30.12.07
Severed Heads - Dead Eyes Opened
Cela fait de nombreuses années que Severed Heads ne nous envoie plus rien de son (pourtant très créatif) hémisphère austral. Les "têtes divisées" le sont probablement à jamais, même si un site semble continuer d'assurer le service de vente à distance.
Tom Ellard et son groupe avait développé un style très personnel, à coups de bandes magnétiques et de ciseaux, de sonorités loufoques, de boucles traitées, de synthés sautillants, de percussions centrifugées avec des voix et des bruitages machiniques. Tel que je le décris, là, ça a peut-être l'air d'une soupe triturée au mixer, mais non : Severed Heads, c'est un monde musical original et entièrement cohérent, qui ne ressemblait à rien de connu - et bien que ce groupe ait été apparenté à la vague électro-indus, il s'en démarquait largement par sa créativité et son humour. Il suffit d'écouter ses mélodies envoûtantes, chantonnées d'une voix douce, en décalage avec les voix sombres de rigueur en pleine période industrielle. Un maxi regroupant plusieurs titres d'inspirations différentes est audible chez Pop Will Eat My Blog
Although largely overlooked, Severed Heads were one of the better groups to grace the Nettwerk Records label during the 80's and 90's. The sad thing is that the group was putting out excellent material, but always overshadowed by label mates Skinny Puppy. Though there are some instances where Severed Heads do moniker the industrial sound that was abundant in this label, I always felt they were a chameleon of musical genres. You'll probably get a sense of what I mean when you listen to this EP, in that the musical styles change somewhat from track to track. Parts of this EP sound like industrial-ish rantings, while other parts fit nicely on a compilations alongside OMD or Soft Cell. Even the track 'We Have Come To Bless This House' sounds like it was an OMD b-side from one of the earlier albums. But overall, I love this EP for the track 'Dead Eyes Opened', which I think is a great synthpop track, and perfectly exemplifies what the sound should be like. Love them or hate them, Severed Heads were premiere stuff, and if you rifle through the small bad bits, you'll find some gorgeous music hidden away. Quotation and link from pwemb.blogspot.com (Pop Will Eat My Blog)
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Electronique / Experimental
29.12.07
Serge Valletti - Jésus de Marseille suivi de Psychiatrie/Déconniatrie
Entrer dans l'univers narratif de Serge Valletti, c'est comme entrer dans un bar à Marseille et y retrouver une vieille connaissance, accoudée au zinc, un type chargé d'un bric-à-brac d'aventures vécues, qui n'attendaient que vous. Vous ne l'aviez pas revu depuis des années, vous êtes le dépositaire idéal. Alors il vous coule des histoires fabuleuses, souvent saugrenues, pour quoi vous ne vous lassez jamais de l'écouter, accroché que vous êtes à ses lèvres imprévisibles.
Pour faire court, "Jésus de Marseille", c'est rien moins que le Nouveau Testament revu et corrigé par Valletti, bien plus drôle que la Bible. On y trouve tous les personnages, à commencer par Jésus, le narrateur, omniscient (le fils de Dieu, donc), la mère, le menuisier, Melchieur, Dubazar, Satan.... On y trouve aussi tous les ingrédients stylistiques de la Bible : d'abord la parataxe (cette manière de juxtaposer des phrases sans les articuler, de vous laisser faire les liaisons, de remplir les vides). Et puis le narrateur, un expert en rhétorique. Un vrai camelot du récit, ce Jésus de Marseille, il vous en raconte dix pour le prix d'un.
Vous aurez donc droit à une resucée truculente des évangiles vus de Marseille, avec les véritables noms des lieux, des banlieues, des enseignes de l'époque, des marques, des personnes, de la cousine, des voyous, du docteur, du légendaire commissaire d'origine asiatique... Et même si vous n'avez pas connu tout ça, c'est tout le Marseille des années 40 à 80 qui revit sous vos yeux. Valletti c'est le roi de l'hypotypose, une maladie du talent descriptif.
Mais il n'est pas sage ni donneur de leçons d'amour, ce Jésus de Marseille. Il invective, amplifie, exagère, s'indigne parce que vous faites mine de ne pas toujours y croire. Il fait les questions, les réponses. Il répète, il insiste, il démontre, pour crédibiliser son histoire. Car il vous faut absolument le croire, y ajouter foi. Ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle Jésus. Il y aurait bien, entre autres, une bonne leçon d'humanité, pour certains des cathos qui rêvent de voir les étrangers dehors : la famille qui cherchait un lieu pour se reposer et permettre à la mère de donner naissance au petit Jésus, c'était une famille d'étrangers :
"- S'il vous plaît, Madame, auriez-vous une chambre de vide ?
- Non, non, passez votre chemin, sales étrangers !
Parce qu'on était une famille d'étrangers.
C'est-à-dire qu'on connaissait personne.
Tous les gens qu'on connaissait, ils parlaient pas le français. Ils parlaient le vietnamien, l'indosuez, le pentagone."
Emphatique et picaresque, "Jésus de Marseille" fait rire, par tout un attirail d'expressions familières ("T'ies un encore moins qu'un rien du tout."), d'inversions (...Les rois mages, ils s'appelaient, c'est pour ça qu'ils ont fait une rue qui s'appelle comme ça....), de tournures provençales ou d'inventions savoureuses ("Il va se faire "crucifictier"...il peut pas se "re-susciter.") ; et ces particules explétives, les "te", ("...Et ils t'amenaient qui du chocolat, l'autre des médicaments, le troisième un guidon de vélo...") qui vous prennent à témoin et vous enchaînent progressivement au récit.
Avec Valletti, on l'aura compris, on est dans l'oralité pure, le parler des familles, la transmission des histoires ("...Mais ce que je raconte c'est parce qu'on me l'a raconté. Après. Y avait l'âne, le menuisier, maman et moi..."). On est toujours au bar, avec le camelot qui extravague, sauf qu'il y a maintenant un petit groupe qui écoute ; un qui parle, les autres qui boivent sa parole, ça ressemble un peu à l'évangile, beaucoup au théâtre. Car ces histoires il faut les entendre, avec l'accent, l'intonation, les exclamations. Allez à la messe de "Jésus de Marseille", ça fait un bien fou !
Sinon le livre, publié dans la collection Le théâtre de la Chamaille, chez l'Atalante, comporte également un texte intitulé Psychiatrie/Déconniatrie, dont j'ai le plaisir de reproduire - avec l'autorisation de l'auteur-, un passage saisissant de vérité : une petite parabole sur la consommation. Cliquez sur la page pour l'agrandir.
Pour faire court, "Jésus de Marseille", c'est rien moins que le Nouveau Testament revu et corrigé par Valletti, bien plus drôle que la Bible. On y trouve tous les personnages, à commencer par Jésus, le narrateur, omniscient (le fils de Dieu, donc), la mère, le menuisier, Melchieur, Dubazar, Satan.... On y trouve aussi tous les ingrédients stylistiques de la Bible : d'abord la parataxe (cette manière de juxtaposer des phrases sans les articuler, de vous laisser faire les liaisons, de remplir les vides). Et puis le narrateur, un expert en rhétorique. Un vrai camelot du récit, ce Jésus de Marseille, il vous en raconte dix pour le prix d'un.
Vous aurez donc droit à une resucée truculente des évangiles vus de Marseille, avec les véritables noms des lieux, des banlieues, des enseignes de l'époque, des marques, des personnes, de la cousine, des voyous, du docteur, du légendaire commissaire d'origine asiatique... Et même si vous n'avez pas connu tout ça, c'est tout le Marseille des années 40 à 80 qui revit sous vos yeux. Valletti c'est le roi de l'hypotypose, une maladie du talent descriptif.
Mais il n'est pas sage ni donneur de leçons d'amour, ce Jésus de Marseille. Il invective, amplifie, exagère, s'indigne parce que vous faites mine de ne pas toujours y croire. Il fait les questions, les réponses. Il répète, il insiste, il démontre, pour crédibiliser son histoire. Car il vous faut absolument le croire, y ajouter foi. Ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle Jésus. Il y aurait bien, entre autres, une bonne leçon d'humanité, pour certains des cathos qui rêvent de voir les étrangers dehors : la famille qui cherchait un lieu pour se reposer et permettre à la mère de donner naissance au petit Jésus, c'était une famille d'étrangers :
"- S'il vous plaît, Madame, auriez-vous une chambre de vide ?
- Non, non, passez votre chemin, sales étrangers !
Parce qu'on était une famille d'étrangers.
C'est-à-dire qu'on connaissait personne.
Tous les gens qu'on connaissait, ils parlaient pas le français. Ils parlaient le vietnamien, l'indosuez, le pentagone."
Emphatique et picaresque, "Jésus de Marseille" fait rire, par tout un attirail d'expressions familières ("T'ies un encore moins qu'un rien du tout."), d'inversions (...Les rois mages, ils s'appelaient, c'est pour ça qu'ils ont fait une rue qui s'appelle comme ça....), de tournures provençales ou d'inventions savoureuses ("Il va se faire "crucifictier"...il peut pas se "re-susciter.") ; et ces particules explétives, les "te", ("...Et ils t'amenaient qui du chocolat, l'autre des médicaments, le troisième un guidon de vélo...") qui vous prennent à témoin et vous enchaînent progressivement au récit.
Avec Valletti, on l'aura compris, on est dans l'oralité pure, le parler des familles, la transmission des histoires ("...Mais ce que je raconte c'est parce qu'on me l'a raconté. Après. Y avait l'âne, le menuisier, maman et moi..."). On est toujours au bar, avec le camelot qui extravague, sauf qu'il y a maintenant un petit groupe qui écoute ; un qui parle, les autres qui boivent sa parole, ça ressemble un peu à l'évangile, beaucoup au théâtre. Car ces histoires il faut les entendre, avec l'accent, l'intonation, les exclamations. Allez à la messe de "Jésus de Marseille", ça fait un bien fou !
