30.12.07
Severed Heads - Dead Eyes Opened
Cela fait de nombreuses années que Severed Heads ne nous envoie plus rien de son (pourtant très créatif) hémisphère austral. Les "têtes divisées" le sont probablement à jamais, même si un site semble continuer d'assurer le service de vente à distance.
Tom Ellard et son groupe avait développé un style très personnel, à coups de bandes magnétiques et de ciseaux, de sonorités loufoques, de boucles traitées, de synthés sautillants, de percussions centrifugées avec des voix et des bruitages machiniques. Tel que je le décris, là, ça a peut-être l'air d'une soupe triturée au mixer, mais non : Severed Heads, c'est un monde musical original et entièrement cohérent, qui ne ressemblait à rien de connu - et bien que ce groupe ait été apparenté à la vague électro-indus, il s'en démarquait largement par sa créativité et son humour. Il suffit d'écouter ses mélodies envoûtantes, chantonnées d'une voix douce, en décalage avec les voix sombres de rigueur en pleine période industrielle. Un maxi regroupant plusieurs titres d'inspirations différentes est audible chez Pop Will Eat My Blog
Although largely overlooked, Severed Heads were one of the better groups to grace the Nettwerk Records label during the 80's and 90's. The sad thing is that the group was putting out excellent material, but always overshadowed by label mates Skinny Puppy. Though there are some instances where Severed Heads do moniker the industrial sound that was abundant in this label, I always felt they were a chameleon of musical genres. You'll probably get a sense of what I mean when you listen to this EP, in that the musical styles change somewhat from track to track. Parts of this EP sound like industrial-ish rantings, while other parts fit nicely on a compilations alongside OMD or Soft Cell. Even the track 'We Have Come To Bless This House' sounds like it was an OMD b-side from one of the earlier albums. But overall, I love this EP for the track 'Dead Eyes Opened', which I think is a great synthpop track, and perfectly exemplifies what the sound should be like. Love them or hate them, Severed Heads were premiere stuff, and if you rifle through the small bad bits, you'll find some gorgeous music hidden away. Quotation and link from pwemb.blogspot.com (Pop Will Eat My Blog)
Libellés :
Atypique / Peculiar,
Electronique / Experimental
29.12.07
Serge Valletti - Jésus de Marseille suivi de Psychiatrie/Déconniatrie
Entrer dans l'univers narratif de Serge Valletti, c'est comme entrer dans un bar à Marseille et y retrouver une vieille connaissance, accoudée au zinc, un type chargé d'un bric-à-brac d'aventures vécues, qui n'attendaient que vous. Vous ne l'aviez pas revu depuis des années, vous êtes le dépositaire idéal. Alors il vous coule des histoires fabuleuses, souvent saugrenues, pour quoi vous ne vous lassez jamais de l'écouter, accroché que vous êtes à ses lèvres imprévisibles.
Pour faire court, "Jésus de Marseille", c'est rien moins que le Nouveau Testament revu et corrigé par Valletti, bien plus drôle que la Bible. On y trouve tous les personnages, à commencer par Jésus, le narrateur, omniscient (le fils de Dieu, donc), la mère, le menuisier, Melchieur, Dubazar, Satan.... On y trouve aussi tous les ingrédients stylistiques de la Bible : d'abord la parataxe (cette manière de juxtaposer des phrases sans les articuler, de vous laisser faire les liaisons, de remplir les vides). Et puis le narrateur, un expert en rhétorique. Un vrai camelot du récit, ce Jésus de Marseille, il vous en raconte dix pour le prix d'un.
Vous aurez donc droit à une resucée truculente des évangiles vus de Marseille, avec les véritables noms des lieux, des banlieues, des enseignes de l'époque, des marques, des personnes, de la cousine, des voyous, du docteur, du légendaire commissaire d'origine asiatique... Et même si vous n'avez pas connu tout ça, c'est tout le Marseille des années 40 à 80 qui revit sous vos yeux. Valletti c'est le roi de l'hypotypose, une maladie du talent descriptif.
