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18.11.08

Festival de lutherie déjantée : 6 & 7 juin 2009 à Winnezeele



Découvert sur l'excellent site "Chercheurs de sons" ce projet de festival de Lutherie d'Art et Alternative qui aura lieu en juin 2009 dans le Nord de la France. Depuis quelques années s'organise en Flandre française un festival nommé "musiques aux musées". En liaison avec le Conseil Général et l'Office de Tourisme plusieurs concerts et manifestations musicales ont lieu dans les différents musées de la région (17 concerts en 2008). Dans ce cadre, les organisateurs ont mis sur pied(s) un évènement plus "interactif" où les visiteurs pourront découvrir des instruments (et des musiciens ou fabricants) insolites. Dialoguer avec les fabricants, entendre les musiciens et pourquoi pas les essayer en compagnie des fabricants ou possesseurs. L'essentiel tourne autour de la lutherie (cordes, vents) mais aussi de toute forme de créations sonores. L'objectif est de présenter à la fois des concepteurs, leurs instruments, leurs musiques et leurs techniques de fabrication ainsi que les sources historiques de leurs démarches.

Principe :
1 Exposition d'instruments "hors normes" réalisés par des luthiers amateurs ou non.
2 Mini-concerts et démonstration des instruments présentés.
3 Initiation des visiteurs à la fabrication / modification et au jeu des instruments.
4 Possibilité d'un atlier défi où un instrument serait réalisé de A à Z durant la manifestation.
5 Enregistrement des mini-concerts et pressage ultérieur d'un CD "collector".
6 En parallèle, expo d'instruments classiques et traditionnels (magasins/luthiers/ groupes locaux traditionnels)."
Tout le détail du projet est en lien : cliquer sur le titre de cette notule.

Venus de Belgique, les ventstripotants et leurs machines de nature sonore :



Le vélophone de Rodolphe Robles :



Les machines tactiles de Jimmy Hertz :



Richard Baudry et sa guitare double manche détachable :



9.11.08

Archéologie de la modernité # 3 : Les Luna-parks abandonnés











Après les ruines rouges des palaces de Kep et Bokor, je tombe sur ces étranges photos de Luna-parks en déshérence. En recherchant sur le net, je découvre que plusieurs parcs d'attraction dans le monde ont subi le même destin : vastes équipements au rebut, que les promoteurs n'ont même pas (encore) pris la peine de démonter. Grandes roues aux mécanismes grippés pour toujours, qu'il faudra découper au chalumeau, dinosaures abattus comme des jouets par un enfant capricieux, montagnes russes rouillées qui surfent dans la canopée envahissante ; l'ensemble rappelle ces navires décarcassés sur le rivage, fantomatiques, toutes lumières depuis longtemps éteintes. Et on se demande pour quelle raison ils sont tombés dans une telle déchéance (non rentabilité ? loisirs démodés, supplantés par les Spacemountains et autres attractions technologiques de nouvelle génération ?).
Deux spécialistes, à l'origine du texte ci-dessous, répondent à ces questions, et pour les amateurs, il existe à ce sujet de nombreux exemples et photos sur le net, un article en anglais sur Wikipédia recensant tous les parcs dans ce cas.

"Just because a park is currently empty and silent does not mean it is necessarily abandoned. Many parks close temporarily because of new ownership, extensive renovations, or seasonal operating schedules. Generally speaking, however, a park is said to be abandoned when it is no longer operating under its normal schedule and there is no definitive plan to reopen the facility. These defunct amusement parks may stand empty for years, or they may be quickly removed to make way for new construction developments or other projects.
Another term frequently applied to abandoned amusement parks is “SBNO” – standing but not operating. While this term is more often used to describe a single ride at an operating park, it can be applied to an entire park that is no longer in service.
An amusement park may be closed for a number of reasons. An amusement park is a part of the entertainment industry and when guests’ preferences change, not every park can keep up with those changes to continue operating successfully. The most common reasons for parks to close include: Economics, Limited Expansion, Parks without guests will eventually close, Family Ownership, Corporate Purchases, Damage, Accidents.
After an amusement park is abandoned, there are several things that may happen to its rides. In some cases, the rides may be left untended for years while a new buyer is sought or insurance claims are settled, and in that time they gradually decay, possibly beyond repair. If a park closes for economic reasons, the rides may be auctioned off to be relocated and reopened as new attractions elsewhere. If the rides cannot be sold or are too decrepit, they may simply be demolished and scrapped, though some parts – entrance signs, roller coaster trains, etc. – may end up as collectors’ items in museums or private collections. Sometimes rides and attractions may be removed from abandoned amusement parks to be put in storage to keep them from decaying while legal and financial concerns are sorted out. In this case, the rides may later be sold and reassembled at new locations."

