27.9.06

Art Brut #0


Je m'aperçois en relisant le profil de Martian Shaker que ce blog ne serait pas complet s'il n'évoquait ce champ de productions hors normes, foutraques, poétiques, cachées, dérangeantes, inconnues des circuits institutionnels de l'art ; ces créations autistiques, compulsives, réalisées sans le moindre souci du spectateur, et qu'on a qualifiées d'Art Brut : toiles, dessins, assemblages, produits par des retraités, des paysans, des fous, des bouchers, des facteurs. Ce sont des "marginaux réfractaires au dressage éducatif et au conditionnement culturel, retranchés dans une position d’esprit rebelle à toute norme et à toute valeur collective. Ils ne veulent rien recevoir de la culture et ils ne veulent rien lui donner." (Michel Thévoz)

C'est Jean Dubuffet qui en France le premier découvre ces pièces dotées d'une étrange beauté et choisit de les élever au rang d'oeuvres (et non de sujet de thèses de doctorat en psychiatrie); Dubuffet qui s'acharnera toute sa vie durant à collectionner les trouvailles, étudier et documenter le fonds, installer un musée, chercher en France et à l'étranger où se trouve l'art brut. Car il ne tente pas de définir l'art brut mais de le dénicher, là où il est - au fond d'une grange, dans un hôpital ou un garage - diamant brut dans sa gangue de terre. Avec respect et simplicité, Dubuffet s'attachera à juger les oeuvres et non les hommes, à voir non pas la névrose dans les figures ou les couleurs, mais la puissance de l'expression, la cohérence d'une syntaxe plastique, telle qu'on peut l'admirer dans un dessin d'enfant.

"L’œuvre est donc envisagée par son auteur comme un support hallucinatoire ; et c’est bien de folie qu’il faut parler, pour autant qu’on exempte le terme de ses connotations pathologiques. Le processus créatif se déclenche aussi imprévisiblement qu’un épisode psychotique, en s’articulant selon sa logique propre, comme une langue inventée. D’ailleurs, quand les auteurs d’Art Brut s’expriment aussi par l’écriture, c’est en accommodant la grammaire et l’orthographe à leur tour d’esprit. C’est une création impulsive, ..., qui n’obéit à aucune demande, qui résiste à toute sollicitation communicative, qui trouve peut-être même son ressort à contrarier l’attente d’autrui." Michel Thévoz, tiré de "Art brut, psychose et médiumnité", Editions de la Différence, Paris, 1990, pp.34-35.


Hommage à Jean Dubuffet, donc, et à toutes les associations qui ont essaimé avec et après lui en France et ailleurs. Allez découvrir les merveilleux trésors de l'Aracine, de La Fabuloserie et, si vous êtes à Lausanne, la Collection de l'Art Brut.

Régulièrement, désormais, une notule sur un créateur d'Art Brut.

The term Outsider Art was coined by art critic Roger Cardinal in 1972 as an English synonym for Art Brut (which literally translates as "Raw Art" or "Rough Art"), a label created by French artist Jean Dubuffet to describe art created outside the boundaries of official culture; Dubuffet focused particularly on art by insane asylum inmates.
While Dubuffet's term is quite specific, the English term "Outsider Art" is often applied more broadly, to include certain self-taught or Naïve art makers who were never institutionalized. Typically, those labeled as Outsider Artists have little or no contact with the institutions of the mainstream art world and they often employ unique materials or fabrication techniques. Much Outsider Art illustrates extreme mental states, unconventional ideas, or elaborate fantasy worlds. Since 2000 the EUWARD, the European Award for painting and graphic arts by mentally handicapped artists, is providing this art with an international forum.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut !

Belle initiative de ta part , je suis
présentement à monter un projet relié à
l'art brut , neuve invention etc , bientôt un blog !

Je te tiens au courant ..

A+