Mais il n'est pas sage ni donneur de leçons d'amour, ce Jésus de Marseille. Il invective, amplifie, exagère, s'indigne parce que vous faites mine de ne pas toujours y croire. Il fait les questions, les réponses. Il répète, il insiste, il démontre, pour crédibiliser son histoire. Car il vous faut absolument le croire, y ajouter foi. Ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle Jésus. Il y aurait bien, entre autres, une bonne leçon d'humanité, pour certains des cathos qui rêvent de voir les étrangers dehors : la famille qui cherchait un lieu pour se reposer et permettre à la mère de donner naissance au petit Jésus, c'était une famille d'étrangers :
"- S'il vous plaît, Madame, auriez-vous une chambre de vide ?
- Non, non, passez votre chemin, sales étrangers !
Parce qu'on était une famille d'étrangers.
C'est-à-dire qu'on connaissait personne.
Tous les gens qu'on connaissait, ils parlaient pas le français. Ils parlaient le vietnamien, l'indosuez, le pentagone."
Emphatique et picaresque, "Jésus de Marseille" fait rire, par tout un attirail d'expressions familières ("T'ies un encore moins qu'un rien du tout."), d'inversions (...Les rois mages, ils s'appelaient, c'est pour ça qu'ils ont fait une rue qui s'appelle comme ça....), de tournures provençales ou d'inventions savoureuses ("Il va se faire "crucifictier"...il peut pas se "re-susciter.") ; et ces particules explétives, les "te", ("...Et ils t'amenaient qui du chocolat, l'autre des médicaments, le troisième un guidon de vélo...") qui vous prennent à témoin et vous enchaînent progressivement au récit.
Avec Valletti, on l'aura compris, on est dans l'oralité pure, le parler des familles, la transmission des histoires ("...Mais ce que je raconte c'est parce qu'on me l'a raconté. Après. Y avait l'âne, le menuisier, maman et moi..."). On est toujours au bar, avec le camelot qui extravague, sauf qu'il y a maintenant un petit groupe qui écoute ; un qui parle, les autres qui boivent sa parole, ça ressemble un peu à l'évangile, beaucoup au théâtre. Car ces histoires il faut les entendre, avec l'accent, l'intonation, les exclamations. Allez à la messe de "Jésus de Marseille", ça fait un bien fou !
Sinon le livre, publié dans la collection Le théâtre de la Chamaille, chez l'Atalante, comporte également un texte intitulé Psychiatrie/Déconniatrie, dont j'ai le plaisir de reproduire - avec l'autorisation de l'auteur-, un passage saisissant de vérité : une petite parabole sur la consommation. Cliquez sur la page pour l'agrandir.
Pour faire court, "Jésus de Marseille", c'est rien moins que le Nouveau Testament revu et corrigé par Valletti, bien plus drôle que la Bible. On y trouve tous les personnages, à commencer par Jésus, le narrateur, omniscient (le fils de Dieu, donc), la mère, le menuisier, Melchieur, Dubazar, Satan.... On y trouve aussi tous les ingrédients stylistiques de la Bible : d'abord la parataxe (cette manière de juxtaposer des phrases sans les articuler, de vous laisser faire les liaisons, de remplir les vides). Et puis le narrateur, un expert en rhétorique. Un vrai camelot du récit, ce Jésus de Marseille, il vous en raconte dix pour le prix d'un.
Vous aurez donc droit à une resucée truculente des évangiles vus de Marseille, avec les véritables noms des lieux, des banlieues, des enseignes de l'époque, des marques, des personnes, de la cousine, des voyous, du docteur, du légendaire commissaire d'origine asiatique... Et même si vous n'avez pas connu tout ça, c'est tout le Marseille des années 40 à 80 qui revit sous vos yeux. Valletti c'est le roi de l'hypotypose, une maladie du talent descriptif.