Quotation from : http://themeparks.lovetoknow.com/Abandoned_Amusement_Parks ; text by Melissa Mayntz and WendyMichaels

26.10.08

Jeroen Verhoeven - Table Cinderella



Ce meuble aux formes stupéfiantes a été créée en 2005 par l'artiste hollandais Jeroen Verhoeven, qui a fait ses classes à l'Académie de design d'Eindhoven.
Il a nommé sa table Cinderella en référence à l'outil de morphing et de coupe robotique à 5 scies.
La table est composée de 57 planches de bouleau. Elle présente trois faces : la première (image supérieure), tout en rondeurs et volutes organiques, apparente l'objet à une improbable conque de bois, meuble futuriste sans fonction manifeste ; un quart de rotation et le meuble se drape en commode ; un quart de tour encore et le drapé de bois est celui d'une console régence (image inférieure, l'autre côté). Le tout en creux bien sûr, car c'est là la trouvaille de Verhoeven qui ne saute pas tout de suite aux yeux... regardez bien, ce n'est pas le meuble plein mais le contour qui définit la forme.
Jeroen Verhoeven rappelle Erwin Wurm (dans ce blog), qui s'amuse lui aussi à contrarier d'une autre façon les lois de la rigidité des matériaux.

For the form of the table Verhoeven was inspired by 17th and 18th century archetypal shapes of tables and commodes that he found in the library of the Stedlijk Museum in Amsterdam, because he regarded this period as the highpoint of furniture craftsmanship.  He simplified their outlines, then merged them together in a computer to create a fluid three-dimensional form from two-dimensional drawings. 
This process took three months to perfect. The virtual design was 'sliced' and each of the 57 slices, each 80mm thick (a total of 741 layers of plywood), was fabricated by CNC (computer numerically controlled) cutting machines, working on three, and sometimes five axes.  Each slice was cut from the front and from the back to perfect the curves and undercuts, pushing the boundaries of the technology. All the slices were assembled and the entire object, which is a hollow plywood form, was finished by hand. 
Verhoeven said 'It's about attention to detail and the possibility to make something unique with a machine that is normally used for mass production.'
The object is clearly the result of computer aided design, but is also clearly hand-finished.  It alludes to grandeur through the outlines of historically grand furniture in its profiles, yet it is also economical and humble, an unadorned plywood shell with no applied surface. These contradictions, or juxtapositions, are commonly found in recent Dutch design.

Imery Watson - Sloup

Je ne sais quasiment rien de cet artiste - néo-zélandais ? - apparemment spécialisé en effets spéciaux, déniché en musardant sur le site de We-Make-Money-Not-Art (voir en lien) ; si ce n'est que sa vidéo est un bijou, de l'ordre du rêve assurément. Il illustre un titre du compositeur japonais Susumu Yokota, titre d'inspiration traditionnelle, dont la mise boucle s'accorde à merveille à cette atmosphère étrange.
Il faut laisser passer les première minutes de cette captation tristoune de paysages urbains défilant à la fenêtre d'un train, s'immerger dans la répétition hypnotique des images et bientôt une vision surréelle apparaît entre les lignes haute tension et la ligne de chemin de fer !



Imery Watson has been part of that big group of creative artists from New Zealand headed by Peter Jackson, who have been able to impose a new standard to cinema visual effects. In this video shot for the Japanese pop artist Susumu Yokota he shows the huge potentials 3d technique has.

