9.7.08

Artur Barrio - Livro de Carne

"Artur Barrio est un artiste vraiment à part. Inspiré par Dada et le surréalisme, il n'a jamais appartenu à aucune école, n'a vraiment suivi aucun courant. C'est sans doute la quête de liberté qui caractérise sa démarche, son acception de la création artistique. Il travaille avec des matériaux précaires, des éléments récoltés de ci de là. Il crée des installations, des univers éclatés constitués de bouts de mots, de morceaux de chair, d'éléments disparates. Ses oeuvres sont des compositions concrètes, des rythmiques spatiales, chaotiques, vis-à-vis desquelles le spectateur ne peut opter pour une rationalité froide, distanciée. L'institution artistique, le contexte muséal lui sont toujours apparus d'une lourdeur incroyable. Il s'en joue. On parle souvent de lui comme d'un provocateur, mais c'est sans doute parce que depuis la fin des années 60, Artur Barrio n'a rien lâché de son exigence de liberté." LG dans la revue Mouvement, Sept-Déc. 2005

La pièce qui m'a le plus fasciné parmi les créations d'Artur Barrio est un morceau de viande "feuilletée", créé en 1978. C'est d'une simplicité terrible, saisissante et d'une grande richesse de sens. Du surréalisme cette pièce a l'audace et la brutalité poétique de même que, quelques décennies auparavant, la tasse en fourrure de Meret Oppenheim fouettait la porcelaine froide et civilisée par son odeur de musc et son poil sauvage. Barrio, lui, incarne l'opposition entre nature (la chair) et culture (le livre), réunis en un seul élément : Le Livre, biblos, qui a la couleur rouge du sang de celui qui a donné sa chair pour les hommes. La polysémie du titre, Livro de Carne, évoquant tout à la fois une pièce de 500g (une livre) de viande et un Livre de chair, est là encore un bel exemple de l'humour noir et surréaliste de Barrio. Enfin si l'on veut se donner la peine de se pencher sur les récits d'anthropophagie qui appartiennent aux mythes fondateurs de l'histoire du Brésil... on ne regarde plus un steak de la même façon. Je m'en vais dès demain commander des bifteck au carré, feuilletés et savoureux comme une bonne tranche de littérature !

4 commentaires:

losfeld a dit…

Merci pour la découverte, je vais de ce pas me renseigner plus avant sur cet artiste.

Anonyme a dit…

Bonjour Martian!

tres beau blog, en passant!

pour voir une artiste canadienne egalement interessee par la viande et les contreverses, voir Jana Sterbak

http://jeromeestebe.blog.tdg.ch/media/00/00/295056948.jpg

Martian Shaker a dit…

Etonnante déclinaison, en effet, que la robe carpaccio ; même s'il y a une puissance conceptuelle plus forte - à mon avis - dans le livre de Barrio.
Mais j'y reviendrai probablement.

Cristina Motta a dit…

Halo,
Visualize:

www.arturbarrio-trabalhos.blogspot.com

Merci,
Cristina