Mais il n'est pas sage ni donneur de leçons d'amour, ce Jésus de Marseille. Il invective, amplifie, exagère, s'indigne parce que vous faites mine de ne pas toujours y croire. Il fait les questions, les réponses. Il répète, il insiste, il démontre, pour crédibiliser son histoire. Car il vous faut absolument le croire, y ajouter foi. Ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle Jésus. Il y aurait bien, entre autres, une bonne leçon d'humanité, pour certains des cathos qui rêvent de voir les étrangers dehors : la famille qui cherchait un lieu pour se reposer et permettre à la mère de donner naissance au petit Jésus, c'était une famille d'étrangers :
"- S'il vous plaît, Madame, auriez-vous une chambre de vide ?
- Non, non, passez votre chemin, sales étrangers !
Parce qu'on était une famille d'étrangers.
C'est-à-dire qu'on connaissait personne.
Tous les gens qu'on connaissait, ils parlaient pas le français. Ils parlaient le vietnamien, l'indosuez, le pentagone."
Emphatique et picaresque, "Jésus de Marseille" fait rire, par tout un attirail d'expressions familières ("T'ies un encore moins qu'un rien du tout."), d'inversions (...Les rois mages, ils s'appelaient, c'est pour ça qu'ils ont fait une rue qui s'appelle comme ça....), de tournures provençales ou d'inventions savoureuses ("Il va se faire "crucifictier"...il peut pas se "re-susciter.") ; et ces particules explétives, les "te", ("...Et ils t'amenaient qui du chocolat, l'autre des médicaments, le troisième un guidon de vélo...") qui vous prennent à témoin et vous enchaînent progressivement au récit.
Avec Valletti, on l'aura compris, on est dans l'oralité pure, le parler des familles, la transmission des histoires ("...Mais ce que je raconte c'est parce qu'on me l'a raconté. Après. Y avait l'âne, le menuisier, maman et moi..."). On est toujours au bar, avec le camelot qui extravague, sauf qu'il y a maintenant un petit groupe qui écoute ; un qui parle, les autres qui boivent sa parole, ça ressemble un peu à l'évangile, beaucoup au théâtre. Car ces histoires il faut les entendre, avec l'accent, l'intonation, les exclamations. Allez à la messe de "Jésus de Marseille", ça fait un bien fou !
Sinon le livre, publié dans la collection Le théâtre de la Chamaille, chez l'Atalante, comporte également un texte intitulé Psychiatrie/Déconniatrie, dont j'ai le plaisir de reproduire - avec l'autorisation de l'auteur-, un passage saisissant de vérité : une petite parabole sur la consommation. Cliquez sur la page pour l'agrandir.
Libellés :
Atypique / Peculiar,
Littérature
27.12.07
Ushida & Findlay : La maison douce et poilue
Plusieurs mois après l'irréaliste Loftcube, voici un concept peut-être tout aussi irréaliste, mais extrêmement séduisant et élégant dans sa réalisation.
"Intrigués par l'affirmation provocatrice de Salvador Dali sur l'architecture du futur, les clients, un jeune couple de journalistes d'architecture, avaient commandé à Eisaku Ushida et Kathrin Findlay une maison "douce et poilue".
J'avoue avoir moi-même été intrigué par ce nom, d'abord parce qu'il véhicule l'idée originale d'une maison qui échappe enfin au règne minéral (verre, pierre, béton) ou végétal (tendance Robin des bois, maison dans les arbres, écolo et tout le toutim actuel). Une maison animale donc, comme la peau, le système pileux, pas une de ces maisons "intelligentes" de l'idéal domotique. Une maison vivante, incarnée dans les stéréotypes du masculin (les poils) et du féminin (la douceur).
Dans le site d'Ushida & Findlay, la maison est décrite comme "couverte d'un tapis d'herbes sauvages semblables à celles des terrains vagues environnants. Enroulée autour de son patio, elle a été pensée comme une incarnation du couple : le corps de l'homme et celui de la femme lovés autour de celui de l'enfant représenté par la forme utérine de la salle de bains. La maison, paysage où s'entremêlent le familier et l'étrangeté, a été entièrement programmée à partir de ses implications psychanalytiques. ...