21.10.08

Women With Kitchen Appliances


L'exploitation musicale des ustensiles à fonction alimentaire peut donner des choses autrement plus drôles que les symphonies doigtées sur bols et verres. Or jusqu'à présent, souvenez-vous, on n'avait droit qu'à d'ennuyeux concerts unplugged de cristallerie mouillée.
Mais voici que depuis 1999, un collectif d'intrépides québécoises (à géométrie variable : 4 - 6...10 filles, derrière leurs perruques et grosses lunettes de ménagère clonée, générique et interchangeable), vient bouleverser la souillarde. Ces dames se donnent pour mission de libérer tous les ustensiles de cuisine, d'en ouvrir le champ des créations sonores : actionner les petites mécaniques qui dorment dans les tiroirs et placards, transformer en ballons à pis de vache jaunes de vulgaires gants de caoutchouc (leitmotiv), électrifier leurs performances à l'aide de robots, blenders, couteaux électriques et autres instruments de cuisine "concrète", le tout avec le plus grand sérieux.
Ce commando sévit désormais un peu partout en Amérique du Nord, en Europe, et dans votre cuisine aussi, pour peu que vous les laissiez disposer de vos moulinettes et mixeurs. En attendant leur passage en France, il est possible de savourer un échantillon de leurs œuvres performatives sur leur site Internet MySpace www.myspace.com/womenwithkitchenappliances.



Montreal's Women With Kitchen Appliances (WWKA) take inspiration from the everyday working kitchen. Blenders, rice cookers, cutlery and mixers are all source naterial for WWKA's original and wacky brand of appliance performance. In this episode of alt.food.tv, WWKA create aural/visual pyrotechnices by stabbing knives into running blenders.

8.10.08

Kissing the Pink - Naked


Voici ma seule (mais formidable) trouvaille de vide-grenier de dimanche dernier : Kissing the Pink, une de ces constellations mineures à l'écart du trou noir esthétique que représentait le courant new wave dans les années 80. Ce groupe anglais brille d'un éclat particulier, avec son violon et son saxophone, sa guitare aux accents floydiens, qui annonçaient d'étranges métissages, inouïs à l'époque. Les titres de Naked m'avaient scotché en 1983 et n'ont pas pris une ride. En écoute le tubesque "The Big Man Restless" (emprunté chez RHO - merci !), de la trempe de Planet Claire, taillé pour les dancefloors.

Kissing the Pink was formed in 1980 at the Royal College of Music in London, England. All of the members lived together in the same house in North London. Comprised of Nick Whitecross (vocals, guitars), Jon Kingsley Hall (keyboards, vocals), Peter Barnett (bass, violin, vocals), Simon Aldridge (guitars, vocals), Stephen Cusack (drums, vocals), George Stewart (keyboards, vocals), and Josephine Wells (saxophone, vocals). Their first single was "Don't Hide in the Shadows", made with Martin Hannett, but it wasn't until they signed with Magnet Records that they began to get any airplay. They recorded their first album in AIR studios with producer Colin Thurston, Kissing the Pink had wanted Brian Eno to produce the album but Magnet thought Thurston would make a more commercial impact. Kissing the Pink released their first album, Naked, in 1983.
The album, Naked, didn't sell a lot of copies but was a favourite with the college crowd, the sheer variety of songs on the album made the album too hard to classify, and thus it was largely ignored.

27.9.08

Francesco Finizio - Dialogues avec la grande distribution

Pour continuer sur les marques et la grande distribution, je ne peux m'empêcher de vous livrer la (soi-disant) très sérieuse lettre d'un prétendu Francis Devriendt au Directeur d'Auchan à Marseille.
Ce dispositif énonciatif - bien entendu - complètement factice est l'oeuvre de Francesco Finizio. Il vise à piéger le distributeur et à le mettre en (mauvaise) posture de répondre sérieusement à une doléance atypique, naïve voire idiote, située dans un à-cheval saugrenu entre l'art et la publicité ; doléance qui ne saurait correspondre aux attentes du supermarché, mais qui interroge, dans sa démarche, l'hypothèse assez surréaliste du produit de grande consommation présenté sous forme d'installation dans une grande surface, comme dans une galerie d'art contemporain.
Le plus drôle est d'imaginer que cette lettre a probablement fait le miel ricanant et cynique du service des ressources humaines, qui s'est ensuite appliqué à éconduire "sincèrement" le demandeur.


