian Shaker a dit…

Il y a quelques disques magiques, comme ça, je les recherche sans les connaître.
Merci pour la rectification sur la radio et ... au plaisir de vous relire sur Martian Shaker !