Pour Ushida & Findlay, ce projet était l'occasion de projeter, dans l'architecture, une pensée surréaliste. Alors que le minimalisme, tendance architecturale dominante au Japon, cherche à "dématérialiser le réel", ils ont tenté ici, à la manière de Dali, de "matérialiser le rêve", de construire une "réalité" mêlant dans un même espace des éléments internes et externes à l'architecture."
Belle explication, mais le caractère "doux et poilu" qui fait le charme conceptuel de cette maison ne saute pas vraiment aux yeux.
"Intrigués par l'affirmation provocatrice de Salvador Dali sur l'architecture du futur, les clients, un jeune couple de journalistes d'architecture, avaient commandé à Eisaku Ushida et Kathrin Findlay une maison "douce et poilue".
J'avoue avoir moi-même été intrigué par ce nom, d'abord parce qu'il véhicule l'idée originale d'une maison qui échappe enfin au règne minéral (verre, pierre, béton) ou végétal (tendance Robin des bois, maison dans les arbres, écolo et tout le toutim actuel). Une maison animale donc, comme la peau, le système pileux, pas une de ces maisons "intelligentes" de l'idéal domotique. Une maison vivante, incarnée dans les stéréotypes du masculin (les poils) et du féminin (la douceur).
Dans le site d'Ushida & Findlay, la maison est décrite comme "couverte d'un tapis d'herbes sauvages semblables à celles des terrains vagues environnants. Enroulée autour de son patio, elle a été pensée comme une incarnation du couple : le corps de l'homme et celui de la femme lovés autour de celui de l'enfant représenté par la forme utérine de la salle de bains. La maison, paysage où s'entremêlent le familier et l'étrangeté, a été entièrement programmée à partir de ses implications psychanalytiques. ...
Pour Ushida & Findlay, ce projet était l'occasion de projeter, dans l'architecture, une pensée surréaliste. Alors que le minimalisme, tendance architecturale dominante au Japon, cherche à "dématérialiser le réel", ils ont tenté ici, à la manière de Dali, de "matérialiser le rêve", de construire une "réalité" mêlant dans un même espace des éléments internes et externes à l'architecture."
Belle explication, mais le caractère "doux et poilu" qui fait le charme conceptuel de cette maison ne saute pas vraiment aux yeux.
Libellés :
2020,
Atypique / Peculiar
21.12.07
Nicola Alesini & Pier Luigi Andreoni - Marco Polo
Voici un concept-album contient un livret dédié à Marco Polo et comportant de courts extraits de ses Mirabilia (Livre des Merveilles) et autres relations de voyage, en version italienne et anglaise uniquement. Dans cette lente équipée vers Yangchow et Samarkand, nos deux Italiens sont en bonne compagnie. La voix profonde et incantatoire de David Sylvian cisèle ses propres visions d'une fabuleuse route de l'or (Golden Way). Le saxophone d'Alesini prend des intonations orientales, déplie des arabesques sur les traces de Khublai Khan. Des tapis de soies et de percussions sourdes alternent avec de mystérieuses onomatopées. Harmonium et bouzouki se mêlent avec bonheur à un ensemble souvent proche d'un jazz minimal. Car il ne s'agit pas ici de revisiter les musiques traditionnelles asiates mais plutôt d'explorer des continents intérieurs, des fantasmes d'Orient. Et la magie opère, télescopage d'un passé lent et prestigieux avec les instruments d'aujourd'hui. Survol de vastes steppes ambiantes. La guitare de David Torn renvoie les échos de profondes vallées, le piano d'Harold Budd retrouve le tempo lent de la marche à pied, propice à l'émerveillement devant les curiosités d'une civilisation. Et par dessus les mélopées d'un village lointain, le regard plonge dans l'empire céleste.
In 1996 the Italian composer duo Nicola Alesini and Pier Luigi Andreoni released a CD entitled Marco Polo, which featured contributions by a number of fine musicians, including David Sylvian, Roger Eno, David Torn and Harold Budd.