Cliquez sur la lettre pour l'agrandir.
La lettre est extraite de l'essai très documenté de Jean-Yves Jouannais sur L'idiotie. Elle est accompagnée de trois photographies que mon scanner malheureusement défectueux ne peut reproduire.
Imaginez la première : trois bananes disposées en triskel sur un carrelage blanc...
Installé à Marseille peu après sa participation à Cosmos au Magasin de Grenoble (1995), Francesco Finizio montre dans la ville phocéenne un travail dont la reconnaissance ne peut aller qu’en s’amplifiant. Son exposition à la galerie RLBQ, conjointe à la présentation d’une oeuvre au [mac], confirme ainsi sa Ligne ouverte (2000) achetée par le Frac, ses Dialogues avec la grande distribution (2001), son Centre de tri visuel (2002-2003, au 3bisF d’Aix), ses Transmetteurs polyphoniques de rêves, Pléstéchonne et Eco-Filtre audiophonique, également visibles au [mac] en 2003. D’ascendance italienne, Francesco Finizio, vivant en France, est bien américain: né à New York en 1967, il y a fait ses études artistiques au Hunter College, là où son enseignant Robert Morris a lui-même passé ses diplômes. De tels zigzags culturels ne sont certainement pas étrangers à l’une des constantes de son travail: la mise en visibilité – en audibilité – des difficultés de transmissions ou de traduction de toute forme de langage, verbale ou visuelle. Sylvie Coëllier, historienne d'art.

16.9.08

Karen Finley - The Truth is Hard to Swallow


Il est vrai que la pochette est immonde et que les créations "radicales" de Karen Finley, performeuse, poétesse, auteure, comédienne et américaine, sont très controversées. Son excellent maxi "Tales of Taboo" (86), et son premier album (ci-dessus, jaunissant dans mes LP depuis 88), avaient fait l'effet d'une grosse claque dans les milieux arty, faisant passer Nina Hagen, la grande prêtresse transgressive de l'époque, pour une enfant de choeur.
Karen Finley revendique sa liberté d'exprimer des vérités cyniques sur le machisme (Gringo), des fantasmes sur la sexualité, et de tristes réalités sur l'abus sexuel et sur la consommation (The Father in All of Us). Mais ce sont les moyens de la dame qui choquent et lui ont valu d'être censurée avec l'étiquette obscene : son lexique ordurier, ses récits sardoniques dévidés entre râles porno et hystérie évangéliste. La mise en scène, assez simple mais impressionnante, en rajoute une couche ; car un des principes de performance de Karen Finley est de se faire recouvrir de produits agro-alimentaires (sirop d'érable, chocolat, etc.) chargeant tout à la fois son corps d'une image de femme-bonbon et son discours d'une satire de l'hyper-consommation.
On a pu la voir à Paris, à la fin des années 80, faire exploser sur son corps nu, par paquets de 6, des esquimau à la vanille un peu ramollis... Je vous laisse le soin de l'interprétation. Karen Finley slame sur des rythmes de disco cuisinés avec des beatbox à trois balles et des arrangements par endroits somptueux (Tender Animal). Elle hurle, imite, soupire, vitupère avec une énergie incroyable... Ecoutez-la, c'est une des dernières "angry woman" du tournant du siècle, même si ça ne se voit pas sur les photos ci-dessous.


Finley’s transgressive performances have long provoked controversy and debate in the U.S. and abroad. She is the author of Shock Treatment, Enough Is Enough, Living it Up, Pooh Unplugged and A Different Kind of Intimacy, and is the editor of Aroused: A Collection of Erotic Writings. She has won an Obie and was named Woman of the Year in ‘98 by MS. Magazine and Artist of the Decade in ‘99 by Coaguala. She is currently a professor in Art and Public Policy at Tisch School of the Arts, New York University, and is teaching at the Writers' Center. She lives in Tarrytown.