Sinon le livre, publié dans la collection Le théâtre de la Chamaille, chez l'Atalante, comporte également un texte intitulé Psychiatrie/Déconniatrie, dont j'ai le plaisir de reproduire - avec l'autorisation de l'auteur-, un passage saisissant de vérité : une petite parabole sur la consommation. Cliquez sur la page pour l'agrandir.
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Atypique / Peculiar,
Littérature
27.12.07
Ushida & Findlay : La maison douce et poilue
Plusieurs mois après l'irréaliste Loftcube, voici un concept peut-être tout aussi irréaliste, mais extrêmement séduisant et élégant dans sa réalisation.
"Intrigués par l'affirmation provocatrice de Salvador Dali sur l'architecture du futur, les clients, un jeune couple de journalistes d'architecture, avaient commandé à Eisaku Ushida et Kathrin Findlay une maison "douce et poilue".
J'avoue avoir moi-même été intrigué par ce nom, d'abord parce qu'il véhicule l'idée originale d'une maison qui échappe enfin au règne minéral (verre, pierre, béton) ou végétal (tendance Robin des bois, maison dans les arbres, écolo et tout le toutim actuel). Une maison animale donc, comme la peau, le système pileux, pas une de ces maisons "intelligentes" de l'idéal domotique. Une maison vivante, incarnée dans les stéréotypes du masculin (les poils) et du féminin (la douceur).
Dans le site d'Ushida & Findlay, la maison est décrite comme "couverte d'un tapis d'herbes sauvages semblables à celles des terrains vagues environnants. Enroulée autour de son patio, elle a été pensée comme une incarnation du couple : le corps de l'homme et celui de la femme lovés autour de celui de l'enfant représenté par la forme utérine de la salle de bains. La maison, paysage où s'entremêlent le familier et l'étrangeté, a été entièrement programmée à partir de ses implications psychanalytiques. ...
Pour Ushida & Findlay, ce projet était l'occasion de projeter, dans l'architecture, une pensée surréaliste. Alors que le minimalisme, tendance architecturale dominante au Japon, cherche à "dématérialiser le réel", ils ont tenté ici, à la manière de Dali, de "matérialiser le rêve", de construire une "réalité" mêlant dans un même espace des éléments internes et externes à l'architecture."
Belle explication, mais le caractère "doux et poilu" qui fait le charme conceptuel de cette maison ne saute pas vraiment aux yeux.
"Intrigués par l'affirmation provocatrice de Salvador Dali sur l'architecture du futur, les clients, un jeune couple de journalistes d'architecture, avaient commandé à Eisaku Ushida et Kathrin Findlay une maison "douce et poilue".
J'avoue avoir moi-même été intrigué par ce nom, d'abord parce qu'il véhicule l'idée originale d'une maison qui échappe enfin au règne minéral (verre, pierre, béton) ou végétal (tendance Robin des bois, maison dans les arbres, écolo et tout le toutim actuel). Une maison animale donc, comme la peau, le système pileux, pas une de ces maisons "intelligentes" de l'idéal domotique. Une maison vivante, incarnée dans les stéréotypes du masculin (les poils) et du féminin (la douceur).
Dans le site d'Ushida & Findlay, la maison est décrite comme "couverte d'un tapis d'herbes sauvages semblables à celles des terrains vagues environnants. Enroulée autour de son patio, elle a été pensée comme une incarnation du couple : le corps de l'homme et celui de la femme lovés autour de celui de l'enfant représenté par la forme utérine de la salle de bains. La maison, paysage où s'entremêlent le familier et l'étrangeté, a été entièrement programmée à partir de ses implications psychanalytiques. ...
Pour Ushida & Findlay, ce projet était l'occasion de projeter, dans l'architecture, une pensée surréaliste. Alors que le minimalisme, tendance architecturale dominante au Japon, cherche à "dématérialiser le réel", ils ont tenté ici, à la manière de Dali, de "matérialiser le rêve", de construire une "réalité" mêlant dans un même espace des éléments internes et externes à l'architecture."
Belle explication, mais le caractère "doux et poilu" qui fait le charme conceptuel de cette maison ne saute pas vraiment aux yeux.
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2020,
Atypique / Peculiar
21.12.07
Nicola Alesini & Pier Luigi Andreoni - Marco Polo
Voici un concept-album contient un livret dédié à Marco Polo et comportant de courts extraits de ses Mirabilia (Livre des Merveilles) et autres relations de voyage, en version italienne et anglaise uniquement. Dans cette lente équipée vers Yangchow et Samarkand, nos deux Italiens sont en bonne compagnie. La voix profonde et incantatoire de David Sylvian cisèle ses propres visions d'une fabuleuse route de l'or (Golden Way). Le saxophone d'Alesini prend des intonations orientales, déplie des arabesques sur les traces de Khublai Khan. Des tapis de soies et de percussions sourdes alternent avec de mystérieuses onomatopées. Harmonium et bouzouki se mêlent avec bonheur à un ensemble souvent proche d'un jazz minimal. Car il ne s'agit pas ici de revisiter les musiques traditionnelles asiates mais plutôt d'explorer des continents intérieurs, des fantasmes d'Orient. Et la magie opère, télescopage d'un passé lent et prestigieux avec les instruments d'aujourd'hui. Survol de vastes steppes ambiantes. La guitare de David Torn renvoie les échos de profondes vallées, le piano d'Harold Budd retrouve le tempo lent de la marche à pied, propice à l'émerveillement devant les curiosités d'une civilisation. Et par dessus les mélopées d'un village lointain, le regard plonge dans l'empire céleste.
In 1996 the Italian composer duo Nicola Alesini and Pier Luigi Andreoni released a CD entitled Marco Polo, which featured contributions by a number of fine musicians, including David Sylvian, Roger Eno, David Torn and Harold Budd.
It is clear that both Alesini and Andreoni admire Marco Polo greatly, not only for his historical discoveries, but, maybe even more importantly, for his adventurousness as such. In their compositions, they strive to evoke not only the voyages of Marco Polo, but also the spirit of restlessness and curiosity that guided him in his travels. And, it is an effort that is successful, as witnessed by the virtuoso saxophone performances that wander through the richly detailed musical landscapes of most of the tracks on the CD. In a sense Alesini's saxophone themes become the Marco Polo of the album, travelling along; at times slowly with a tinge of melancholy, and homesickness perhaps; at other times, full of enthusiasm and longing; but, always with a sense of discovery and the unexpected. The grand vistas of sound that Andreoni -- and the many other guest musicians on the CD -- erect, beautifully paint the various locales through which Marco Polo, and now Alesini, traveled. Here are the foreign cities with their strange noises and languages; here are endless mountainscapes clad in misty clouds; here are fields of flowers and barren, rocky desert regions; and, here are exotic rituals and festivals of sound.
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Atypique / Peculiar
16.12.07
Anne Pigalle - Polaroïds
Avec son nom de quartier interlope et ses chansons qui magnifient ce même quartier de nostalgie et d'aventures douteuses, Anne Pigalle restera comme une personnalité mystérieuse déboulant à contre-courant des modes électro-indus et punk en 85. Avec sa voix lasse et précieuse, il lui aura suffi d'un album, Everything could be so perfect, cornaqué par le très en vogue Trevor Horn de ZTT, pour insuffler à la new wave un langoureux parfum de chanson rétro. Et puis plus rien.
Je découvre par le net qu'une nouvelle compilation de chansons, Amerotica, semble actuellement disponible en édition limitée sur son site. Et j'apprends par ailleurs qu'Anne Pigalle a continué sa carrière à l'étranger (en Angleterre, suivie d'une période aux US), développant ses talents d'auteure, de photographe, de peintre et chanteuse.
Anne Pigalle is a parisian chanteuse, polaroid photographer, and painter, poet, writer, actress and creator of the amerotic salons. She grew up in Paris. She has been compared to Piaf, Dietrich and West. She is running a new cabaret club night in London called Spirit of Ecstasy. She has been intensely working since her first album on all kind of diverse material and collaborated with many greats while living in America. Amerotica is a new compilation of songs released on her website as a limited edition.
Anne Pigalle uses the Polaroid camera to create unique objects of desire. Born out of a project to entice back a previous lover, Pigalle elaborately ordains her nude body and performs to her audience; the camera. Primarily, the polaroids act as snap shots of her performance, but Pigalle then returns and intricately decorates each image until they become reminiscent of feminine religious icons. She uses a mixture of kitsch materials including nail polish, glitter, feathers and trinkets, all of which create this object quality of decadent sexual desire.
The use of costumes and masks by Pigalle can be linked back to the surrealist artist's Claude Cahun and Cindy Sherman; but rather than questioning her gender, she celebrates it. She playfully adopts poses with a narcissistic, self-sufficient sexuality, whilst mimicking classical female art icons, such as Botticelli's Venus.
The polaroid format, coupled with the frequent appearance of velvety curtains and rich red hues in the staging of the images, introduces a voyeuristic, peepshow element to the images. Throughout the work there is a sense of nostalgic burlesque, harking back to the Pigalle district of Anne's native Paris.
Anne Pigalle is best known as an inimitable and compelling performer. She was raised in Paris and moved to London during the punk scene. In the 1990s she moved to Los Angeles to work as a photographer and actor. She has since returned to London to perform and work on her autobiography, her singing and photography.
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Photographie / Photography
9.12.07
The Girls from Bahia - Revolucion con Brasilia !
Merveilleuse pochette d'un autre temps, jouant à la fois sur les signes du réalisme socialiste et sur l'image de 4 jeunes filles dans le vent, coupe au bol et robe de collégienne : The Girls from Bahia. Sous ce nom à connotation easy-listening, c'est l'ensemble vocal brésilien Quarteto Em Cy (soit 4 sœurs : Cyva, Cybele, Cynara et Cylene - d'où leur nom de Quartette en Cy) qui tente sa chance aux States en 1967. Les belles sortent ce second disque aux codes audacieux, toujours chez Warner, en 1968 ; soit la meilleure année pour lancer un pavé provocateur aux couleurs de la révolution libertaire. Elles auront eu beau faire briller de belles compositions de Buarque, de Vinicius de Moraes, chanter en anglais, adapter à la manière samba des standards tels que In the mood, Sunny Side of the Street ou Manhattan. Peine perdue, l'essai ne sera pas concluant. Notre ami Zecalouro, du blog Loronix (voir ci-dessous), impute en partie cet échec au titre en espagnol. Et aussi probablement à une imagerie de révolution cubaine, plutôt mal vue. Mélange des genres, des pays... Il faut savoir que l'inculture nord-américaine de l'époque est crasse. Oscar Peterson interprète en 1966, pour son premier LP, plusieurs grands classiques brésiliens : Mercury n'hésitera pas à nommer l'album... "Soul Espanol" ! Mais bon, passons.