It is clear that both Alesini and Andreoni admire Marco Polo greatly, not only for his historical discoveries, but, maybe even more importantly, for his adventurousness as such. In their compositions, they strive to evoke not only the voyages of Marco Polo, but also the spirit of restlessness and curiosity that guided him in his travels. And, it is an effort that is successful, as witnessed by the virtuoso saxophone performances that wander through the richly detailed musical landscapes of most of the tracks on the CD. In a sense Alesini's saxophone themes become the Marco Polo of the album, travelling along; at times slowly with a tinge of melancholy, and homesickness perhaps; at other times, full of enthusiasm and longing; but, always with a sense of discovery and the unexpected. The grand vistas of sound that Andreoni -- and the many other guest musicians on the CD -- erect, beautifully paint the various locales through which Marco Polo, and now Alesini, traveled. Here are the foreign cities with their strange noises and languages; here are endless mountainscapes clad in misty clouds; here are fields of flowers and barren, rocky desert regions; and, here are exotic rituals and festivals of sound.
Libellés :
Atypique / Peculiar
16.12.07
Anne Pigalle - Polaroïds
Avec son nom de quartier interlope et ses chansons qui magnifient ce même quartier de nostalgie et d'aventures douteuses, Anne Pigalle restera comme une personnalité mystérieuse déboulant à contre-courant des modes électro-indus et punk en 85. Avec sa voix lasse et précieuse, il lui aura suffi d'un album, Everything could be so perfect, cornaqué par le très en vogue Trevor Horn de ZTT, pour insuffler à la new wave un langoureux parfum de chanson rétro. Et puis plus rien.
Je découvre par le net qu'une nouvelle compilation de chansons, Amerotica, semble actuellement disponible en édition limitée sur son site. Et j'apprends par ailleurs qu'Anne Pigalle a continué sa carrière à l'étranger (en Angleterre, suivie d'une période aux US), développant ses talents d'auteure, de photographe, de peintre et chanteuse.
Anne Pigalle is a parisian chanteuse, polaroid photographer, and painter, poet, writer, actress and creator of the amerotic salons. She grew up in Paris. She has been compared to Piaf, Dietrich and West. She is running a new cabaret club night in London called Spirit of Ecstasy. She has been intensely working since her first album on all kind of diverse material and collaborated with many greats while living in America. Amerotica is a new compilation of songs released on her website as a limited edition.
Anne Pigalle uses the Polaroid camera to create unique objects of desire. Born out of a project to entice back a previous lover, Pigalle elaborately ordains her nude body and performs to her audience; the camera. Primarily, the polaroids act as snap shots of her performance, but Pigalle then returns and intricately decorates each image until they become reminiscent of feminine religious icons. She uses a mixture of kitsch materials including nail polish, glitter, feathers and trinkets, all of which create this object quality of decadent sexual desire.
The use of costumes and masks by Pigalle can be linked back to the surrealist artist's Claude Cahun and Cindy Sherman; but rather than questioning her gender, she celebrates it. She playfully adopts poses with a narcissistic, self-sufficient sexuality, whilst mimicking classical female art icons, such as Botticelli's Venus.
The polaroid format, coupled with the frequent appearance of velvety curtains and rich red hues in the staging of the images, introduces a voyeuristic, peepshow element to the images. Throughout the work there is a sense of nostalgic burlesque, harking back to the Pigalle district of Anne's native Paris.
Anne Pigalle is best known as an inimitable and compelling performer. She was raised in Paris and moved to London during the punk scene. In the 1990s she moved to Los Angeles to work as a photographer and actor. She has since returned to London to perform and work on her autobiography, her singing and photography.
Libellés :
Photographie / Photography
9.12.07
The Girls from Bahia - Revolucion con Brasilia !