31.8.08

Appareil destiné à vaincre l'impuissance


"Résumé : Un appareil destiné à vaincre l'impuissance chez l'homme consistant dans une enveloppe pleine ou ajourée ouverte aux deux bouts, suppléant au manque de rigidité de l'organe, ladite enveloppe étant agencée pour permettre, au besoin, de faire varier la distance existant entre ses deux embouchures en faisant coulisser l'une contre l'autre les lamettes longitudinales du dessus et du dessous qui réunissent les deux ceintures avoisinant les becs placés aux embouchures de l'appareil, les lamettes servant à clore l'enveloppe étant disposées pour coulisser dans les ceintures voisines des becs d'extrémités et pourvues de crochets servant à les relier entre elles."
Henri Foin, brevet d'invention déposé en 1921.

Cet ingénieur du soir n'a probablement douté de rien quand il a conçu un tel appareil - qui par bonheur n'aura jamais vu le jour - ancêtre mécanique du Viagra - qui lui par bonheur a vu le jour. Peut-être s'est-il souvenu, Monsieur Foin, du principe des patins à roulettes coulissants de son enfance, en imaginant qu'on pourrait loger dans un dispositif artificiel similaire et de longueur variable, quelque appendice à assister. Comme quoi l'invention renseigne sur les mentalités d'une époque. Pour combattre l'impuissance, tous le moyens sont bons, au mépris bien sûr du plaisir et de la santé de ces dames, tenues de recevoir rien moins qu'une manière de clystère à base d'enveloppes, lamettes, becs et crochets ! Pour redresser l'honneur des hommes, Monsieur Foin proposait donc sans vergogne à la société du début du XXème siècle un instrument... de torture.

Super Timor

Pièce de choix de la pub africaine francophone des seventies, devenu monument kitsch depuis qu'un collectionneur a mis la vidéo en partage sur YouTube : la pub pour le produit insecticide Super Timor, un régal - et pas que pour les moustiques.

22.5.08

Dispositif de publicité


Toujours chez Tchoum, dans l'inénarrable ouvrage intitulé "Brevets d'invention tout à fait insolites", on trouve p. 21 cette invention de Robert Oropéi Martino, enregistrée en 1960, qui "consiste essentiellement à faire porter de la publicité par les poissons d'un aquarium et elle vise en outre à titre d'articles publicitaires les poissons pourvus de corselets ou équivalents susceptibles de comporter une telle publicité."

Cette invention me laisse à la fois amusé et terrifié. Amusé parce qu'elle est passablement improbable et surréaliste. Terrifié si je tente de me projeter dans un monde où le règne du vivant tout entier serait susceptible de devenir un support publicitaire. Un bon auteur de SF contemporain (prenez Robert Reed) ferait une merveille à partir d'une telle trame. 2027, les 18 derniers ours de la Terre sont des stars affublées de publicités pour des organismes écologiques ; les caméras, qui les suivent à la trace, alimentent une saga animalière en forme de feuilleton de télé-réalité, dopé par les paris sur la durée de survie des protagonistes. Terrifiant, non ?

17.5.08

H. Harrison et J. Burns - Planète Story


Encore une merveille de récit SF illustré, trouvée pour une bouchée de pain chez un bouquiniste. Planète Story, traduit de l'américain en 1979, a été publié chez Denoël en un beau livre plein d'images fantastiques, de vaisseaux, de monstres, d'humains coriaces et de sensuelles aventurières aux justaucorps trop étroits. Le format carré et l'hyper-réalisme du dessin, pourléché à l'aérographe, explosent le cadre et le rendu chromatique médiocre de mon scanner.

