27.9.08

Francesco Finizio - Dialogues avec la grande distribution

Pour continuer sur les marques et la grande distribution, je ne peux m'empêcher de vous livrer la (soi-disant) très sérieuse lettre d'un prétendu Francis Devriendt au Directeur d'Auchan à Marseille.
Ce dispositif énonciatif - bien entendu - complètement factice est l'oeuvre de Francesco Finizio. Il vise à piéger le distributeur et à le mettre en (mauvaise) posture de répondre sérieusement à une doléance atypique, naïve voire idiote, située dans un à-cheval saugrenu entre l'art et la publicité ; doléance qui ne saurait correspondre aux attentes du supermarché, mais qui interroge, dans sa démarche, l'hypothèse assez surréaliste du produit de grande consommation présenté sous forme d'installation dans une grande surface, comme dans une galerie d'art contemporain.
Le plus drôle est d'imaginer que cette lettre a probablement fait le miel ricanant et cynique du service des ressources humaines, qui s'est ensuite appliqué à éconduire "sincèrement" le demandeur.


Cliquez sur la lettre pour l'agrandir.
La lettre est extraite de l'essai très documenté de Jean-Yves Jouannais sur L'idiotie. Elle est accompagnée de trois photographies que mon scanner malheureusement défectueux ne peut reproduire.
Imaginez la première : trois bananes disposées en triskel sur un carrelage blanc...
Installé à Marseille peu après sa participation à Cosmos au Magasin de Grenoble (1995), Francesco Finizio montre dans la ville phocéenne un travail dont la reconnaissance ne peut aller qu’en s’amplifiant. Son exposition à la galerie RLBQ, conjointe à la présentation d’une oeuvre au [mac], confirme ainsi sa Ligne ouverte (2000) achetée par le Frac, ses Dialogues avec la grande distribution (2001), son Centre de tri visuel (2002-2003, au 3bisF d’Aix), ses Transmetteurs polyphoniques de rêves, Pléstéchonne et Eco-Filtre audiophonique, également visibles au [mac] en 2003. D’ascendance italienne, Francesco Finizio, vivant en France, est bien américain: né à New York en 1967, il y a fait ses études artistiques au Hunter College, là où son enseignant Robert Morris a lui-même passé ses diplômes. De tels zigzags culturels ne sont certainement pas étrangers à l’une des constantes de son travail: la mise en visibilité – en audibilité – des difficultés de transmissions ou de traduction de toute forme de langage, verbale ou visuelle. Sylvie Coëllier, historienne d'art.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Shaker,
j'ignore qui est responsable de ce blog mais je lui adresse toutes mes félicitations et mes remerciements; ça fait quelques mois que je me promène chez vous et si j'ai une certaine prédilection pour la musique électro j'avoue ne pas rechigner à explorer vos autres posts.
Bravo, continuez.
Et après les bananes ya quoi? très rigolo.
Bischheim Wanderer

Martian Shaker a dit…

Merci pour les encouragements.
Concernant les visuels de Finizio, je vais me résoudre à poster mon scan (médiocre) ou à réaliser un scan de meilleure qualité.
Au plaisir de vous lire au détour de ce blog !
Martian Shaker

Anonyme a dit…

bonjour shaker,

faudrait juste mentionner que l'extrait de texte cité est de Sylvie Coëllier, historienne d'art.