Merveilleuse pochette d'un autre temps, jouant à la fois sur les signes du réalisme socialiste et sur l'image de 4 jeunes filles dans le vent, coupe au bol et robe de collégienne : The Girls from Bahia. Sous ce nom à connotation easy-listening, c'est l'ensemble vocal brésilien Quarteto Em Cy (soit 4 sœurs : Cyva, Cybele, Cynara et Cylene - d'où leur nom de Quartette en Cy) qui tente sa chance aux States en 1967. Les belles sortent ce second disque aux codes audacieux, toujours chez Warner, en 1968 ; soit la meilleure année pour lancer un pavé provocateur aux couleurs de la révolution libertaire. Elles auront eu beau faire briller de belles compositions de Buarque, de Vinicius de Moraes, chanter en anglais, adapter à la manière samba des standards tels que In the mood, Sunny Side of the Street ou Manhattan. Peine perdue, l'essai ne sera pas concluant. Notre ami Zecalouro, du blog Loronix (voir ci-dessous), impute en partie cet échec au titre en espagnol. Et aussi probablement à une imagerie de révolution cubaine, plutôt mal vue. Mélange des genres, des pays... Il faut savoir que l'inculture nord-américaine de l'époque est crasse. Oscar Peterson interprète en 1966, pour son premier LP, plusieurs grands classiques brésiliens : Mercury n'hésitera pas à nommer l'album... "Soul Espanol" ! Mais bon, passons.
Comment ne pas être sensible aux délicieuses vocalises de ce quatuor. Leur version du classique Reza (Laia Ladaia) est un joyau, de même que le célèbre Dindi. Sans parler du quasi liturgique Morrer de amor. En définitive, fournir ces perles, le chant des sirènes, aux oreilles étatsuniennes 7 ans après la baie des Cochons, c'est encore du "margaritas ante porcos".
Régalez-vous donc auprès de Loronix avec The Girls from Bahia.
Titres / Tracks include:
01 - Berimbau (Baden Powell / Vinicius de Moraes / Version Gilbert)
02 - Tem Mais Samba (Chico Buarque)
03 - Edmundo (In The Mood) (Garland)
04 - Laia Ladaia (Reza) (Edu Lobo / Ruy Guerra / Version Norman Gimbel)
05 - I Live To Love You (Morrer de Amor) (Oscar Castro Neves / Luvercy Fiorini / Version Gilbert)
06 - The Sunny Side Of The Street (Fields / McHugh)
07 - Road To Nowhere (Blanco / Oliveira)
08 - The Old Piano Roll Blues (Coben)
09 - The Day It Rained (Ferreira / Camargo / Vrs. Gilbert)
10 - E Nada Mais (Durval Ferreira / Luis Fernando Freire)
11 - Manhattan (Rodgers / Hart)
12 - Dindi (Tom Jobim / Aloysio de Oliveira / Version Gilbert)
13 - Parade (A Banda) (Chico Buarque / Version B. Russell)
Straightforward, The LP The Girls from Bahia - Revolucion con Brasilia (1968) is a Quarteto em Cy LP. Quarteto em Cy adopted this name when the girls moved to US in 1967. Perhaps this strategy has failed since they have recorded in US by Warner just this LP. During their stay, Quarteto em Cy changed their repertoire to American standards versions and adapted English lyrics of Antonio Carlos Jobim and other major Brazilian composers.
After this international experience - probably very badly produced since the Spanish title was a big error - Cynara and Cybele left the group. This is a very curious and hard to find release. From Loronix
Libellés :
Jazz
8.12.07
Richard Woods & Sebastian Wrong - "WRONGWOODS"
Cette commode est une des pièces du programme "Collaborations", du fabricant anglais Established & Sons, qui propose à des designers et autres créateurs de travailler en partenariat. Ce qui m'amuse le plus c'est la relation (est-elle voulue ?) entre le nom des artistes et ce décor de faux bois (mauvais bois ?), pour ainsi dire agrandi (comme au photocopieur) et surligné dans ses noeuds et grandes lignes. Couleurs étonnantes et ludiques, cela ressemble davantage à une maquette ; on ne voit pas, dans cette photo, comment les tiroirs s'ouvrent.
