31.8.08

Appareil destiné à vaincre l'impuissance


"Résumé : Un appareil destiné à vaincre l'impuissance chez l'homme consistant dans une enveloppe pleine ou ajourée ouverte aux deux bouts, suppléant au manque de rigidité de l'organe, ladite enveloppe étant agencée pour permettre, au besoin, de faire varier la distance existant entre ses deux embouchures en faisant coulisser l'une contre l'autre les lamettes longitudinales du dessus et du dessous qui réunissent les deux ceintures avoisinant les becs placés aux embouchures de l'appareil, les lamettes servant à clore l'enveloppe étant disposées pour coulisser dans les ceintures voisines des becs d'extrémités et pourvues de crochets servant à les relier entre elles."
Henri Foin, brevet d'invention déposé en 1921.

Cet ingénieur du soir n'a probablement douté de rien quand il a conçu un tel appareil - qui par bonheur n'aura jamais vu le jour - ancêtre mécanique du Viagra - qui lui par bonheur a vu le jour. Peut-être s'est-il souvenu, Monsieur Foin, du principe des patins à roulettes coulissants de son enfance, en imaginant qu'on pourrait loger dans un dispositif artificiel similaire et de longueur variable, quelque appendice à assister. Comme quoi l'invention renseigne sur les mentalités d'une époque. Pour combattre l'impuissance, tous le moyens sont bons, au mépris bien sûr du plaisir et de la santé de ces dames, tenues de recevoir rien moins qu'une manière de clystère à base d'enveloppes, lamettes, becs et crochets ! Pour redresser l'honneur des hommes, Monsieur Foin proposait donc sans vergogne à la société du début du XXème siècle un instrument... de torture.

Julien Neto - Le fumeur de ciel



J'ai très envie de vous faire connaître Julien Neto, un virtuose du sampler, qui a livré ce petit chef d'oeuvre d'ambient mélancolique en 2005, sur le label Neo Ouija ; mais bon..., je reconnais traîner une petite paresse, là, après mes vacances oisives - et quand je lis la rubrique de Stéphane, sur autresdirections.net, je dois avouer qu'il décrit parfaitement les ambiances du "Fumeur de Ciel" et que le mieux est de le citer :

"Le parisien construit sa musique sur des samples plus ou moins identifiables (les cordes, le piano, les cymbales de I (One), le piano de Goldmund sur Sketch et III). Dès le premier titre, on s’étonne de ce souffle prononcé, qui voile le son, surtout au début. Puis on s’habitue lentement à cette perturbation, recouvrant encore le piano qui ouvre Sketch et qu’on va trouver partout dans le disque - saturation qui enveloppe la musique d’un brouillard anglais.

Le morceau Sketch marque le passage à un univers féerique, où ces nappes bruitées font écho à une guitare. Sur VI, la même guitare s’associe au piano de Goldmund (alors co-compositeur) et à une rythmique claire qui apporte beaucoup d’ampleur, pour un résultat entre John Barry et Four Tet.

De manière générale, la musique de Neto est constamment cinématographique / poétique / littéraire... : elle se perçoit comme la bande-son d’autres arts. Le Fumeur De Ciel aurait été composé à partir de poèmes du romantique anglais John Keats (XIXème siècle) et aligne des paysages sonores électro-acoustiques, qui prennent le temps de s’exprimer, usant en cela d’une certaine ampleur ambiante. Photographie sonore, peinture sonore, lecture sonore, bande-son, la musique de Neto incarne véritablement l’évocation et le voyage au travers d’une mise en scène romantique.
Le Fumeur De Ciel distille parfois quelques éléments rendant son ascension plus facile (mélodies plus évidentes, samples de voix), mais généralement la musique de Neto est un tout indivisible qui en impose. Difficile, pesante, elle peut envoûter (IV (Keats), Voy...) ou laisser le voyageur à quai."

