8.1.07

tetra pak (création : 1951, Lund, Suède)


Le tétrapak, je tombe dessus par hasard et c'est un pan de mes courses d'enfant à la superette qui resurgit (chacun sa madeleine !). Déjà à l'époque ce truc me laissait perplexe (tétrapak - t'es de traviole) ; l'objet en cuisine rendait furieuse ma mère qui tentait d'en déchirer rageusement la pointe, perdant la moitié du contenu, adieu pâte à crêpes !. J'entrevoyais confusément qu'on tenait là une forme alienne, dangereuse, multi-exploitable, et qu'on ne tarderait pas à nous la présenter à l'école en guise de problème de géométrie ou pire, de support créatif pour la fête des mères.
Le Tétrapak n'est pas si loin que ça et déjà vintage. On peut raisonnablement entamer une archéologie des objets de consommation moderne, tant l'oubli et l'innovation permanente recouvrent facilement ces objets anciens. C'est d'ailleurs un peu la démarche de Philippe Delerm et quelques écrivains avec "Petite brocante intime", qui nous rappelle les grandes heures du balai Bissel et autres merveilles de vide-grenier.
Cher Tétrapak, je crois que les distributeurs t'ont depuis belle lurette et crème fleurette mis au rancard des formes improbables que nous ait donné le design industriel. Car il faut savoir que cet objet est une invention de 1951, issue de l'esprit visionnaire de Ruben Rausing, industirel suédois. Avec son associé Akerlund, Rausing "essaie de mettre au point un contenant utilisant un minimum de matériau et parfaitement hygiénique pour conditionner le lait. Les premières études, réalisées en laboratoire par Erik Wallenberg, l'assistant de Rausing, révèlent que pour un carton de lait, la forme optimale est le tétraèdre". Cela m'enchante d'apprendre qu'il y a eu une époque où "le tétraèdre était la forme optimale". Dans les années 60 on était encore dans une logique de production et non de consommation. Il reste un peu de poésie dans cette forme incongrue, avant que le marketing du pot, du bidon et de la brique (Tétrabrik ils sont toujours là !) ne vienne rationnaliser l'espace du linéaire "frais".

in Design Scandinave, Charlotte & Peter Fiell, Taschen, 479 pp.

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