27.2.07

Krystyna Pronko - 1980




Krystyna Pronko, vocaliste polonaise exceptionnelle, a probablement pâti de son ouverture musicale mainstream qui l'a menée de la pop à la variété locale. Du coup les noms qui restent dans les anthologies et articles internet (en français) sur le jazz polonais sont ceux de Krzysztof Komeda, Michal Urbaniak et Ursula Dudziak. C'est un tort d'avoir négligé la gironde Krystyna, sa voix sensuelle, tour à tour souple et agressive, qui fait des merveilles sur Oto Przyczyna, un morceau quasi expérimental assez éloquent sur l'étendue de son spectre créatif. Le son est comme le titre de l'album l'indique : marqué fusion eighties ; mais il y a un côté accrocheur dans des morceaux tels que Jutro zaczyna sie, tu sezon, joli hit jazz rock, ou Wielka zima, revisitation d'une ballade romantique, tous deux entendus ailleurs, mais où ?

En écoute la face B :
Jutro zaczyna sie, tu sezon 4:03
Oto przyczyna 3:47
Specjalne ocazje 6:01
Wielka zima 3:48

Krystyna Pronko is an exceptional Polish vocalist, singing pop and jazz music. The start of her career goes back to Gorzow, where she made her debut with the group ‘Refleks’. She graduated as a laureate from the Music Academy in Katowice, at the Jazz and pop music department. Her songs have always been on top of charts on Polish Radio 1 and Radio 3. She gave concerts at many festivals both in Poland and abroad, e.g Jazz Jamboree, MFP in Opole and Sopot. In 1980 she was awarded a Vocalist of the Year. She has a very characteristic voice, she’s very flexible and can move the audience easily even now, whether it is her jazz concert or a pop one.

26.2.07

Davaca - toujours à suivre...





Je redécouvre sur FlickR la suite de la production foisonnante de cet artiste dont j'ai parlé il y a de ça quelques mois. Davaca affine encore sa technique de stencils, pochoirs, trames, à-plats et images photoshopées, mêlés à des découpages et images d'archives. Il semble suivre à la fois le conseil d'Andy Warhol qui recommandait à l'artiste de réaliser des dizaines de toiles au lieu de se satisfaire d'une seule ; et à la fois l'esthétique warholienne puisque Davaca varie à l'envi les exaltations graphiques d'icones et d'avatars de la culture américaine, ici une chanteuse de bossa, là une consommation adipeuse de bronzage qu'on aurait envie de flinguer.
Et ses couleurs créent toujours un superbe impact graphique.

15.2.07

Jean-Jacques Perrey & David Chazam - Eclektronics

D Chazam with JJ Perrey / photo : C. Burckhard

On ne présente plus Jean-Jacques Perrey, qui a commencé VRP de l'Ondioline en 1954, et se trouve aujourd'hui, en papy monumental, à la tête d'une pléiade de ritournelles, naïves ou loufoques, interprétées au Moog. On retiendra bien sûr ses classiques (The In Sound From Way Out et Kaleidoscopic Vibrations), ainsi qu'une série de LP fabuleux parus chez Montparnasse 2000 (Moog Sensations, Moog Expressions, Moog Vibrations), dont seul Moog Sensations a été réédité en CD (Pulp Flavor/Dare Dare). C'est que Jean-Jacques Perrey avait été rangé prématurément avec ses jouets électroniques dans le grenier des années 70. Il aura fallu un pillage en règle de ses perles par d'innombrables remixeurs et surtout la reprise de E.V.A. par Fatboy Slim, pour qu'il émerge enfin dans la partie visible de l'iceberg des musiques décalées. En 1998, sollicité par David Chazam (compositeur pour le théâtre, chef d'orchestre de son Ensemble Philharmonique de Création Radiophonique), le manitou français de l'électro-kitsch démarre une nouvelle collaboration, 34 ans après son duo célèbre avec Gershon Kingsley. A l'arrivée, on a un disque un peu fourre-tout, où ressort en majeur le fun qu'ont eu ces deux compères à se lâcher dans un délire de sonorités frappadingues.
La petite histoire raconte que Perrey s'est présenté en studio avec quelques boucles enregistrées sur un sampler synthétiseur Kurzweil et de petites saynètes imaginaires en tête, pendant que Chazam ferait les parties rythmiques. En effet, les mélodies de Perrey sont enrichies par des beats pêchus et une production de studio sophistiquée, capable de faire étinceler toutes sortes de sonorités cocasses. Toutefois on y perd cette touche rétro-lunaire, ces motifs simplets mais accrocheurs, qui rendaient ses musiques attachantes.