Comment ne pas être sensible aux délicieuses vocalises de ce quatuor. Leur version du classique Reza (Laia Ladaia) est un joyau, de même que le célèbre Dindi. Sans parler du quasi liturgique Morrer de amor. En définitive, fournir ces perles, le chant des sirènes, aux oreilles étatsuniennes 7 ans après la baie des Cochons, c'est encore du "margaritas ante porcos".
Régalez-vous donc auprès de Loronix avec The Girls from Bahia.
Titres / Tracks include:
01 - Berimbau (Baden Powell / Vinicius de Moraes / Version Gilbert)
02 - Tem Mais Samba (Chico Buarque)
03 - Edmundo (In The Mood) (Garland)
04 - Laia Ladaia (Reza) (Edu Lobo / Ruy Guerra / Version Norman Gimbel)
05 - I Live To Love You (Morrer de Amor) (Oscar Castro Neves / Luvercy Fiorini / Version Gilbert)
06 - The Sunny Side Of The Street (Fields / McHugh)
07 - Road To Nowhere (Blanco / Oliveira)
08 - The Old Piano Roll Blues (Coben)
09 - The Day It Rained (Ferreira / Camargo / Vrs. Gilbert)
10 - E Nada Mais (Durval Ferreira / Luis Fernando Freire)
11 - Manhattan (Rodgers / Hart)
12 - Dindi (Tom Jobim / Aloysio de Oliveira / Version Gilbert)
13 - Parade (A Banda) (Chico Buarque / Version B. Russell)
Straightforward, The LP The Girls from Bahia - Revolucion con Brasilia (1968) is a Quarteto em Cy LP. Quarteto em Cy adopted this name when the girls moved to US in 1967. Perhaps this strategy has failed since they have recorded in US by Warner just this LP. During their stay, Quarteto em Cy changed their repertoire to American standards versions and adapted English lyrics of Antonio Carlos Jobim and other major Brazilian composers.
After this international experience - probably very badly produced since the Spanish title was a big error - Cynara and Cybele left the group. This is a very curious and hard to find release. From Loronix
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Jazz
8.12.07
Richard Woods & Sebastian Wrong - "WRONGWOODS"
Cette commode est une des pièces du programme "Collaborations", du fabricant anglais Established & Sons, qui propose à des designers et autres créateurs de travailler en partenariat. Ce qui m'amuse le plus c'est la relation (est-elle voulue ?) entre le nom des artistes et ce décor de faux bois (mauvais bois ?), pour ainsi dire agrandi (comme au photocopieur) et surligné dans ses noeuds et grandes lignes. Couleurs étonnantes et ludiques, cela ressemble davantage à une maquette ; on ne voit pas, dans cette photo, comment les tiroirs s'ouvrent.
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design / design industriel
2.12.07
André Pieyre de Mandiargues - L'anglais décrit dans le château fermé
Par goût, par défi ou comme un exercice de style, nombreux ont été les auteurs qui se sont adonné au genre érotique. Et leurs incursions sulfureuses dans les sillons de la chair furent parfois d'admirables claques à la bien-pensance littéraire de leur temps. Alfred de Musset (avec Gamiani ou Deux nuits d'excès) ; Guillaume Apollinaire (avec Les Onze Mille Verges) ; Louis Aragon (avec Le Con d'Irène) ; Anaïs Nin (avec Les Petits Oiseaux)... Au reste, tous devinaient bien que - sous leur propre nom ou sous une identité d'emprunt- ils laisseraient dans leur bibliographie une pièce subversive et infamante, qui serait inévitablement écartée de la postérité pédagogique. Bannissement fort regrettable pour les jeunes générations, car à l'âge où la sensualité s'éveille loin des textes sages du Lagarde & Michard, ces écritures de la jouissance sont de celles qui communiquent une certaine jouissance de l'écriture. Il nous aura donc fallu attendre longtemps avant de découvrir ce fabuleux roman d'André Pieyre de Mandiargues, publié en 1954, sous le pseudonyme de Pierre Morion. L’anglais décrit dans le château fermé fut interdit en 1955 et valut à Régine Desforges, son éditrice, une inculpation d’outrage aux bonnes mœurs.
"L’ouvrage raconte la dernière orgie de M. de Montcul, un anglais aussi excentrique que sadique et blasé, qui s’est retiré dans sa résidence de Gamehuche, en Côte de Vit. Dans les caves du château sont entreposées des centaines de tonnes d’explosifs et Montcul déclare dès le début du récit qu’il fera tout sauter « à la première fois qu’après avoir bandé [il ne sera] plus capable de jeter du sperme ». S’en suit une soirée où les excès les plus invraisemblables se produisent et qui se termine, comme vous le devinez, par « l’éjaculation grandiose » du château."
"Un livre par moments insoutenable, dominé par l'inquiétante figure sadienne du libertin Montcul, et porté par une langue éblouissante, où le sadisme et un humour d'une qualité très particulière sont poussés à la dernière extrémité. Jamais l'érotisme et l'alliage de cruauté et de volupté, qui sont, avec l'amour de la mer et des crustacés, deux composantes essentielles de l'univers de Mandiargues, n'ont atteint de tels sommets, ou de tels abîmes."
Trois choses très justes sont à retenir de ces descriptions du roman de Mandiargues, glanées sur le net, c'est le jugement de valeur sur le style "une langue éblouissante", le caractère "invraisemblable" du récit et la tonalité, soit "l'humour". Ces trois éléments permettant de quitter assez rapidement le décor sadien pour entrer dans la scénographie excessive et grotesque qu'affectionne Mandiargues. Exercice de style pornographique donc, où le baroque l'emporte toujours sur le réalisme de la cruauté.
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1.12.07
The Hi-Lo's - Suddenly it's the Hi-Lo's
"Il y a, comme dans la musique baroque vocale d'un Gesualdo ou d'un Monterverdi, dont il faut considérer qu'ils en ont été le lointain écho, de la démesure, de la douceur et du tragique dans les meilleures prises des HI-LO'S, polyphonistes raffinés qui chantèrent la musique populaire comme les standards les plus difficiles avec un bonheur constant derrière leur inventeur et poète, Gene Puerling qui mit fin à la vie de cette formation au début des années soixante après 10 ans de succès et une popularité inégalée en Amérique pour un groupe vocal de cette trempe. Les HI-LO'S, comme les Pied Pipers et les Meltones en leur temps, ont été un modèle pour nombre de formations vocales de jazz ou de variété et leur influence sur plusieurs groupes de rock californiens est évidente. Il suffit d'écouter, par exemple, Pet Sounds des Beach Boys pour se convaincre du fait que dans God Only Knows ou Caroline, No, la main de Brian Wilson se souvient des pyrotechnies sensuelles écrites par Puerling 10 ans auparavant.
Quand Gene Puerling et son copain Bob Strasen firent la connaissance de Bob Morse et Clark Burroughs, chez Billy May, il fallut les arrêter après que Puerling se soit mis - émule de Burroughs? - à tirer à la carabine sur deux filles qui avaient dit du mal de l'orchestre de Thornhill, celui qu'il préférait alors entre tous - et cela n'est pas un hasard quand on connait la faveur obsessionnelle qu'avait Thornhill pour les grandes plages instrumentales à l'unisson alternées avec des exercices musicaux un peu enchevêtrés et les ronds de chapeau qu'il fit, pour cela, baver à ses musiciens. Ces plages de rêve sur les rivages desquelles il s'allongera de plus en plus, pour ne plus se relever, enfant de volupté, dans la seconde partie de sa carrière avec les Singers Unlimited.
Le mélange détonant prend et ne tarde pas à exploser, on le voit quand les fastes de l'Orfeo de Monteverdi renaissent de manière improbable dans la chaleur alcoolisée des clubs californiens avant de rejaillir de manière parfaitement inattendue dans cet enfer matérialiste qu'est le bord d'une piscine de Beverley Hills où Eurydice, garce aux oreilles délabrées refuse de suivre la lyre d'Orphée qui, lui, ne s'en retourne qu'avec une arme à la main.
Tragique Gene Puerling qui n'y allait pas par quatre chemins avec les filles qui le fatiguaient assez vite s'il faut en croire ce Then I'll Be Tired Of You où l'épuisement du sentiment se décline comme la fin du jour dans l'exposé du thème, la splendeur vespérale portant sur sa courbe sans faille les voix merveilleuses des chanteurs quand monte la marée des couleurs sous la poussée irrésistible du Marty Paich Dektette, les longues vagues harmoniques aux crêtes en croupes ruisselantes de regret, émaillées par l'intime mais souveraine trompette de Jack Sheldon en miniature. Les HI-LO'S chantent ici jusqu'à l'étiage du cœur en confidence cette version inoubliable de la chanson écrite par Schwartz et Harburg en 1934.