Le ton est à la fois sérieux et coquin, au second degré (comme on le voit rarement en SF - sauf chez Philip José Farmer). L'ensemble respire à plein nez cet esprit libertaire des seventies, mélange d'humour, de notations sexuelles et de délire graphique. Car les illustrations de Jim Burns, somptueuses, valent à elles seules les quelques euros de cette épopée jubilatoire sur la planète Strabisme.




Un avant goût avec un extrait des premières pages.

On trouvera une bio assez complète de Harry Harrison sur le site Imaginales.

15.5.08

Condom Song - Telugu

En un pays qui compte plus d'un milliard d'habitants, dont la natalité reste plus importante qu'en Chine (la population indienne augmente d'environ 19 millions d'habitants par an, conséquence d'un taux global de fécondité de 2,7 enfants par femme - contre 1,7 pour la Chine - dixit Wikipédia), à quoi peut ressembler une campagne d'information sur le préservatif ?
A un message visuel simple, symbolique et pédagogique, compte tenu de niveaux d'instruction très inégaux ; un message qui peut paraître naïf, mais qui au final, avec sa musique et sa mise en scène assez drôles, n'en est pas moins efficace.

12.4.08

Nick Bantock - Faux Mail & Dubious Documents

Compte tenu de pratiques épistolaires qui régressent, le mail art m'apparaît comme d'autant plus attachant. Ecrire et décorer sa lettre, soigner le contenant autant que le contenu, voilà une approche qui rappelle l'art que déploient les japonais pour emballer leurs cadeaux. J'avais prévu initialement de présenter de véritables oeuvres de mail art, c'est-à-dire envoyées par la poste.
En tombant sur les lettres de Nick Bantock, merveilles surgies d'un vieux sac de poste perdu au fond d'une gare orientale, sorte de faux mail art et vrai collage, je trouve la démarche intéressante. En définitive qu'importe le voyage réel ou pas de la lettre, la profusion des tampons fait illusion et sert de laisser-passer vers le rêve, les cartes et les portulans, les contrées sépia d'un exotique XXème siècle : le voyage est sur l'enveloppe.








The technique involved in making Nick Bantock's original Mail Art is far from predictable. Using a variety of paper ephemera, postcards, letters, etchings, bank notes and old legal documents as a starting point; he begins a process of embellishment, tampering and historical mischief. Adding mysterious markings, stamps, cancels, petroglyphs, handlettering, drawings and rubber stampings to the already heady mix, he incites a fascinating world that never quite was--but almost might have been.

6.4.08

Objets-force - Kongo


Au-delà de la beauté des pièces issues des arts et traditions ethniques, la symbolique des clous plantés dans les statues et fétiches de certaines ethnies africaines, qu'on retrouve dans les pratiques de vaudou ou de santeria cubaine, m'a toujours parue fascinante. La croyance populaire liée à la sorcellerie attribue à l'acte de planter clous et aiguilles dans une poupée vaudou une visée d'affaiblissement ou de mort de la personne symbolisée. C'est par son effet de violence et de perforation que le clou planté est communément associé à un acte agressif de nuisance. En réalité l'enfoncement de clous dans une statuette ou un fétiche est positif ou négatif selon que le contrat fixé avec le spécialiste du rituel est un contrat de protection ou d'agression.
On peut ainsi voir à droite un objet-force du Kongo, datant du XVIIIème siècle, en bois, clous, fer et tissu (collection Barbier-Mueller). Dans la tradition congolaise, les objets-force répondent aux demandes de ceux qui se sentent agressés par des esprits maléfiques. Les clous plantés dans le bois ont donc pour fonction de renforcer les pouvoirs de celui que la statue protège. Cette dernière sert ainsi à résoudre toute sorte de problèmes (maladie, stérilité, conflits…). Ce sont généralement des statues anthropomorphes de 15 à 30 cm de haut, possédant une cavité ventrale dans laquelle est placée la charge magique: le bilongo. La fermeture de ce receptacle marque la maîtrise des puissances invoquées. Le devin au cours d’une cérémonie place la charge et active les pouvoirs de la statue. Il est l'intercesseur entre la personne qui vient le consulter et le Nkisi. statue. Il « réveille » l’esprit du Nkisi en enfonçant dans la statue un objet métalique après l'avoir léché.
A ma gauche, c'est la même visée qui charge cette statue kondi du groupe Bakongo. Le sculpteur modèle une statue anthropomorphe. Dans le cas d'un nkisi kondi, la consécration et l'activation des pouvoirs de l'objet se font au moyen d'un rituel effectué par le nganga (spécialiste rituel) et où il introduit dans ou sur la statue les réceptacles contenant les substances magiques qui lui confèrent son pouvoir. Lors de son utilisation, la victime cherchant à se venger ou à se protéger lèche un clou et le nganga l'enfonce dans la figure. Pendant qu'il enfonce des clous et des lames dans le corps du nkondi et lui lance des injonctions, le ritualiste éveille l'esprit à l'intérieur, excite sa colère et l'incite ainsi à punir le malfaiteur.

