6.9.06

Jean-Léon Gérôme - Peintre orienté


Harem


Le marchand de tapis


Bashi-Bouzouk noir


La Grande Piscine de Bursa


Le bain

L'exposition parisienne actuelle sur Pierre Loti donne l'occasion de voir une toile de Jean-Léon Gérôme (1824-1904), par ailleurs considéré comme un peintre de commande, livrant de belles scènes dans un style académique, réaliste et grandiloquent, mais sans véritable innovation sur le plan pictural. Il est vrai que Gérôme, embourgeoisé et au fait de sa notoriété dans les années 1860 s'assied un peu sur ses lauriers académiques au lieu de rester ouvert au fourmillement des idées nouvelles. Vieillissant dans les années 1890, il reste arc-bouté à des codes esthétiques classiques, qu'il maîtrise avec virtuosité. Et puis il y a eu cette grosse erreur de jugement, que l'histoire de l'art ne lui a pas pardonnée : il est resté imperméable au talent dans les toiles de Courbet, Manet, Caillebotte, Pissaro. Son attitude réactionnaire vis-à-vis de l'impressionnisme et de la révolution subjective qu'apporte le regard de ses peintres, lui vaudra une large baisse de popularité et un égal rejet de la part de la critique du XXème siècle. D'où l'oubli du bonhomme et de ses toiles, jugées complaisantes.
Je ne partage pas cet avis. Son talent est celui d'un ethnographe, d'un archéologue, d'un voyageur au pinceau photographique... pas d'un révolutionnaire de la peinture ; il n'a pas eu le pressentiment de la beauté des impressionnismes, soit. Après tout - aujourd'hui - combien de compositeurs sexagénaires nourrissent un secret mépris pour la techno ou l'électro ?.
Gérôme n'a cessé, dans sa première période, de sillonner les mondes arabes, de croquer des scènes de la vie courante, en Turquie, sur les bords du Danube (1854) et en Egypte (1857). Il a su à merveille restituer la lumière diffuse dans la pénombre des harems, les corps un peu gras des femmes au bain turc, les merveilleuses couleurs des tapis, des soieries et des étoffes, des carreaux et des zelliges de l'art oriental.



Gérome, whose father was a goldsmith, studied with J.-H. Delaroche. His historical and mythological compositions, such as “Pygmalion and Galatea” (Metropolitan Museum of Art, New York City), were anecdotal, painstaking, often melodramatic, and frequently erotic. The surfaces of his paintings were highly finished, and he was fascinated with technical virtuosity. He was a good draftsman in the tight linear style of Jean-Auguste-Dominique Ingres and an inventive illustrator in the manner of Delaroche. A trip to Egypt in 1856 introduced an exotic element into his painting—e.g., “Prayer in the Mosque of 'Amr, Old Cairo” (c. 1860; Metropolitan Museum of Art). During the last 25 years of his life he concentrated on sculpture. As a teacher at the École des Beaux-Arts, he counted among his many pupils Odilon Redon and the American artists Thomas Eakins and J. Alden Weir. A highly successful artist, Gérome exerted great influence in the Paris art world. He was exceedingly hostile to the Impressionists and, as late as 1893, urged the government to refuse a bequest of 65 of their works.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai lu énormément de critiques asssassines à son propos depuis le commencement de l'exposition lui étant consacrée au musée d'orsay.
Je trouve cela incroyable que le jugement de son comportement quant à l'impressionnisme puisse à ce point conditionner l'appréciation par des personnes,à priori ouvertes, sur son travail.
On parle en effet de cette "erreur" qu'il a pu commettre en rejetant la modernité picturale de son époque, mais cette éventuelle fermeture d'esprit n'atteint pas celle de nos actuels critiques d'art qui avec à leur disposition un recul suffisant, ne dépassent absolument une autre forme de réactionnisme qui est de rejeter en bloc toute forme d'académisme, un état d'esprit qui dure depuis un peu trop longtemps à mon gout.
Tout cela pour témoigner de mon soulagement ainsi que du plaisir que j'ai eu à lire votre article.
De voir que je ne suis pas la seule à considérer la relativité de sa personnalité quant à son oeuvre (encore une fois contraiement à l'opération intectuelle de l'opinin publique), m'est particulièrement agréable.
D'autant plus que vous faites preuve d'une certaine argumentation, ce dont la plupart des critiques ( notamment dans le figaro pour ne pas la nommer) sont en sont totalement dénuées.