Sal Salvador: Gene et Bob, qui avaient un coup dans le nez, n'ont pas supporté d'entendre dire du mal de Thornhill qui, encore plus défoncé, était assis, son éternel costume blanc froissé, un verre à la main, juste au bord de la piscine et manqua d'y tomber de désespoir lorsqu'il entendit ces deux jolies filles le traîner dans la merde. Gène dit qu'il ne pouvait pas entendre ce genre de mensonges et préférait s'en aller, et il s'en alla, mais seulement pour revenir quelques minutes après avec la carabine dont Bill se servait pour tirer les lapins. Quand elle lui demandèrent s'il n'était pas cinglé, Gene se tourna vers Bob Morse et lui demanda ce qu'il en pensait et Bob dit aux filles que Gene était vraiment cinglé et qu'il l'avait déjà vu tirer sur des gens avec qui il ne parvenait pas à se mettre d'accord. Claude [Thornhill] sortit alors de la sorte de léthargie dans laquelle le Bourbon le plongeait et se leva en titubant et braillant un truc du genre "la musique ne vaut pas la peine de perdre la vie pour elle" et Gene le coupa en disant que si et qu'il fallait faire un exemple. L'une de filles, une rousse en maillot de bain vert qui faisait des petits rôles pour la Warner se mit alors à chialer, tombant à genoux et demandant pardon. C'était incroyable et cela faillit tourner mal. Finalement, Morse et deux autres gars maîtrisèrent Puerling et on raconta après aux filles que l'arme n'était pas chargée. Je ne sais pas si elles le crurent, mais elle n'allèrent pas voir les flics. Heureusement pour Gene et son groupe vocal qui étaient du tonnerre et marchaient bien à cette époque et passaient souvent dans les shows TV. Une histoire avec les flics aurait tout foutu en l'air.
Merci à Bannister pour ce texte / By courtesy of Voices
En complément : 3 titres extraits de l'album Suddenly it's the Hi-Lo's :
Down The Old Ox Road
Love Walked In
Basin Street Blues
Avec Frankie et sur du velours côtelé dans "I'll Never Smile Again".
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Jazz
27.11.07
Salah Ragab and The Cairo Jazz Band Present Egyptian Jazz - Ramadan In Space Time
Les fusions de jazz et de musiques du moyen-orient ont donné des pièces de belle tenue dans les années 50-60 : les disques d'Ahmed Abdul-Malik, de Mohammed El-Bakkar ; les échappées modales de Yusef Lateef ; les interprétations de John Berberian, Gus Vali, Sonny Lester, qui avait revu et corrigé la belly dance pour les oreilles et la libido du mâle américain. Soit de jolies musiques d'effeuillage, mêlant instruments et mélodies d'origine arabe aux thèmes d'un jazz à dominante cuivrée, très illustratif des temps forts du strip et destiné à mener par paliers la gent masculine vers l'apoplexie.
Avec ce disque de Salah Ragab on a tout d'un coup l'impression de tenir le chaînon manquant entre les exotiqueries orientales filtrées pour le goût des américains et une session de jazz filtrée par le goût des égyptiens, qui en connaissent un rayon. Le Cairo Jazz Band s'avance en section : cinq saxophones, quatre trompettes, quatre trombones, piano, basse, batterie et percussions - du pipi de chat pour Salah Ragab, commandant en chef de la musique militaire de l’Egypte à Heliopolis. Et voilà que ce beau monde se découvre d'inouïs métissages entre le faste instrumental des grands orchestres de swing (Neveen, Mervat) et les sinuosités ancestrales du ney et du piccolo (Egypt strut, Kleopatra) ; entre les choeurs masculins typiques des traditions populaires égyptiennes (Ramadan in space time) et les influences des congas à la manière de Mongo. Un superbe collier de perles de jazz et d'orient !
Ramadan In Space Time (en écoute et chargement via le lien seulement, n'est pas dans le rip : http://www.box.net/shared/njybtnzcos).
A2. Dawn
A3. Neveen
B1. Egypt Strut
B2. Oriental Mood
B3. Kleopatra
B4. Mervat
Salah Ragab formed the first jazz big band in Egypt {The Cairo Jazz Band} in 1968, he was also the leader of the Military Music Departments in Heliopolis, some of the best musicians in Egypt of that time were members of the band such as {Zaki Osman, Trumpet} - {Saied Salama, Tenor Sax} - {Khamis El -Kholy, Piano} - {Ala Mostafa, Piano}. On this recording The Band consists of five Saxophones, four Trumpets, four Trombones, Piano, Bass, Drums and Percussion.
The opening concert of The Cairo Jazz Band was in Ewart Memorial Hall at The American University 23/02/1968, There were many other concerts in various prestigious places such as the Old Opera House, The University of Alexandria and appearances on Egyptian T,V Jazz Club Weekly. Salah Ragab accompanied the great band leader and composer Sun Ra on a Tour in Egypt, Greece, France and Spain in 1984. He also studied jazz theories and improvisation with the Jazz musician and composer from Kansas City -USA, Osman Kareem, with whom he formed the first Jazz Quintet in Cairo in 1963 recording with the Radio Service of Cairo. He gave a series of educational lectures about Jazz History at the German Culture "Goethe Institute", plus writing the only jazz book in Arabic "Jazz Music The Roots and Future".
These recordings present Salah Ragab and The Cairo Jazz Band's definitive work, recorded in Heliopolis Egypt between 1968 and 1973. Western Jazz musicians have been fascinated with the world of Islam for many years, for religious - spiritual, musical and sociological reasons. It was therefore inevitable that musicians of the Arabian North African area would play a part in the interaction of these two Musical Cultures. The compositions correspond to the cross over of musical styles at the time of the recording, 5000 miles away across the Mediterranean and Atlantic in New York with releases on Moodsville by Yusef Lateef and RCA by Ahmud Abdul-Malik.
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Jazz
23.11.07
L'île nue - Kaneto Shindo
Un cinéphile raffiné signale à l'amateur de curiosités et d'ambiances planantes que je suis ce film japonais méconnu, à la B.O. merveilleuse, me dit-il, joyau d'ambient néoclassique, répétitive, colorée par les sons de la nature et de la vie des protagonistes. L’île nue, réalisé par Kaneto Shindô, est sorti le 23 novembre 1960, et primé au festival du film de Moscou en 1961. Tableau contemplatif sur le labeur paysan, ce long métrage en noir & blanc se présente comme une véritable curiosité cinématographique. En effet, le parti pris du réalisateur est de développer une histoire sans dialogues. Entre documentaire et fiction, L'île nue s'inscrit à la lisière du cinéma muet et d'une sorte de néoréalisme à la japonaise, captation du labeur quotidien d'une famille de paysans vivant dans une île sans eau, obligés chaque jour d'aller sur une autre île pour s'approvisionner. Comment fait-on un film avec une si maigre trame ? C'est tout l'art de Shindo qui s'exprime ici, dans une photographie aux contrastes superbes, de longs plans séquences hypnotiques, exaltant la tension et la durée vécue. Il choisit de se concentrer sur la beauté plastique de l'image, le cadrage et le montage au détriment d’un scénario minimaliste. Palliant l’absence de dialogues, le bruissement du vent dans les feuilles, le son des baguettes renforcent l’approche naturaliste du réalisateur.
A cela s’ajoute l’une des clés de la réussite du film, la partition musicale de Hikaru Hayashi, jeune compositeur à l’époque et qui composa pour la première fois une mélodie originale, travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur. Faisant écho au cycle du labeur des paysans, le thème principal - véritable leitmotiv -, est utilisé de façons différentes tout au long du film, à partir de subtiles variations exprimant tour à tour tout le prisme des émotions humaines.
"Mais ce qui surprend le plus dans L’île nue, c’est la répétition des images et la longueur des plans. Le port des seaux d’eau à la palanche évoqué précédemment, le maniement de la godille pour faire avancer le bateau, l’arrosage de la terre sont autant de gestes filmés dans de longues séquences avec une patience hypnotisante. ...Nota : dans l'extrait ci-dessous la musique n'apparaît qu'à la fin.
Là encore on aurait pu craindre de s’ennuyer devant de telles images. Mais les visions de Shindo associées au thème musical – lui aussi récurrent – de Hikaru Hayashi enveloppent le spectateur dans une bulle de beauté et de contemplation. Regarder L’île nue, c’est comme observer l’apparition d’un arc-en-ciel ou le coucher du soleil … Ici, il y a un amour de la photographie qui rappelle Soy Cuba (1964) de Kalatozov. D’ailleurs le premier plan de chacun des deux films est quasiment identique et d’une beauté comparable (un long travelling aérien sur le décor où va se dérouler le drame)."Georges Kaplan
As a “cinematic poem” The Naked Island is a beautiful looking film, so beautiful in fact that it almost seems impossible that Shindo managed to capture the kinds of things that he did. His composition is astounding; showing off a busy foreground, while in the back we have the visual delights of the outer island and yonder. Little things like butterflies playing as if they know the camera is watching them, or fish desperately trying to escape from their line add so much more realism to an almost dreamy-like place. Continuity and editing are the vital components, so effortlessly delivered to perfection that you just have to applaud it; you can imagine that a single shot, like the fishing scene for example could have taken hours to set up, before Shindo had the young boys run over to tend to their catch - it’s that perfectly timed it’s almost like watching a painstaking documentary. In many ways it is; it’s about surviving in the aftermath of atrocity, making do with what you have and appreciating the values of life.
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B.O. / OST Soundtracks,
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19.11.07
Georges Picard - Le bar de l'insomnie
"Trois personnages, deux hommes, une femme, se retrouvent somnambuliquement, soir après soir, dans un bar. Soustraits à la routine immémoriale du rythme biologique, ils ne dorment plus. Ils sont passés du côté des fantômes, traversant les nuits sur le qui-vive et les jours au jugé. Charlie, le barman manipulateur, Erda, la maîtresse paradoxale d’un amant qui dort toujours, et le narrateur, errant pendant la journée dans Paris sous le coup d’une confusion mentale qui lui fait perdre jusqu’à son identité, forment, selon son expression, une sorte de « triade mythologique ».
L’Insomnie est ici la matrice d’un récit ironique où le narrateur partage une amitié muette avec un Vampire, des coups avec des passants et des propos désabusés avec ses compagnons de bar, dans l’attente d’une révélation sur le sens de cette veille perpétuelle." Résumé extrait du site de José Corti.