"Le Fumeur de Ciel is the debut album from mysterious Parisian, Julien Neto. A luxurious, touching and poetic symphony of smoky melancholia, the true power of the music presented here stems from Neto's ability to combine incredibly moving melodies with enveloping and immersive atmospheres without resorting to heavy or cluttered use of field recordings and other samples. Every string, woodwind and brass instrument employed has been elegantly layered and swirled together with intense textures and subtle distortions.
I (One)" is a strange piece with which to open such a rich and romantic work, its sparse infusion of edgy, sawing pads, jittery, clonking bleeps, muted piano keys and dry electronics strangely removed from the velvety tones and thick textures that colour the rest of the album, but Neto is quick to immerse the listener utterly in his spiralling, melancholic world with "Sketch". Like many pieces on Le Fumeur de Ciel, it makes wonderfully soulful use of sensuously plucked harp strings and yearning, tremulous flute melodies, layering them amongst foggy, metronomic piano chords and flowing, aqueous strings, creating a track at once so achingly sorrowful yet transcendentally beautiful one would have expected it appear as the emotional closure of the album rather than it's formative introduction.
The combined talent of Neto and Keith Kenniff (aka Helios, Goldmund) is a marriage made in heaven, the fruits of which are realised in "VI," one of the albums most radiantly cut gems. Kenniff's sensitively composed and delicately played piano is as moving and evocative as ever, working synergistically with Neto's generous layers of exquisitely balanced and blended shimmering pads, coruscating harps and creaking melodic percussive accompaniment. Keats is parenthetically name-checked in the following verse of Neto's aural poem. "IV (Keats)" is a piece that masterfully complements and enhances its predecessor, lending further credence to the assertion that Neto has taken his time lovingly assembling Le Fumeur de Ciel. It is also utterly heart wrenching... more sighing synths curl through great whorls of baritone woodwind instruments, and so many times, it's tear-stained chords strain to close the piece, only to be denied in further smoke-wreathed stanzas."
Quotation from Igloo / James Knapman, Contributing Editor.

Super Timor

Pièce de choix de la pub africaine francophone des seventies, devenu monument kitsch depuis qu'un collectionneur a mis la vidéo en partage sur YouTube : la pub pour le produit insecticide Super Timor, un régal - et pas que pour les moustiques.

25.8.08

Bunky Green - The Latinization of Bunky Green


Ce que dit Dusty Groove cité en dessous est tout à fait juste : si cet album du saxophoniste alto Bunky Green n'est en effet pas à ranger dans les standards de latin jazz, il n'en reste pas moins une cuvée groovy, adornée par les voix soul des Dells, et chaloupée sous les congas des trois sidemen aux percus - notamment avec le superbe A-Ting-A-Ling et quelques autres tracks qui donnent envie de danser. Avant réédition japonaise, cette galette paraissait en 1967 au catalogue soul jazz de l'excellent label Argo.

Chicago alto player Bunky Green gets "Latinized" -- in a very groovy set of soul jazz tunes from the 60s Cadet Records scene! The style isn't entirely straight Latin -- more just a soul jazz approach to small combo jazz, supported with great percussion from a trio of added players -- but Bunky's alto sax is right out front in the mix, bounding warmly over the top of the grooves with a sound that's a bit like Lou Donaldson or Chicago contemporary Sonny Cox! The Dells bring in a bit of vocals to the record -- not much, but just enough to create a nice sense of surprise.