Libellés :
design / design industriel
2.12.07
André Pieyre de Mandiargues - L'anglais décrit dans le château fermé
Par goût, par défi ou comme un exercice de style, nombreux ont été les auteurs qui se sont adonné au genre érotique. Et leurs incursions sulfureuses dans les sillons de la chair furent parfois d'admirables claques à la bien-pensance littéraire de leur temps. Alfred de Musset (avec Gamiani ou Deux nuits d'excès) ; Guillaume Apollinaire (avec Les Onze Mille Verges) ; Louis Aragon (avec Le Con d'Irène) ; Anaïs Nin (avec Les Petits Oiseaux)... Au reste, tous devinaient bien que - sous leur propre nom ou sous une identité d'emprunt- ils laisseraient dans leur bibliographie une pièce subversive et infamante, qui serait inévitablement écartée de la postérité pédagogique. Bannissement fort regrettable pour les jeunes générations, car à l'âge où la sensualité s'éveille loin des textes sages du Lagarde & Michard, ces écritures de la jouissance sont de celles qui communiquent une certaine jouissance de l'écriture. Il nous aura donc fallu attendre longtemps avant de découvrir ce fabuleux roman d'André Pieyre de Mandiargues, publié en 1954, sous le pseudonyme de Pierre Morion. L’anglais décrit dans le château fermé fut interdit en 1955 et valut à Régine Desforges, son éditrice, une inculpation d’outrage aux bonnes mœurs.
"L’ouvrage raconte la dernière orgie de M. de Montcul, un anglais aussi excentrique que sadique et blasé, qui s’est retiré dans sa résidence de Gamehuche, en Côte de Vit. Dans les caves du château sont entreposées des centaines de tonnes d’explosifs et Montcul déclare dès le début du récit qu’il fera tout sauter « à la première fois qu’après avoir bandé [il ne sera] plus capable de jeter du sperme ». S’en suit une soirée où les excès les plus invraisemblables se produisent et qui se termine, comme vous le devinez, par « l’éjaculation grandiose » du château."
"Un livre par moments insoutenable, dominé par l'inquiétante figure sadienne du libertin Montcul, et porté par une langue éblouissante, où le sadisme et un humour d'une qualité très particulière sont poussés à la dernière extrémité. Jamais l'érotisme et l'alliage de cruauté et de volupté, qui sont, avec l'amour de la mer et des crustacés, deux composantes essentielles de l'univers de Mandiargues, n'ont atteint de tels sommets, ou de tels abîmes."
Trois choses très justes sont à retenir de ces descriptions du roman de Mandiargues, glanées sur le net, c'est le jugement de valeur sur le style "une langue éblouissante", le caractère "invraisemblable" du récit et la tonalité, soit "l'humour". Ces trois éléments permettant de quitter assez rapidement le décor sadien pour entrer dans la scénographie excessive et grotesque qu'affectionne Mandiargues. Exercice de style pornographique donc, où le baroque l'emporte toujours sur le réalisme de la cruauté.
Libellés :
Littérature
1.12.07
The Hi-Lo's - Suddenly it's the Hi-Lo's
"Il y a, comme dans la musique baroque vocale d'un Gesualdo ou d'un Monterverdi, dont il faut considérer qu'ils en ont été le lointain écho, de la démesure, de la douceur et du tragique dans les meilleures prises des HI-LO'S, polyphonistes raffinés qui chantèrent la musique populaire comme les standards les plus difficiles avec un bonheur constant derrière leur inventeur et poète, Gene Puerling qui mit fin à la vie de cette formation au début des années soixante après 10 ans de succès et une popularité inégalée en Amérique pour un groupe vocal de cette trempe. Les HI-LO'S, comme les Pied Pipers et les Meltones en leur temps, ont été un modèle pour nombre de formations vocales de jazz ou de variété et leur influence sur plusieurs groupes de rock californiens est évidente. Il suffit d'écouter, par exemple, Pet Sounds des Beach Boys pour se convaincre du fait que dans God Only Knows ou Caroline, No, la main de Brian Wilson se souvient des pyrotechnies sensuelles écrites par Puerling 10 ans auparavant.