On a tout à gagner à la lecture d'un récit de Georges Picard, tout d'abord parce que cet auteur contemporain qui semble affectionner plus volontiers l'autobiographie, l'essai philosophique, nous fait rarement le plaisir d'un roman. Et très étrange en plus, ce roman, animé par les figures du songe et du fantastique, en littérature (le passage du grimoire) comme au grand écran (la séance de cinéma, Nosferatu).
Le postulat du récit est assez simple, et le narrateur l'expose dès les premières pages : l'insomnie modifie la perception du monde, crée “…une sorte d’irritabilité doublée d’une lucidité seconde grâce à laquelle je déchiffre rapidement des significations habituellement cachées aux gens qui dorment bien”. Voici notre héros dans un état second, où il devient le double de lui-même : “Tout concourait à me prouver que j’étais assis entre deux identités, position des plus inconfortables dont la moindre des conséquences est de vous empêcher de dormir. Je prononcai le mot : dédoublement”.
Mais cet état second n'est pas venu comme ça. Picard joue avec le souffle et le vent, car il y a des des bourrasques et des râles qui ne sont pas anodins dans cette histoire : un Nosferatu essoufflé, un barman à la voix asphyxiée. On étouffe en plus d'être insomniaque :
“Je respirai à fond, mais à chaque inspiration, je sentais comme une chute intérieure. On aurait dit que mes organes tombaient dans la cage thoracique.” Qu'on se souvienne du Ruah hébreu (le souffle de vie), du Pneuma des grecs ; à ce stade le narrateur est passé dans un autre monde, celui des ombres, du rêve et des morts, là où le Ruah n'a plus cours.
“Depuis le début de mes insomnies, j’étais extrêmement sensible au climat. plus encore que la pluie ou le soleil, c’était le vent qui me semblait de première importance, comme si son orientation et sa force influençaient l’état atmosphérique de mes pensées. Je me souvins de ce vent chaud, tout à fait inhabituel, qui s’était mis à souffler devant le cinéma (…) Nul doute que le vent était un acteur à part entière dans la théatralisation de mon insomnie”.
Je vous laisse découvrir les tribulations du narrateur - ses commentaires ironiques, ses remarques au vitriol - dans un monde privé d'air symbolique et vu dans un état de conscience modifié : juste notre monde, une société de moutons soi-disant éveillés.
Le Bar de l'insomnie, Georges Picard, José Corti, 224 pages.
L’Insomnie est ici la matrice d’un récit ironique où le narrateur partage une amitié muette avec un Vampire, des coups avec des passants et des propos désabusés avec ses compagnons de bar, dans l’attente d’une révélation sur le sens de cette veille perpétuelle." Résumé extrait du site de José Corti.
On a tout à gagner à la lecture d'un récit de Georges Picard, tout d'abord parce que cet auteur contemporain qui semble affectionner plus volontiers l'autobiographie, l'essai philosophique, nous fait rarement le plaisir d'un roman. Et très étrange en plus, ce roman, animé par les figures du songe et du fantastique, en littérature (le passage du grimoire) comme au grand écran (la séance de cinéma, Nosferatu).
Le postulat du récit est assez simple, et le narrateur l'expose dès les premières pages : l'insomnie modifie la perception du monde, crée “…une sorte d’irritabilité doublée d’une lucidité seconde grâce à laquelle je déchiffre rapidement des significations habituellement cachées aux gens qui dorment bien”. Voici notre héros dans un état second, où il devient le double de lui-même : “Tout concourait à me prouver que j’étais assis entre deux identités, position des plus inconfortables dont la moindre des conséquences est de vous empêcher de dormir. Je prononcai le mot : dédoublement”.
Mais cet état second n'est pas venu comme ça. Picard joue avec le souffle et le vent, car il y a des des bourrasques et des râles qui ne sont pas anodins dans cette histoire : un Nosferatu essoufflé, un barman à la voix asphyxiée. On étouffe en plus d'être insomniaque :
“Je respirai à fond, mais à chaque inspiration, je sentais comme une chute intérieure. On aurait dit que mes organes tombaient dans la cage thoracique.” Qu'on se souvienne du Ruah hébreu (le souffle de vie), du Pneuma des grecs ; à ce stade le narrateur est passé dans un autre monde, celui des ombres, du rêve et des morts, là où le Ruah n'a plus cours.
“Depuis le début de mes insomnies, j’étais extrêmement sensible au climat. plus encore que la pluie ou le soleil, c’était le vent qui me semblait de première importance, comme si son orientation et sa force influençaient l’état atmosphérique de mes pensées. Je me souvins de ce vent chaud, tout à fait inhabituel, qui s’était mis à souffler devant le cinéma (…) Nul doute que le vent était un acteur à part entière dans la théatralisation de mon insomnie”.
Je vous laisse découvrir les tribulations du narrateur - ses commentaires ironiques, ses remarques au vitriol - dans un monde privé d'air symbolique et vu dans un état de conscience modifié : juste notre monde, une société de moutons soi-disant éveillés.
Le Bar de l'insomnie, Georges Picard, José Corti, 224 pages.
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Littérature
15.11.07
MAGNUM - Fully Loaded
Un magnum comme symbole de pouvoir ou de survie dans le ghetto des seventies ? Ça fait froid dans le dos. En tout état de cause, l'écoute de l'album rassure et enchante, même. On est à mille lieues d'un hard funk de bourrins que pourrait laisser croire cette pochette fatiguée, qu'on va décider de prendre au 3ème degré. Fully Loaded est une perle sortie en 1974 sur le label Phoenix et dont le LP vaut aujourd'hui son pesant de balles en or. 7 titres alternant ballades funk rehaussées de cuivres et de raffinements à la Philly Sound, notamment le second (Your mind) qui démarre dans une tonalité soul, culmine en vocalises dignes des BeeGees (non je rigole), et pulse ensuite un groove absolument contagieux. On citera aussi Evolution, autre killer track, sans jeu de mots, pièce séminale de Philly soul ; ou encore It's the music, ornementé par la guitare de Kevin Thornton. Que du bon ! Les frères Green, Michael (à l'orgue Fender Rhodes et aux percussions) et Harold (à la basse) mènent la barque avec un sens du rythme qui donne à chaque morceau envie de se déhancher, comme sur un bon vieux Funk Inc. ou Mandrill, de la même période.
This is the one of the best funk album in demand the most for the funk recods collectors world wide. Not only because of it's rarety but their unique style of the East Coast Jazz funk quality that could be compitaible with the Early days of the Kool & the Gang ( 1969-1975) who is considered as a symbol of # 1 East coat funk band. The Mannum band has ever released only this album and even they never had a commercial success after 25years later, people start to recognize them as a hidden jewel in the moods of the 70's funk trend comming back. Their tight bass with the Horn session plus the sophisticated grooves will bring the laid- back funk relief feel to you not like you're on the dance floor. Amazon customer
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Jazz Funk / Soul Jazz
11.11.07
Painting a fresco with Giotto*1 - Fernando Brizio
Pour tous ceux qui comme moi ont en horreur les taches d'encre et de feutre qui irradient en étoile sur une nappe ou du fond des poches pour vous bousiller une veste, voici une ingénieuse leçon de transformation d'horreur en beauté, ou plus précisément d'accident en intention.
Sur le principe de la technique de la fresque, dite "a fresco", Fernando Brizio profite de la porosité de la faïence pour l'imbiber des couleurs de ces dizaines de feutres. Admirable work in progress, maculée conception, absolument aléatoire, où la couleur doit se diffuser de plus en plus lentement. Peut-être jusqu'à ce que la coupe soit entièrement recouverte ; car lorsque tout est tache...il n'y a plus de tache.
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Atypique / Peculiar,
design
10.11.07
Pram - The Moving Frontier
Etincelant, le dernier album de cette formation de Birmingham qui avait enchanté nos oreilles dans les années 90 avec leur étrange joyau d'exotica mélancolique (Sargasso Sea), leur escapade du côté de chez Guy Maddin (North Pole Radio Station), et qui semblait s'être désagrégée silencieusement, n'étonnant personne, tant leur musique était déjà comme un don des dieux, fragile, fugace et inespéré. Equilibre instable de pianos jouets, xylophones lunaires, vibraphones, syncopes, Theremin intersidéraux, orgues Wurlitzer ; imaginez Dick Hyman et Mary Mayo remixant Tipsy sous amphétamines - ça donne Pram, ces chansonnettes lancinantes envoûtées par la voix de Rosie Cuckston. Les écouter, c'est s'immerger dans un stéréogramme acoustique, à la recherche des images troubles qui se dessinent entre les lignes mélodiques, les échos et les bricolages électroacoustiques (merveilleux Metaluna - que n'aurait pas renié une Bebe Barron).
Revoici leur univers musical intact, avec toujours le même son en demi-tons, en modalités orientalisantes. Toujours cette atmosphère unsane, ces instrumentaux dignes de scores de série Z(arbi). Mais Pram a indéniablement gagné en maturité. Ce qui change ? des cuivres plus marqués, des arrangements plus aboutis, une dimension brass band en avant (Blind Tiger, Beluga), des boucles modales écharpées de violons easy (Marianna Deep). The Moving Frontier est superbe de bout en bout, ou quand le bricolage se transmue en orfèvrerie. Ecoutez donc Pram, faîtes un saut dans l'inconnu !
Fifteen years and counting, Birmingham jazz-electronica experimentalists strike again For the casual listener, Pram’s uncomfortable chord progressions, and Cuckston’s unsettling voice may present some real challenges – this would be perfect chillout music – except that it’s morbidity would probably lead to a very bad comedown.There’s little question that this is the work of troubled genius. As happens so often, one finds oneself questioning when is the right time to play this album. But find it and persevere. You’ll be glad you did.Fusing ethereal other worldly electronica with the fundaments of jazz, Rosie Cuckston’s tiny but powerful voice is backed by syncopated rhythms, random bleeps, Theremins and lush, minimalist keyboards, creating landscapes of sound – a gateway to a unique world.Sounds that could have a home at The Big Chill or The Barbican, and blurring the lines between classical and pop, “The Moving Frontier” is nothing short of spectacular, a myriad of contradictions that both engage and alienate.