Jean Jacques Perrey, born 20 January 1929 in France, is undoubtedly one of the great names of space age pop. He has been pushing the envelope of recorded music for over 4 decades. Inspired by inventor Georges Jenny, Perrey became the greatest proponent of the Ondioline, a tiny keyboard that could produce fascinating flute-like sounds full of vibrato. In the early 1960’s he and Gershon Kingsley exported this way out sound to the U.S. and intermingled its spacey sound with American pop. His first album with Gershon Kingsley The In Sound from Way Out, is one of the milestone markers of space age pop, and his last Vanguard album, Moog Indigo, is still sampled by DJs today. And when other musicians might be seeking to relax in retirement, Perrey continues to create and perform, spurred on by a new generation of admirers. But Perrey's life out of the public eye changed in 1993 when RE/Search Publications produced its first Incredibly Strange Music book.
A new generation of young musicians and modern music lovers were discovering Perrey's amazing musical legacy. Many artists began sampling his records, and dance remix whiz Fatboy Slim even had an international hit with his souped-up dance remix of Perrey's tune "E.V.A.". It was through the RE/Search book that a young French musician named David Chazam became fascinated with Perrey's music. Chazam sent a cassette of his own electronic music to Perrey, and proposed that they collaborate on an album. Perrey replied simply: "When, where and how?" Perrey and Chazam teamed up in the studio. J-J brought prepared tape loops (digitally loaded into his Kurzweil synthesizer/sampler), but no actual tunes. Instead, he had what he called "several cine-reels in my head" -- little movies, imaginary pictures and conceptual ideas that Perrey wanted to orchestrate. He described the feel of the music needed, and Chazam came up with appropriate rhythm tracks.
David Chazam explained, "This album was produced by a person who loves Jean Jacques' music -- me! I wanted to present his music with some modern
technical tricks, but I also tried to recreate the classic analog sound of his Vanguard recordings. I wanted to help him create an album that I hoped would be timeless, and wouldn't sound dated many years from now."
The newest release from the legendary Jean Jacques Perrey, "Eclektronics" is a perfect blend of classic '60s melodies with modern, groove-oriented samples and production techniques.

13.2.07

Art Brut #5 - Musique Brute - Janine Hilder

En relisant un article de Claire Margat au sujet de l'Art Brut dans un numéro d'Art Press d'Avril 2004, j'aimerais réagir et prolonger une réflexion que j'ai moi-même eue à ce sujet ; je reproduis donc l'extrait, puisqu'elle exprime parfaitement ce questionnement :


Claire a raison de dire que ces oeuvres qui se donnent à voir d'un seul tenant se sont trouvées comme les "concrétions" les plus manifestes de l'expression d'art brut. Au milieu de XXème siècle lorsque l'on entreprend une recherche plus méthodique des créations d'art brut, c'est dans les hopitaux psychiatriques et les maisons de retraite que l'on découvre ces personnes. Et ce qui tombait le plus naturellement entre les mains de ces personnes recluses, en marge, c'étaient des crayons, des plumes, de l'encre, des papiers de chocolat, des images et des bricoles de récupération ; par quoi ils pouvaient exprimer ces extraordinaires visions. D'autres formes d'expression, comme la musique, nécessitent un apprentissage (jouer d'un instrument) et, pour en conserver une trace, l'appropriation d'un code second, d'un métalangage (savoir lire ou écrire la musique) ; soit une certaine abstraction qui fait écran à l'expression "brute". Sans parler de critères exogènes et difficiles à réunir : la mise à disposition d'instruments, la possibilité d'enregistrer, enfin l'éventuelle dimension collective de la musique jouée - toutes conditions qui ne se trouvaient pas facilitées par la situation singulière, isolée, des créateurs en question. La musique apparaît en conséquence comme un vecteur difficile d'accès pour l'Art Brut à strictement parler. Pour les mêmes raisons je ne crois pas non plus à un théâtre ou à des arts de la scène "bruts". Ces arts sont par nature des arts de partage et de travail en commun. Réfléchis, faits de médiations, de raisonnements et concessions, d'une mise en scène, de répétitions, ils ne permettent plus l'expression unique, libre et spontanée de fantasmes individuels.

Ou alors on ouvre le champ : l'atypique et le bizarre peuvent s'exprimer de mille façons, sans pour autant provenir de personnalités en marge ou alienées.
C'est le cas du travail de Janine Hilder, dont vous pouvez admirer les créations à l'exposition Australian Outsiders à la Halle Saint Pierre, actuellement et jusqu'au 11 mars 2007.