Jean Galmot - Quelle étrange histoire


Le Serpent à Plumes a réédité en 1995 deux des rares livres de Jean Galmot (celui ci-dessus et Un mort vivait parmi nous), ce voyageur, journaliste, homme d'affaires et politique, - écrivain à ses heures - né le 2 juin 1879 à Monpazier (Dordogne) et mort à Cayenne (Guyane) le 6 août 1928. Il s'était fait connaître en Guyane française en 1906 avec le titre de propriété d'une mine d'or,
"le Placer Elysée, non loin de Mana, où il fit fortune grâce à l'aide des Guyanais. Il se fait mal voir des autres notables, car il associe davantage le petit peuple guyanais et lui garantit des prix d'achats (or et bois de rose en particulier) proches des cours mondiaux. Il achète une plantation afin de produire du rhum et organise une collecte de la production des petits producteurs.
Élu député de la Guyane en 1919, il est impliqué pour escroquerie dans "l'Affaire des rhums" après que son immunité parlementaire ait été levée au second examen de la demande. Arrêté en avril 1921 il est emprisonné à la Santé pendant neuf mois. Au terme d'un procès à rebondissements, en 1923, il est condamné à un an de prison avec sursis. Alors qu'il se représente aux élections en Guyane et que des émeutes éclatent à Cayenne, il meurt brusquement le 6 août 1928. Le bruit court qu'il a été empoisonné. Le procès des émeutiers de Cayenne, en 1934, établira qu'il n'en est rien.(...)
Son caractère romanesque a fasciné des écrivains comme Blaise Cendrars qui le compare à Don Quichotte et a séjourné à Monpazier, le village natal de Galmot, pour écrire sa biographie dans Rhum - L'aventure de Jean Galmot (1930). Louis Chadourne (1890-1925), qui fut son secrétaire, l'avait déjà évoqué dans Le Pot au noir (1922) et il s'était inspiré de lui pour écrire son roman Terre de Chanaan (1921)."Wikipédia
Encore un personnage à rajouter à ma galerie des artistes aventuriers méconnus, et pas que pour son charme sulfureux et sa vie mouvementée. C'est aussi que Jean Galmot écrit très bien. Il a l'élégance des auteurs classiques, en même temps qu'une manière narrative un peu décalée, déconstruite, qui s'inscrit dans une certaine modernité littéraire, tout en images et fulgurances visuelles qu'on pourrait comparer à une version prosaïque et romanesque des grands poèmes de Saint-John Perse qui viendront, 50 ans plus tard, exalter avec une tonalité lyrique et encore plus majestueuse, la nature des tropiques (Antilles) et les moeurs de ses communautés.
Quelle étrange histoire est un admirable récit à la gloire de la mer et de la jungle guyanaise. L'Océan, avec l'acre senteur de ses embruns, le vent qui souffle du large et ses houles profondes, palpite dans le texte de Jean Galmot, de même que la forêt équatoriale guyanaise, avec les parfums énervants de ses orchidées géantes, avec les mirages, les hallucinations de ses villes chimériques.

2.8.08

Antonio Adolfo - Destiny


Les amateurs de chanteuses classiques de bossa nova, dans la veine des vocalistes de Sergio Mendes ou de Quarteto Em Cy (chroniqué dans ce blog) se régaleront à l'écoute de Destiny, l'album qui signe en 2007 le retour de ce pianiste et arrangeur de renom, sideman des grandes pointures de la musique brésilienne dans les années 60 et 70 (Nara Leao, Chico Buarque, Gal Costa, Edu Lobo, Caetano Veloso). Le son exubérant de l'époque est intact, combinant grooves et influences de jazz, hommage au courant Tropicalia, accents easy et funk ; bref, que du bon goût et des killer tracks sur lesquels gambadent les voix cristallines de ses deux filles Carol et Luisa. Le pedigree de quelques uns des musiciens est déjà éloquent : Ivan Conti, le batteur d'Azymuth, Alex Malheiros, bassiste de Grupo Batuque, Arthur Verocai, compagnon de nombreux albums, qui peaufine les arrangements de cordes.

The return of a legend - and a tremendously groovy little record! Brazilian keyboardist/composer Antonio Adolfo's been making records for years - but easily his greatest albums were those cut at the end of the 60s with his Brazuka group -- a cool combination of funky rhythms, electric keyboards, spacious production, and female vocals -- all wrapped up with that glorious Blue Brazil sound of the EMI/Odeon label. Here, Adolfo recaptures that sound beautifully -- returning to modes he hasn't touched in decades -- and getting tremendous treatment from the Far Out label, who really help him hit that classic sound right. The record's an instantly timeless set that rivals all of Antonio's wonderful work from many years back -- recorded with Adolfo on keyboards, live jazzy rhythms, a bit of strings, and twin harmony vocals from daughters Carol Saboya and Luisa Saboia -- soaring out beautifully with a really groovy sound. The whole thing's wonderful -- even better than you might expect -- and titles include "Bola Da Vez", "Papo Furado", "Luizao", "Eu E Voce", "Tudo E Brasil", "Domingo Azul", "Tao Iguais", "SOS Amazonas", "Sonho Estelar", and "Dono Do Mundo"