Pram are one of those bands that sit on the fringes of the industry, a name embedded in the hearts of many, producing the kind of music that you have to allow to envelop you – worthy of your time and your effort, but confounding to the casual listener. Text above and rip access thanks to Bolachas Gratis
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Atypique / Peculiar,
Exotica / Lounge
7.11.07
URPO & TURPO - Marjut Rimminen
Une découvreuse poste un commentaire émerveillé sur Ladislas Starevitch (ça fait plaisir) et du coup ça me renvoie à un petit chef-d'oeuvre en couleurs, sorti en 98, du chapeau d'une magicienne de l'animation - là encore - bricolée au ras des objets domestiques, j'ai nommé Marjut Rimminen. Urpo & Turpo (c'est le nom du film et des héros), sont deux oursons en peluche qui vivent sur une étagère de la bibliothèque familiale de la maison d'un petit garçon, une petite fille et leurs parents. A peine les adultes ont le dos tourné que ces peluches expertes en espiègleries muettes se mettent à faire vivre jouets, robots ; à animer des théâtres de pacotille, à patiner sur de la pâte à gâteau. Ces 6 courts-métrages d'animation projetés à la télévision finlandaise ont été réunis dans une cassette VHS.
L'Ile au trésor et le gâteau aux épices - Au pays de Robin de bois - Turpo prend son bain - Urpo et Turpo contre l'affreux robot - Urpo et Turpo font du théâtre - Le Petit chaperon rouge.
Pourquoi est-ce qu'on tombe vite sous le charme des joyeuses aventures de Urpo et Turpo ? C'est que la fin des années 90 est l'époque où les Disney, Pixar et autres gros studios commencent à disposer de bonnes avancées technologiques pour balancer de l'artillerie lourde en animation numérique pourléchée au pixel près, genre Toy Story I et II (95 et 99). Déjà à l'époque, Urpo & Turpo, c'était un bain de fantaisie analogique un peu rétro, comme le Manège enchanté, Nounours, disons... en moins bêtasse et plus poétique. Et pourtant je ne crois pas que cette merveille ait été rééditée en DVD. Précipitez-vous sur Ebay. Vous pourrez acquérir la vidéo pour trois fois rien et faire le bonheur de vos chères têtes blondes (conseillé jusqu'à 6 ans puis à partir de l'âge adulte).
Auteur : Marjut Rimminen, d'après Hannele Huovi
Production : Lumifilm Ltd (Finlande)
Productrices : Hanna Hemila, Liisa Helminen
Producteurs associés : YLE 1, FST, SVT, DR, avec le soutien de SES, AVEK, Script Fund, NTVF, ministère de l'éducation
PRIX ET RECOMPENSES
Grand prix de l'État finlandais pour les oeuvres de haute qualité - 1996
Eléphant de bronze, festival international de films pour enfants d'Inde - 1997
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Atypique / Peculiar,
Cinema
31.10.07
Casque eurodynamique de fourrire tigré
Si l'accident de vélo peut tuer, le ridicule ne tue pas : pour preuve ce casque dont on se demande s'il a survécu à la collection automne/hiver 2006 de Prada. Disponible uniquement chez nos amis cyclistes transalpins les plus riches, cette pièce de fourrire (pardon) de fourrure atteint la coquette - on peut le dire - somme de 1145 euros. Oui mais... minute ! La fourrure ayant sous la pluie un effet déperlant, il suffit de le secouer élégamment une fois à l'abri pour sécher ce superbe accessoire. C'est qu'en Italie on ne rigole pas avec les équipements de sécurité. On ne trouve même pas ça drôle du tout. Enfin voyons, comment peut-on penser marier un trench-coat de chez Armani, un pantalon de chez Missoni avec un casque de chez Decathlon. Soyons sérieux !
Et puis se parer de la dépouille d'un félin, c'est aussi bénéficier de sa puissance et de sa souplesse, de sa capacité instinctive à se déplacer dans son environnement, non ? La pensée magique infuse au fond des bureaux de style, assurément, comme au fond de nos croyances inavouées. Mais là encore il nous manque le grand art des japonais pour justifier une telle magnificence (voir la notule sur le casque japonais pour admirer les incendies).
Et je m'étonne qu'en matière de luxe, l'inventivité des stylistes s'arrête aux couvre-chef ; quid des pinces à vélo en argent serti de rubis (ces derniers faisant fonction de catadioptre)...
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28.10.07
Derek Jarman - Blue
BLUE
1993 / 78' / 35mm / coul. / son.
de Derek Jarman
voix : John Quentin, Nigel Terry, Derek Jarman et Tilda Swinton
Blue est le dernier film du réalisateur anglais Derek Jarman, décédé du Sida en 1994. Dans ce long métrage ("expérimental" a t-on dit, "parfaitement classique" à mon avis), le regard du spectateur plonge dans un unique plan bleu de 78 minutes, à l'écoute d'une bande sonore fabuleuse, rythmée par la voix du comédien principal John Quentin.
La voix dit le texte de Jarman, son expérience au quotidien face à la maladie et la cécité : Rencontre avec l'ophtalmologue dans la première séquence (en écoute ci-dessous) ; cortège des amis disparus ; avatars des analyses médicales ; lecture de la liste des effets secondaires des médicaments. Car le récit de Jarman n'est pas dénué d'humour, lorsqu'il compare sa pupille ravagée à une planète ; et l'ophtalmologue de corriger "...à une pizza".
La cécité fait de son champ visuel une plage bleu Klein, et ce bleu fixé durant 78 mn devient l'hypnotique exhausteur de l'ambiance sonore du film. Ce qui crée une situation à la fois empathique (le regard rivé à l'écran rend le spectateur également aveugle aux autres couleurs, formes et images) et synesthésique. Grâce au talent du compositeur Simon Fisher Turner, qui file un ensemble de sons environnementaux (illustrant les expériences de Jarman) avec un écheveau d'extraits classiques et ambient, empruntés à Brian Eno, Miranda Sex Garden, John Balance, Momus, Vini Reilly, les Gnossiennes de Satie... et d'autres, avec lesquels il compose une sublîme tapisserie auditive.
Et ce n'est pas la moindre réussite de Jarman d'avoir transfiguré son calvaire en une épure qui touche au mysticisme. Le récit se mue progressivement en élégie ; c'est le ravissement du bleu profond, paisible, annonciateur des grands fonds marins, où l'âme gagne le paradis. "La couleur bleue représente l'amour universel dans lequel baigne l'humanité - c'est le paradis terrestre." Derek Jarman.
Le texte du film Blue, en anglais
This "film" (if film it be), the last to be completed by the painter and diarist Jarman before his death early this year of AIDS, is, I'm pretty sure, the best movie I've ever seen (if it's even "seeable"). One hour and seventeen minutes of luminous blue 35mm glow, unchanging, calming, irritating, numbing, and a soundtrack laboriously collaged out of snippets of sound and music and Jarman's meditations on his encroaching blindness and approaching death, and on the blindness of the world to its own slower but equally inevitable demise.
Jarman, the consummate image-crafter, whose films are quite literally "moving pictures," coming to grips with the disappearance of all images from his field of vision, then the disappearance of his own self-image into the all-transcending blue of death. Realizing that, on the world's screen, he has no image; as a queer, an outsider, none of the images he has midwifed into the world will be allowed to have lives of their own and enter the viral give-and-take of autonomous phantasms that is "culture." So, facing death, he faces not the immediate post-mortem acclaim granted to those who, while unbearably unproductive while alive, were, at least, fertile; but rather the amnesia our society reserves for those whose existence it has never acknowledged in the first place.
"From the bottom of your heart, pray to be released from image."
But of course, none of this stuff is why I wanted to mention it to you; I brought it up because it struck me, like a bolt out of the blue, as an answer to my prayer in my anti-review of Dracula, six months ago. A cinema that has transcended its own images. Eventually the effect of the droning blue screen is that you are inside Derek Jarman's head, seeing what he sees (nothing), hearing what he hears, both outside and inside, and then, when the movie's over...The one truly human experience, death, communicated, by a master artist transcending the materials and limitations of his own art by facing his own nonexistence, and ours.
The film's ancestors would be the monochromies of Yves Klein (the color is actually very similar to International Klein Blue), he of the "leap into the void"; it doesn't take very long before the brain (or the world), like a sponge, soaks up the blue of the screen (the same way it would have fed on the fast food of images, had there been any) and, in the unified blue of the blue world, we attain, as the old Tibetan texts say, the faculty of walking in the sky, if only for this short, magic hour and seventeen minutes of cinematic time.
And so it is that, at the movie's very end, in the midst of an incredibly lyrical and erotically charged love song, Jarman is strangely reassuring about the world's blindness. "Our name will be forgotten, in time, no one will remember our work," he says, as if this is a good thing, because it allows us to concentrate on our love, which is what really matters. Freed from self-conception as artists, queers, or anything else, we are free to become what only death can make us, human, and hence free to realize the true potential of our estate. Beyond words, beyond names, beyond subject and object "In the pandemonium of image, I bring you the universal Blue." Gridley Minima
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22.10.07
Ruines rouges - Loin d'Angkor, Kep et Bokor....
Il y a moins d'un an j'esquissai dans une notule au sujet du Tetrapak une réflexion sur ces objets issus de l'industrie du XXème siècle et pourtant désuets, témoins d'un passé qui déjà nous semble lointain et formant pour ainsi dire les vestiges sur lesquels pourraient travailler dès aujourd'hui les archéologues de la modernité.
Voici qu'une phrase me ramène à cette réflexion : Le temps est venu de contempler les ruines du mouvement moderne comme les vecteurs d'une nouvelle perception du paysage. Je découvre cette phrase dans un article à l'écriture subtile et aux images envoûtantes, consacré aux vestiges de palaces et grandes demeures modernes créés au Cambodge. Il s'agit du numéro d'été 2006 de la revue Citizen K
Le texte est de Patrick Favardin, les photographies (ci-dessous) de Frédéric Chaubin. Qu'on me pardonne ces entorses aux droits de reproduction.