Quand Gene Puerling et son copain Bob Strasen firent la connaissance de Bob Morse et Clark Burroughs, chez Billy May, il fallut les arrêter après que Puerling se soit mis - émule de Burroughs? - à tirer à la carabine sur deux filles qui avaient dit du mal de l'orchestre de Thornhill, celui qu'il préférait alors entre tous - et cela n'est pas un hasard quand on connait la faveur obsessionnelle qu'avait Thornhill pour les grandes plages instrumentales à l'unisson alternées avec des exercices musicaux un peu enchevêtrés et les ronds de chapeau qu'il fit, pour cela, baver à ses musiciens. Ces plages de rêve sur les rivages desquelles il s'allongera de plus en plus, pour ne plus se relever, enfant de volupté, dans la seconde partie de sa carrière avec les Singers Unlimited.
Le mélange détonant prend et ne tarde pas à exploser, on le voit quand les fastes de l'Orfeo de Monteverdi renaissent de manière improbable dans la chaleur alcoolisée des clubs californiens avant de rejaillir de manière parfaitement inattendue dans cet enfer matérialiste qu'est le bord d'une piscine de Beverley Hills où Eurydice, garce aux oreilles délabrées refuse de suivre la lyre d'Orphée qui, lui, ne s'en retourne qu'avec une arme à la main.
Tragique Gene Puerling qui n'y allait pas par quatre chemins avec les filles qui le fatiguaient assez vite s'il faut en croire ce Then I'll Be Tired Of You où l'épuisement du sentiment se décline comme la fin du jour dans l'exposé du thème, la splendeur vespérale portant sur sa courbe sans faille les voix merveilleuses des chanteurs quand monte la marée des couleurs sous la poussée irrésistible du Marty Paich Dektette, les longues vagues harmoniques aux crêtes en croupes ruisselantes de regret, émaillées par l'intime mais souveraine trompette de Jack Sheldon en miniature. Les HI-LO'S chantent ici jusqu'à l'étiage du cœur en confidence cette version inoubliable de la chanson écrite par Schwartz et Harburg en 1934.
Sal Salvador: Gene et Bob, qui avaient un coup dans le nez, n'ont pas supporté d'entendre dire du mal de Thornhill qui, encore plus défoncé, était assis, son éternel costume blanc froissé, un verre à la main, juste au bord de la piscine et manqua d'y tomber de désespoir lorsqu'il entendit ces deux jolies filles le traîner dans la merde. Gène dit qu'il ne pouvait pas entendre ce genre de mensonges et préférait s'en aller, et il s'en alla, mais seulement pour revenir quelques minutes après avec la carabine dont Bill se servait pour tirer les lapins. Quand elle lui demandèrent s'il n'était pas cinglé, Gene se tourna vers Bob Morse et lui demanda ce qu'il en pensait et Bob dit aux filles que Gene était vraiment cinglé et qu'il l'avait déjà vu tirer sur des gens avec qui il ne parvenait pas à se mettre d'accord. Claude [Thornhill] sortit alors de la sorte de léthargie dans laquelle le Bourbon le plongeait et se leva en titubant et braillant un truc du genre "la musique ne vaut pas la peine de perdre la vie pour elle" et Gene le coupa en disant que si et qu'il fallait faire un exemple. L'une de filles, une rousse en maillot de bain vert qui faisait des petits rôles pour la Warner se mit alors à chialer, tombant à genoux et demandant pardon. C'était incroyable et cela faillit tourner mal. Finalement, Morse et deux autres gars maîtrisèrent Puerling et on raconta après aux filles que l'arme n'était pas chargée. Je ne sais pas si elles le crurent, mais elle n'allèrent pas voir les flics. Heureusement pour Gene et son groupe vocal qui étaient du tonnerre et marchaient bien à cette époque et passaient souvent dans les shows TV. Une histoire avec les flics aurait tout foutu en l'air.
Merci à Bannister pour ce texte / By courtesy of Voices
En complément : 3 titres extraits de l'album Suddenly it's the Hi-Lo's :
Down The Old Ox Road
Love Walked In
Basin Street Blues
Avec Frankie et sur du velours côtelé dans "I'll Never Smile Again".
Libellés :
Jazz
Inscription à :
Articles (Atom)