28.6.07

Vitold de Golish – 15 ans d’aventures aux Indes


Autant le dire tout de suite, si vous ouvrez un de ses nombreux récits d’expédition aux Indes (le pluriel a une délicieuse saveur dixneuviémiste), vous n’y trouverez ni la profondeur d’analyse ethnographique d’un Marcel Mauss, ni le dessin magnifique d’un Delacroix, ni le talent et l’érudition d’un Morand pour transfiguer ses voyages extrêmes-orientaux en vastes fresques historiques.

C’est donc que l’attrait de Golish est ailleurs. Il y a d’abord l’homme : un aventurier-dilettante, vivant - à l’autre bout du monde - de l’incertaine générosité d’éditeurs français, comme lui amoureux de la beauté des temples et de l’architecture (et pour qui il reproduit des bas-reliefs, calque des fresques au cordeau, envoie des photos par paquets) : le job de base. Les subsides viennent à manquer ? Qu’à cela ne tienne, le voici à point nommé invité par quelque grand rajah, ailleurs embauché comme architecte urbain (histoire de se refaire) ; ou encore installé auprès de moines bouddhistes et vivant 6 mois durant à leur rythme.

Il y a ensuite le rythme : car ce type ne se prend pas pour un ethnologue, c’est juste l’arpenteur pressé d’une civilisation mythique. Le voilà donc qui repart, traverse l’Inde en train, tombe sur des rituels, se fait grand reporter d’un jour, prend l’avion pour rejoindre encore un Maharajah et le suivre dans ses fastueuses pérégrinations, mi-confident, mi-profiteur. Deux jours après il affronte les flèches de tribus sauvages ; trois chapitres plus loin, l’attaque d’éléphants, et ainsi s’ensuivent d’innénarrables aventures toutes plus pittoresques les unes que les autres et qui ont probablement fait palpiter l’imaginaire des lecteurs du Reader’s Digest dans les années 60. La narration aborde tous ces sujets avec simplicité, restituant l’étonnement, les craintes, l’émerveillement, et toujours cette extraodinaire diversité sociale et cultuelle de la civilisation indienne, expliquée avec une discrète érudition.

Au fond, c’est le naturel et l’infatigable vitalité aventureuse de Golish qui plaît, cette image d’un temps où un homme passionné, ayant pour seules ressources 3 sous et un paquet d’audace, pouvait encore en découdre avec l’exotisme. Un des derniers explorateurs, à la fois de notre temps (la technologie l’accompagne : appareils photo sophistiqués, véhicules en panne...), et d’un temps aujourd’hui révolu, car les chasses au tigre, les Rolls plaquées or et les cours princières ne se voient plus qu’à Bollywood. Alors rien ne lui plaît plus que de se poser quelque part, capter l’instant (la vie et les mœurs des communautés) ou la durée (les temples millénaires), brosser à gros traits un tableau local ; puis repartir, découvrir, encore plus loin, Srinagar, cette ville aux jardins flottants ; et encore plus loin cette peuplade isolée dont on dit qu’elle possède les plus beaux temples….

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressant. où peut-on trouver les livres de cet auteur ?

Martian Shaker a dit…

à la FNAC, en ligne sur amazon...et chez les soldeurs, parfois.

Anonyme a dit…

J'ai ressorti des cartons, "L'Inde impudique des Maharajahs". Le récit est truculent. Le voyage est dépaysant, surprenant, excellent