Ruines des années 60 au Bokor. "La température douce et constante du plateau du Bokor en faisait le cadre idéal pour l'établissement d'une station climatique. Située au Cambodge, cette extrémité de la chaîne des Cardamomes fut donc investie en 1920 par l'administration coloniale française. Seulement, le piton du Bokor surplombe à plus de 1000 m le golfe de Siam. Il en résulte une brume constante qui démotiva largement les visiteurs attendus." Patrick Favardin
"La station balnéaire de Kep a vu le jour en 1910, à 200 km de Phnom Penh et 300 de Saigon. Le protectorat français en fonda les bases, le Cambodge de Sihanouk en fit l'une des destinations les plus prisées de l'Asie du Sud-Est. Le prince, qui y reçu Jackie Kennedy comme Mao Zedong, composa une rumba inspirée par ce décor d'idylle. De cet éden, il ne reste toutefois plus que les ruines des villas de style international, témoin des douces années 1960, que démantelèrent les khmers rouges." Patrick Favardin
Ruines des années 30 au Bokor.
Les vestiges du Bokor Palace dans sa gangue de lichen. Inauguré en 1925, le jour de la Saint-Valentin, administré par la Société des grands hotels indochinois, cet établissement était destiné à devenir un lieu de villégiature prisé de l'Indochine française." Patrick Favardin
Voici qu'une phrase me ramène à cette réflexion : Le temps est venu de contempler les ruines du mouvement moderne comme les vecteurs d'une nouvelle perception du paysage. Je découvre cette phrase dans un article à l'écriture subtile et aux images envoûtantes, consacré aux vestiges de palaces et grandes demeures modernes créés au Cambodge. Il s'agit du numéro d'été 2006 de la revue Citizen K
Le texte est de Patrick Favardin, les photographies (ci-dessous) de Frédéric Chaubin. Qu'on me pardonne ces entorses aux droits de reproduction.
Ruines des années 60 au Bokor. "La température douce et constante du plateau du Bokor en faisait le cadre idéal pour l'établissement d'une station climatique. Située au Cambodge, cette extrémité de la chaîne des Cardamomes fut donc investie en 1920 par l'administration coloniale française. Seulement, le piton du Bokor surplombe à plus de 1000 m le golfe de Siam. Il en résulte une brume constante qui démotiva largement les visiteurs attendus." Patrick Favardin
"La station balnéaire de Kep a vu le jour en 1910, à 200 km de Phnom Penh et 300 de Saigon. Le protectorat français en fonda les bases, le Cambodge de Sihanouk en fit l'une des destinations les plus prisées de l'Asie du Sud-Est. Le prince, qui y reçu Jackie Kennedy comme Mao Zedong, composa une rumba inspirée par ce décor d'idylle. De cet éden, il ne reste toutefois plus que les ruines des villas de style international, témoin des douces années 1960, que démantelèrent les khmers rouges." Patrick Favardin
Ruines des années 30 au Bokor.
Les vestiges du Bokor Palace dans sa gangue de lichen. Inauguré en 1925, le jour de la Saint-Valentin, administré par la Société des grands hotels indochinois, cet établissement était destiné à devenir un lieu de villégiature prisé de l'Indochine française." Patrick Favardin
Libellés :
Atypique / Peculiar
21.10.07
Eastern Europe Groovz Vol.II
J'aime bien qu'une notule en appelle une autre sur le mode des associations d'idées. Retour sur les pépites de jazz de derrière le rideau de fer. Et là c'est de la belle ouvrage, pas du bricolage ; car un courant de jazz d'Europe de l'Est a bel et bien existé, dont la vitalité a traversé la guerre froide sans rien perdre de sa chaleur et en maintenant des échanges avec les plus grands noms du jazz occidental (Aura, pour sa part, a accompagné Duke Ellington et Quincy Jones). La face B sera postée pour ceux qui en redemandent.
Face A :
Csaba Deseo Ensemble / Song For My Father
Wlodzimierz Nahorny / Holding Hands
Orkiestra pr I TV Lodzi / Bez Metalu
Crash & Grazyna Lobaszewska / Prostachny Gestach
Qualiton Jazz Ensemble / Night And Day
Jazz Carriers / Minor Seventh
Aura Urziceanu / Înserare
Libellés :
Jazz,
Jazz Funk / Soul Jazz
19.10.07
Vladimir Arkhipov - Home-Made - Contemporary Russian Folk Artifacts
"La pénurie stimule l'imagination et la créativité. Comment monter une lampe à partir d'un chapeau de paille ou transformer un plateau de capsules de bières en paillasson. Le collectionneur Vladimir Arkhipov a exhumé de l'ancienne URSS des centaines d'objets de survie nés de la débrouille et de la bidouille. (...) L'inventaire de ces ready-made soviétiques tient au final dans un ouvrage réjouissant, à mi-chemin du catalogue Manufrance et du poème Dada." Beaux-Arts Magazine - Septembre 2006, p.37.
J'ai ajouté à cette notule le libellé 2020, parce que, développement durable aidant ou pénurie forcée, il va bien falloir apprendre à recycler davantage, à consommer moins de tous ces objets qu'avec un peu d'astuce et de bricolage on peut fabriquer soi-même.
The clever, bizarre and poignant DIY housewares that fill the pages of Home-Made: Contemporary Russian Folk Artifacts have stories to tell. They communicate the textures of the lives of ordinary Russians during the collapse of the Soviet Union, they highlight alternatives to factory design and disposable goods, and they speak volumes about what goes on in other people's homes--how they spend and scrimp, how they make do. Home-Made highlights the best of the everyday objects made by ordinary Russians during and around the time of the Soviet Union's decline. Many were inspired by a lack of access to manufactured goods. Among the hundreds of idiosyncratic constructions for inside and outside the home are a back massager from a wooden abacus, a television antenna from unwanted forks, and a tiny bathtub plug from a boot heel. The author is himself a self-taught artist: he began exhibiting his own objects and installations in 1990, and collecting and cataloging these everyday, utilitarian objects handmade from modern materials a dozen years ago, in 1994. He accompanies each invaluable artifact with a photograph of the maker and his or her story. Foreward by Susan B. Glasser of the Washington Post Foreign Service. From amazon.com
Libellés :
2020,
Atypique / Peculiar
16.10.07
Samplorious 2
Trouvez le sample ! ou comment un extrait soutiré de vinyles oubliés prend un coup de jeune une fois passé au tamis de l'échantillonneur.
Karminsky Experience a fait un beau carton il y a près de 10 ans, au plus fort du lounge revival, avec ce Hip Sheikh bourré de derbukas nerveuses, capable de dégraisser à la longue la plus coriace des belly danseuses. Le vrai tour de force est d'avoir trouvé l'extrait qui fait mouche, car tout le titre est en fait basé sur un seul sample qui tourne en boucle. Merci qui ??
Ecoutez l'original et trouvez le nom du morceau et de l'artiste chez qui les K.E. ont pompé cet élixir orientalisant.
Karminsky Experience a fait un beau carton il y a près de 10 ans, au plus fort du lounge revival, avec ce Hip Sheikh bourré de derbukas nerveuses, capable de dégraisser à la longue la plus coriace des belly danseuses. Le vrai tour de force est d'avoir trouvé l'extrait qui fait mouche, car tout le titre est en fait basé sur un seul sample qui tourne en boucle. Merci qui ??
Ecoutez l'original et trouvez le nom du morceau et de l'artiste chez qui les K.E. ont pompé cet élixir orientalisant.
Libellés :
Easy Listening,
Sample Patchwork
14.10.07
Adam Jacot de Boinod - Tingo, drôles de mots, drôles de mondes
Le livre d'Adam Jacot de Boinod, The Meaning of Tingo, publié chez Penguin Books en 2005 a fait couler beaucoup d'encre et son succès lui a valu rapidement une traduction française en 2007. Je ne l'ai pas encore lu, néanmoins la première impression que m'on faites plusieurs recensions de l'ouvrage est que l'on survole toutes sortes de curiosités lexicales mais que l'on s'interroge peu sur l'étymologie, la construction des mots et en quoi ils relèvent d'une sémiologie, c'est-à-dire, si l'on reprend les termes du linguiste genevois Ferdinand de Saussure, d'une "science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale".
Je réserve ma dernière opinion sur l'ouvrage en question, à savoir s'il donne un début d'explication du pourquoi social de ces formes linguistiques. Autrement dit, ce qui m'intéresserait, c'est moins le fait que les Albanais aient vingt-sept vocables pour désigner une moustache (et d'en connaître les 27 variétés) que de savoir pourquoi et comment dans cette langue en particulier et chez ce peuple, la productivité lexicale autour du système pileux masculin a pu s'enrichir à ce point.
Passionnant en apparence aussi le phénomène d'économie verbale qui permet dans certaines langues d'exprimer d'un seul mot une action ou une description complexe. Ainsi les japonais peuvent-ils qualifier de bakkushan "une femme terriblement séduisante de dos, mais laide une fois vue de face". Ou les Hongrois qui pratiquaient une danse appelée verbunkos, destinée à "persuader quelqu'un de s'engager dans l'armée". Bien sûr ces trouvailles peuvent faire sourire ; incroyable ?! Où va se nicher l'inventivité lexicale ?! Il me semble que ces deux "mots" révèlent respectivement la capacité de fantasme et d'ironie du mâle japonais et l'image d'une époque où l'enrôlement était socialement ritualisé chez les Hongrois. D'un point de vue strictement linguistique, j'ai voulu savoir si ces termes pouvaient se décomposer en unités de signification plus petites ou s'ils formaient une unité de signification insécable.
C'est donc en furetant sur le net que je découvre que bakkushan est un témoignage de la capacité d'emprunt du japonais aux langues étrangères, en l'espèce, emprunt à l'anglais et à l'allemand, par association de back (arrière) et de schön (beau) : bakkushan donnant à peu près "belle de dos". De même verbunkos est un emprunt à l'allemand werben qui signifie "s'engager dans l'armée"; verbunkos étant chez les Hongrois le "recruteur".
