19.4.06

Carlo Mollino - Photographies








Il entre une part d'érotomanie dans le goût que l'on peut avoir de l'oeuvre polaroïde de Carlo Mollino ; ici point d'imagerie de carte postale, l'érotisme est tout en suggestion picturale. Dans les jeux d'ombre et de lumière, les perspectives et les reflets, les intérieurs châtelains à la manière d'O, les femmes de Mollino posent dans une atmosphère surréelle, un hors-temps magique. Ces effets sont produits par un extraordinaire travail sur le polaroïd lui-même, incisions, grattages, effacements, ombrages : cette couche non argentique lui permet d'affiner ici une jambe, là une taille, de renforcer les contrastes, pour modifier le réel photographique en une image seconde, à la plastique impeccable, Lolita entre abandon et maintien : le raffinement de l'art du nu. La première reproduction, ci-dessus, modèle sur fauteuil Pea-Cock, a trente ans d'avance sur Emmanuelle !

Taschen a réédité ses photographies dans un excellent petit livre, introduit par une biographie complète de ce personnage extraordinaire : brillant architecte, designer, constructeur de véhicules de courses, inventeur d'une méthode de ski révolutionnaire, aviateur ; Mollino est un de ces artistes aventuriers du début du XXème siècle, grandis dans la poussée du futurisme et l'exaltation de la vitesse. Avec lui viendront les Cendrars, Saint-Exupéry, Morand, les artistes voyageurs. Pour ma part, c'est dans l'immobilité merveilleuse où il a figé ces femmes que je l'apprécie le plus.

Carlo Mollino, Photographies, Taschen, 98 pp.

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