Joan Fontcuberta est un artiste espagnol, né en 1955, photographe, plasticien, entomologiste, botaniste, astronaute, zoologue, en somme un mystificateur génial et plein d'humour. Sa palette va de la mystification "mystique" (dans un prétendu monastère de Valhamonde, où une communauté religieuse orthodoxe - mais pas très catholique - accomplit des miracles saugrenus)...
ci dessus : le miracle du surf sur dauphins ; dessous, le miracle de l'invisibilité.
à la mystification scientifique (espèces végétales improbables, fossiles de sirènes à visiter dans des sites paléolithiques). La force de son oeuvre est liée à une parfaite exploitation des codes de la "véridiction" en vigueur dans le genre auquel le visuel appartient. Ainsi on découvre que ce qui rend crédible la photo d'une espèce botanique, c'est un ensemble de signes plastiques (photo sobre en noir & blanc, vue neutre et faciale de la plante, sans arrière-plan) et para-photographiques (une dénomination scientifique latine en guise de légende). Mais a-t-on réfléchi au caractère improbable et surréaliste d'une plante dont les épines seraient plantées à l'envers ?
Braohypoda Frustrata, 1985.
Ce qui rend véridique l'information sur la découverte d'un fossile de sirène, c'est entre autres, l'article scientifique qui l'accompagne, le terme d'"hydropithèques", qui crédibilise une classe zoologique, la trace des os dans la roche, le point de vue naturel surmonté d'une table de repérage et d'explication du conseil régional, en somme tous ces signes connexes qui viennent ancrer la chose vue dans un réel indiscutable, une validation institutionnelle.
Bien sûr Fontcuberta joue comme un magicien, mieux un illusioniste, avec les signes. Ainsi se met-il dans la peau d'un cosmonaute soviétique. Pour en contrefaire la biographie, retracée en quelques scènes visuelles, il emprunte aux codes du réalisme socialiste des années 60. Le sigle CCCP, l'enfant déjà dans les étoiles à 10 ans, la scène de félicitations avec le public, le scaphandre du cosmonaute, toutes ces images qui ont bercé une génération.
A titre de lecture édifiante et assez complète de son oeuvre, je vous conseille l'excellent ouvrage, Contranatura, dont l'esthétique éditoriale et la rigueur intellectuelle n'ont rien à envier au sérieux de magazines tels que le National Geographic, mais dont les contenus vous emmènent sur des territoires autrement plus farfelus.
Joan Fontcuberta (b.1955) became a photographer in the 1970s. Coming from the tradition of Spanish Surrealism, he creates elaborate photographic hoaxes that challenge and provoke, forcing us to re-examine the relationship between photography and reality. The only reliable information a photograph can tell us, Foncuberta believes, is that it is just that - a photograph.
Joan Fontcuberta, Contranatura, Actar, 2001, 148 pp.
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2 commentaires:
I'm agree! Joan is a great photographer and a big creator! And he was my photo teacher during my first year in University in Barcelona! A big man!
fantastic post and selected pics!
Bonjour, je vous remercie pour ces images et votre commentaire. Je cherche désespéremment de la documentation sur cet artiste, si vous pouviez me conseiller...
Vincent
fea.vince@hotmail.fr
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