Mais tout cela est-il vraiment si curieux ? N'est-ce pas une distorsion de notre regard qui nous fait prendre des mots issus de cultures étrangères ou du passé pour des singularités à épater la galerie. Car il suffirait de renverser la perspective et de se mettre à la place d'un Peul (au hasard) pour trouver extraordinairement amusants ces occidentaux qui ont un mot pour désigner "un être qui vit et se reproduit en dehors de l'air, sans oxygène, grâce à des fermentations suppléant à la respiration"... les Français par exemple ont un mot pour ça : anaérobie. Sacrés Français ! Ils ont un mot pour désigner un "petit appartement dans lequel ils rencontrent leur maîtresse" : garçonnière ! Savoureux non ??
Libellés :
Atypique / Peculiar
10.10.07
Dean Elliott - Zounds! What Sounds!
Voici un album qui serait resté au rayon de la fantaisie anecdotique si ses effets sonores n'étaient pas parfaitement mis au service de superbes morceaux d'easy jazz, jouées par un grand orchestre. L'intégration des bruitages en guise d'arrangements est savamment étudiée et ressort avec une clarté exceptionnelle. Dean Elliott était familier de toutes sortes de sons drolatiques, lui qui travaillait sur des illustrations de cartoons avec son ingénieur du son : Phil Kaye. D'où cette débauche d'onomatopées, de cloches, compresseurs, sifflets de police, coups de hâches et arbres s'écrasant (sic), céleri croqué (sic), train et mille autres sons qui déboulent avec humour sur des morceaux feutrés ou groovy pour créer une sorte de musique seconde, faite d'accidents délicieux, à la fois figuratifs et surréels. Le premier titre " It's allright with me " avance masqué : le rythme de machine qui l'introduit peut se confondre avec un instrument à percussion, après tout le tempo est bien enlevé, on ne remarque (presque) rien. Puis Elliott insère malicieusement des vibrations métalliques, des bruits de bouche plosifs, des ressorts, qui finissent par former un surprenant contrepoint aux cuivres. Dans " Rain ", vous aurez droit à rien moins qu'une mélodie langoureuse rafraîchie par un duo de xylophone & gouttes d'eau annonçant l'orage. " Baubles, bangles and beads " nous montre que le comble, pour un swing, c'est d'être rythmé au son d'un punching-ball. " All of you " démarre par un échange de balles de ping pong, vous laisse siroter un martini près de l'orchestre au premier plan, évolue en bris de glace, un bouchon saute, on s'extasie de votre strike au bowling, et la musique coule toujours à flots. Enfin, réussir à émailler de rots une ballade sentimentale et le faire avec style, c'est la performance que nous offre Dean Eliott avec " It's a lonesome old town ", En cela " Zounds ! what sounds ! ", emblématique du potentiel de subversion de la lounge, peut être considéré comme une extravagance inimitable et parfaitement achevée.
Merci à Xtabay World pour le lien (ci-dessous) !
Working with cartoon sound effects wizard Phil Kaye (Tom & Jerry), the resulting Zounds! is perhaps the zenith of orchestral easy listening records with sound effect accompaniment -- an inspiration for novelty music dating back to Leroy Anderson's experiments in the early 50's. Elliot's tour de force, originally released in 1963, is about 15 times more frantically schizoid than Anderson's work and his rhythm loops most certainly must have been on Perrey & Kingsley's minds when they set out to do The In Sound From Way Out a few years later. Bowling pins, ping pong playing, clocks, water, sawing wood, police & train whistles, celery stalks, the sound man's coat ripping as he picks up his watch, a vintage cement mixer from 1920 struggling to turn over and countless other noises all take turns holding first chair in Elliott's orchestra. And to top it off, Elliott comes up with some over the top arrangements with the musicians at his disposal, making their instruments sound more like sound effects at times. Text and rip from Xtabay World
Libellés :
Atypique / Peculiar,
Easy Listening
7.10.07
Wim Delvoye
De cet artiste plasticien flamand, né à Wervik en 1965, je retiens moins la machine qui l'a rendu célèbre (Cloaca - 2000, et dont on trouvera le principe scatologique assez facilement sur le net) que ces pièces pleines d'un humour surréaliste et grinçant.
Soit l'étui-scie qui magnifie l'appareil comme l'instrument d'un maître. Contraste saisissant entre le doux capiton de feutre rouge et la violence terrifiante de cet engin de carnage végétal ou ... humain ; tant il est vrai que le film "Massacre à la tronçonneuse" a attiré des millions de spectateurs rien que pour voir Leatharface jouer de cet instrument.
Il y a ensuite la série des planches à repasser, 6 pièces, arborant comme ci-dessus (la couverture d'un des ouvrages de Delvoye : Gothic Works) de superbes blasons. Là encore, merveille d'ironie... où comment la civilisation occidentale toute imbue de ses armoiries médiévales, de ses grandes familles aux multiples serviteurs, se trouve réduite (géniale idée de l'étroitisation !) à l'écu domestique d'une planche à repasser. Terrible. Cela me rappelle une trouvaille du scénariste de Fellini, Ennio Flaiano, qui décrivait ainsi la grande nation italienne : "Ce peuple de saints, de poètes, de navigateurs, de neveux, de beaux-frères..."
Libellés :
Art contemporain - Modern Art,
Atypique / Peculiar
4.10.07
Samplorious
Trouvez le sample ! ou comment un extrait soutiré de vinyles oubliés prend un coup de jeune une fois passé au tamis de l'échantillonneur.
Premier de la liste : le sympathique italien Gak Sato, qui nous a gratifié d'un album inégal en 1999 : Post Echo ; mais bon... il y a Youp, un de ses titres les plus réussis, qui le doit à une jolie citation repiquée chez un des ténors de l'exotica.
Voici les 3 données de l'équation : le titre et la pochette de l'album de Gak Sato, la pochette masquée de l'album comportant le titre samplé. A vous de trouver l'inconnue : le nom du tite et de l'artiste cité...
Premier de la liste : le sympathique italien Gak Sato, qui nous a gratifié d'un album inégal en 1999 : Post Echo ; mais bon... il y a Youp, un de ses titres les plus réussis, qui le doit à une jolie citation repiquée chez un des ténors de l'exotica.
Voici les 3 données de l'équation : le titre et la pochette de l'album de Gak Sato, la pochette masquée de l'album comportant le titre samplé. A vous de trouver l'inconnue : le nom du tite et de l'artiste cité...
Libellés :
Easy Listening,
Sample Patchwork
1.10.07
Mary Sue - Photographies
Série Mary Suicide - 2006
Panurge - 2005
Mary Sue, artiste française peu bavarde sur sa bio, née probablement vers 1979, cultive l'ambiguïté jusque dans son identité, qu'on ne connaît pas puisqu'elle se confond avec celle de son personnage féminin : Mary Sue ; la boucle est bouclée. Elle dira juste que ce personnage est né parce qu'elle avait "un travail à mettre en place autour de l'ambiguïté féminin-enfance". D'où naît progressivement cet univers de facéties régressives et colorées. Sorte de Pee Wee au féminin, d'Alice au pays des fantasmes. Derrière les objets acidulés, les canards kitsch et les chambres Ikéa pour bambin, rôde un niveau de sens trouble où la poupée est gonflable, la geisha est manga, où l'on joue à saute-phallus, et où l'on finit étalée avec le regard mort.
The French artist Mary Sue plays with the photography and video art. Mary Sue is not a pure video product, but rather the fruit of a hybrid, artisanal practice, driven by the desire for a perfect, all-encompassing artifice. In fact, Mary Sue herself, and the artist who has adopted her name, is a metonym for the contrivance of her video constructions. is consistently at the center of this process, at the warm convergence of high- or low-angle viewpoints, reflecting her relationship to the world and the steamy responses that she knowingly arouses through a theatrical naïveté. By definition, the viewer, indeed the whole world, is outside the frame. Her solitude in the face of the world is that of all domestic stars: she has little adventures, accomplishes small feats, and experiences tiny moments of illumination.
Libellés :
Atypique / Peculiar,
Photographie / Photography
25.9.07
Perez Prado & Rosemary Clooney - A Touch of Tabasco
Etonnamment, le dictionnaire du jazz paru chez Robert Laffont n'offre pas la moindre entrée alphabétique à cette actrice et chanteuse de talent. Peut-être est-ce son côté entertainer prime-time, avec son show musical télévisé : le "Rosemary Clooney Show", ses invités (le Nelson Riddle Orchestra, le quatuor vocal formé par les Hi-Lo's) considérés probablement plus comme des formations bon chic-bon public que comme de véritables pointures du jazz. Je ne sais pas. Qui a une explication ?
Entre les années 1958 et 1963, elle signe chez RCA Victor et réalise 6 ou 7 disques. Ecoutez-la en duo avec Prez, le Rey del Mambo, l'incontournable pianiste et arrangeur de bongos dansants de l'époque. Même si chacun des deux artistes aura réalisé de meilleurs disques séparément, il faut admettre qu'une jolie alchimie est à l'oeuvre dans cette "Pointe de Tabasco", gravée en 1960. Car Prez, qui a de son côté peu joué avec des vocalistes, a su créer un subtil écrin de tonalités cubaines à la voix de velours de Rosemary ; et cette dernière, qui n'avait jamais chanté avec des percussionnistes, donne une des meilleures versions de tous les temps de "Sway" et un "Bali-Hai" gorgé de touffeurs tropicales.
"This is a superb cooperation from 1960. And yes, they mean the world-famous pepper-sauce. These songs are hot, you´ll see... hear, I mean. I don´t have to say anything about Perez Prado, do I? Rosemary Clooney was an actress, TV-Show-host and singer. And a close friend of Bobby Kennedy, who was shot in 1968. She was married to the famous actor Jose Ferrer, and she is the aunt of George Clooney, but that´s not her fault... Hot rhythms, a hot voice and the bashy sound of Perez Prado, who could ask for more? More hot? Even hotter? Hmm, I´ll see what I can do... But till then, it´s Mambo-time!" Roman's Easy listening
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