26.3.08

Tanadori Yokoo - Waterfall Rapture, Postcards of Falling Water





Yokoo Tanadori, né en 1936, s'est imposé au Japon dans les années 60 en inventant un style dit Cosmic pop, qui mêle l’art traditionnel des estampes à celui du Pop Art. Mais ce qui le rend particulièrement attachant n'est pas le portfolio de ses oeuvres graphiques ou publicitaires, c'est son côté cousin nippon de Martin Parr, soit cette pratique fascinante de collectionner les cartes postales. Chacun ses obsessions, Martin Parr a fait sa niche dans le kitsch seventies, Yokoo tripe sur les chutes d'eau du monde entier. Elles ont été rassemblées dans un grand livre publié en 1996, avec une poignée de photos mises en exergue pour leur étonnant symbolisme sexuel. Femmes fontaines, vulves de pierre, jaillissements écumeux, la nature de Tanadori Yokoo nous parle de sexe et d'effusions.


Tanadori Yokoo, "Waterfall Rapture, Postcards of Falling Water", My Addiction, My collection, My edition, Shinchosha company Publishers, 1996.

22.3.08

Chemise pour empêcher l'onanisme


En 1914, Gaspar Bernat, résidant en Hongrie, dépose le brevet suivant, une chemise destinée à empêcher l'onanisme, et caractérisée par :
1°) Des manches cousues à la chemise sur une longeur convenable et couvrant les bras jusqu'au bout des doigts ;
2°) Des parties rigides prévues sur le devant de la chemise et allant de la région de la poitrine jusqu'aux jambes, de manière à toujours dépasser les rotules ;
3°) La combinaison sur la chemise sur la chemise des manches cousues en 1° et des parties rigides prévues en 2°.

La ressemblance avec une camisole de force est édifiante. Folie, masturbation, même combat d'une morale de la constriction contre les épanchements.

In "Brevets d'invention tout à fait insolites",Tchou, 1968, 145 pp.

4.2.08

Michel Bernanos - La montagne morte de la vie


Quarante ans après la publication, en 1967, de La montagne morte de la vie, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature fantastique contemporaine, Michel Bernanos, poète et romancier, dévoré comme son père par la passion de l’écriture, demeure encore méconnu.
En un récit assez court, d'à peine 130 pages, Michel Bernanos nous ravit dans une aventure surréelle, créant rapidement l'identification du lecteur au narrateur, moussaillon inexpérimenté, qui devra sa survie à la protection d'un cuistot avisé. Bernanos exploite avec talent toute la gamme narrative du fantastique, ballottant nos deux héros de Charybde (les cannibaleries d'un galion en perdition) en Scylla (la Robinsonnade inquiétante dans un monde étrange, au soleil de sang, sur une île mystérieuse, couverte d'arbres flexibles, de fleurs carnivores...) ; le tout - je précise - avec le style réaliste des récits de découverte, qui ne laisse pas voir l'horreur de la condition des protagonistes, sans parler de leur découverte ultime....
Peut-être Bernanos a-t-il lu les romans fantastiques de son aîné William H.Hodgson, auteur anglais du tout début du XXème siècle (à peine plus connu), qui excellait lui aussi dans les histoires d'épouvante flibustière et de terres étranges, car "La Montagne morte de la vie" rappelle lointainement l'univers narratif de "Les canots du Glen Carrig."

