18.2.08

Gilbert Dupé - La barque de nuit


Il convient de ne pas confondre ce livre oublié, publié aux Editions de la Table Ronde et au Club international du Livre en 1952, avec La Barque de Nuit du contemporain Christian Combaz. Je n'ai pas lu celui de Combaz, mais le roman de Dupé s'impose comme un fleuron de la littérature insulaire ; "...plein de sortilèges, où l’on retrouve l’ambiance du cinéma fantastique à la Marcel L’Herbier, La Barque de Nuit est un hymne à l’île de Sein, lieu d’une fusion entre le ciel et la terre ; c’est aussi une histoire d’amour entre un îlien et une femme venue de la mer, « qui ne semble pas faite d’un vrai sang »… Ce personnage muet, insaisissable, dont les gens pensent qu’il porte malheur, viendrait-il de la « Barque de nuit », esquif conduit par les fantômes des marins morts en mer ?" lit-on dans le résumé du site du Nouvel Attila.
Dans cette île austère tenaillée par la mer et les superstitions (Dupé s'intéresse au folklore et aux croyances régionales), presque un huis-clos entre les notables locaux, le pêcheur amoureux, sa mère détentrice de pouvoirs occultes, la "sirène" en proie à la jalousie des femmes, Dupé file un récit de la plus belle corde lyrique : la terre est comme un bateau dévoré par les lames, la mer est personnifiée comme rarement dans la littérature. La narration est un de ces filets de pêche qui vous capture par grandes claques, vous fait bouffer de la mer de tous les côtés, avec une langue imagée, pleine des mots des marins, verte de varech et de patois breton.

Voici les deux premières pages :



C'est sur les bords de la Loire, à Nantes, le 30 août 1900, qu'est né Gilbert Dupé. Sa famille paternelle est d'origine paysanne. C'est son père, horticulteur et paysagiste, qui traça les plans de la fameuse station de bains de mer La Baule. Du côté maternel, Gilbert Dupé descend de soldats et de marins (...). L'intention de son père avait été de faire de lui un ingénieur, mais lui-même sentait peu à peu naître en lui sa vocation d'écrivain et affichait une grande répugnance pour les mathématiques. Cependant il suivit les conseils paternels et entra comme dessinateur aux Chantiers navals de la Loire. Là, il travaillera pendant plusieurs années, dessinant des formes de navires de tous tonnages. Ce travail devait lui être utile lorsqu'il écrivit son second roman La Figure de proue (...) Tout en continuant son métier de dessinateur, il est rédacteur en chef d'une revue régionale. Il publie des vers, de contes, des études critiques. ... Bientôt, il ne résiste plus à l'attrait de la capitale, quitte Nantes, et monte à Paris un cabinet d'affaires cinématographiques commercial : il s'occupe de contentieux, d'assurances, de vente et d'achats de salles de projections (...) On a pu dire de Gilbert Dupé que ses dons de conteur faisaient de lui un héritier direct de Maupassant.

Notice de la Ferme du pendu au Club français du livre.

1 commentaire:

BANNISTER a dit…

Un Conrad Aiken Français!