12.3.06

Atget, ou les souvenirs d'un Paris désert



Entre les années 1900 et 1920, Eugène Atget a pris des milliers de photographies, de Paris principalement, et de communes de banlieue ou province. Il restera toute sa vie déçu de n’avoir pas réussi dans les arts qu’il considérait majeurs, le théâtre et la peinture. Il se réfugie dans la photographie à la manière d’un métier alimentaire, lui permettant de vendre ses clichés aux peintres en quête de sites et de vues à reproduire ; vues qu’il jugeait lui-même documentaires plus qu’artistiques. L’homme était par ailleurs d’un naturel bourru, peu disert, et ne cherchant à établir ni de théorie sur la photographie, ni de discours sur son œuvre. Cet immense photographe restera méconnu, voire méprisé de son temps, hormis l’admiration de Mann Ray, et d’une photographe américaine, Berenice Abbott, qui sauvegardera une partie importante de son œuvre.





La photo d’Atget est sans jugement de valeur, empreinte d’une sorte d’exigence ethnologique : capter les métiers typiques, les façades, les charrettes à bras, les rues tordues, les prostituées. Peut-être avait-il la conscience diffuse des caractères d’une ville qui allait disparaître ; ou est-ce un Paris non encore apparu ? Car ce qui me frappe dans ces images, c’est justement cette vacance, un état pour ainsi dire « adamique » de la ville, antérieur à la prolifération des voitures, de la foule, des magasins, de la réclame ; une ville primitive, belle et calme, qui exhibe en plein jour ses pierres nues.


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1 commentaire:

Anonyme a dit…

beautiful