20.1.08

Geoff Lillemon - Oculart





Si vos synapses sont stimulées par le surréel, les photomontages de Rougemont, Hugnet ou Lefrancq, si vous jubilez à la pensée de la langue de Tristan Tzara rencontrant la sensibilité picturale de Francis Bacon et de Salvador Dali ; si vous voulez vous figurer la mystérieuse région d'Arkham à travers le prisme d'un Lovecraft sous acide, alors rendez-vous à www.oculart.com. C'est une expérience sensorielle totale, synesthésique : musique inquiétante à souhait, images fantastiques et troublantes, superbes couleurs dégradées. Et tout ça en animation bien sûr ! Geoff Lillemon, le créateur du site, mérite une médaille en tant qu'exceptionnel excentrique de la cyber-ville. (Librement adapté d'un texte sur http://www.ciac.ca/magazine/archives/no_17/site.htm). Cliquez sur le titre de cette notule pour accéder à Oculart.

Oculart is a playful and visionary Internet Art piece that transcends the everyday, using Flash in a way that stuns one's expectations and emotional reasoning. One cannot help but get lost and caught up in its seemingly never ending mezmerization. With an accompanying soundtrack reminiscent of Holger Czuckay's 'cannaxis', originally inspired by Stockhausen; slow hybrid, layered soundscapes with distant voices haunting the mind. It's like hearing the lost souls of chanting transubstiated beauty, wrapped with a sense foreboding, shadowed with the inevitable end. Oculart is a fascinating and surreal experience, declaring a kind of honest visceralness. Mixing dreams, images of objects and people, with poetic text entwined within the structure of the interactive site. A psychological and seductory epxerience that leaves you with a feeling of elation, beauty, darkness and that awkward bedfellow - fear.

30.12.07

Severed Heads - Dead Eyes Opened


Cela fait de nombreuses années que Severed Heads ne nous envoie plus rien de son (pourtant très créatif) hémisphère austral. Les "têtes divisées" le sont probablement à jamais, même si un site semble continuer d'assurer le service de vente à distance.
Tom Ellard et son groupe avait développé un style très personnel, à coups de bandes magnétiques et de ciseaux, de sonorités loufoques, de boucles traitées, de synthés sautillants, de percussions centrifugées avec des voix et des bruitages machiniques. Tel que je le décris, là, ça a peut-être l'air d'une soupe triturée au mixer, mais non : Severed Heads, c'est un monde musical original et entièrement cohérent, qui ne ressemblait à rien de connu - et bien que ce groupe ait été apparenté à la vague électro-indus, il s'en démarquait largement par sa créativité et son humour. Il suffit d'écouter ses mélodies envoûtantes, chantonnées d'une voix douce, en décalage avec les voix sombres de rigueur en pleine période industrielle. Un maxi regroupant plusieurs titres d'inspirations différentes est audible chez Pop Will Eat My Blog

Although largely overlooked, Severed Heads were one of the better groups to grace the Nettwerk Records label during the 80's and 90's. The sad thing is that the group was putting out excellent material, but always overshadowed by label mates Skinny Puppy. Though there are some instances where Severed Heads do moniker the industrial sound that was abundant in this label, I always felt they were a chameleon of musical genres. You'll probably get a sense of what I mean when you listen to this EP, in that the musical styles change somewhat from track to track. Parts of this EP sound like industrial-ish rantings, while other parts fit nicely on a compilations alongside OMD or Soft Cell. Even the track 'We Have Come To Bless This House' sounds like it was an OMD b-side from one of the earlier albums. But overall, I love this EP for the track 'Dead Eyes Opened', which I think is a great synthpop track, and perfectly exemplifies what the sound should be like. Love them or hate them, Severed Heads were premiere stuff, and if you rifle through the small bad bits, you'll find some gorgeous music hidden away. Quotation and link from pwemb.blogspot.com (Pop Will Eat My Blog)