10.2.07

Manu Dibango - Countdown at Kusini B.O. / O.S.T.



La dernière fois qu'on m'a parlé de Manu Dibango c'était pour me révéler que le bonhomme est plus dans l'entregent que dans le talent : instrumentiste médiocre, me dit-on de source autorisée, mais qui a su dès les années 80 flairer l'ouverture française et plus largement de l'occident à la world et donc aussi aux musiques africaines, dont il se serait fait l'ambassadeur éclairé. Soit, mais quand on entend Soul Makossa, Viva Tirado avec la Fania all Stars, et cette superbe B.O. du film Countdown at Kusini, chapeau bas ! on se dit que Monsieur Dibango a quand même eu de très bons débuts, si ce n'est de beaux restes.
Ce disque est un pressage en petite quantité sorti avec le film homonyme et distribué au compte-goutte pour l'occasion. Sa rareté n'est pas son seul mérite et le contenu est un dosage réussi de jazz funk et de soul à tonalité africaine.
Dîtes un chiffre sur le prix auquel il pourrait se monnayer aujourd'hui et cliquez sur le lien du titre de cette notule.

Side A
1. Go Slow Street
2. Motapo
3. Promenade (Kusini)
4. Bokolo's Boogie
5. Jam Session

Side B
1. Marnie
2. Bush
3. Lea's Love Theme
4. Blowin' Western Mind
5. Liberation's Song
6. Red Salter

This OST is one hard piece to get by since it was pressed only for the movie premiere in tiny quantities. As far as the content goes, this afro-flavored-funky-jazzy soundtrack is awesome. Tracks like "Marnie", "Bush" and "Liberation's Song" are pure jewels. Funny to see a black sorority as a label. Don't front, it's the largest black sorority that financed this movie realized by Ossie Davis.

8.2.07

François Augiéras - L'apprenti-sorcier

Ce qui a consolidé mon goût pour cet auteur, c'est que presque tous mes plus proches amis lecteurs - et plusieurs partageant mes goûts - n'ont pas apprécié ce livre. Il y avait donc là soit quelque chose de vraiment dérangeant qui m'échappait, soit une beauté secrète qui leur échappait. Aujourd'hui l'interprétation qui me convient le mieux est qu'il y a une beauté "secrète" et "dérangeante" dans l'écriture de François Augiéras.
Je repars de ces deux qualificatifs qui me semblent caractériser assez bien les textes d'Augiéras : une beauté "secrète" et "dérangeante", qui s'impose d'emblée dans L'apprenti-sorcier via, notamment, le thème de l'homosexualité. Une homosexualité dérangeante - a fortiori parce qu'elle concerne des mineurs - donc secrète aussi et condamnée par avance, découverte dans la volupté du fouet et des caresses, reçues d'un prêtre, chez qui l'adolescent narrateur est en apprentissage. On peut difficilement faire plus dans la provoc' ; pour quoi ce texte est resté inédit jusqu'en 1964, année où Jacques Brenner l'exhume et le fait éditer. Mais ce thème n'est en définitive qu'un prétexte justifiant l'éloignement progressif (des protagonistes) de la société et des passions ordinaires. Car, comme dans "Un voyage au mont Athos", cette vie d'ermite fait du plaisir une expérience personnelle mystique. Dans "L'apprenti-sorcier" l'apprentissage deviendra initiation à une sorcellerie qui ne se nomme jamais, une connaissance animiste et panique des éléments : source pure où l'adolescent va déposer son âme, feu de bois et fers portés au rouge dans la nuit, appelant des présences invisibles. Le récit de ces échappées buissonnières s'épure en une ode à la beauté de la campagne, des sources et des fleuves (le Bateau Ivre n'est pas si loin), vibrant à l'unisson des forces magiques de l'amour et de la nature.

En illustration, ces quelques pages :






C'est en survolant récemment le profil d'un de mes visiteurs, au pseudo très augiérassien, que je redécouvre cet auteur mal connu et en définitive assez mal aimé (dans mon expérience), qui a donc lui aussi sa place chez Martian Shaker.



François Augiéras, L'apprenti-sorcier, Les Cahiers Rouges - Grasset, 1995, 140 pp., accessible ici

6.2.07

Jazz Orkestar Radio -Televizije Beograd (1948-1978)


Ce double album a été édité en 1978 à l'occasion du trentenaire du RTB Big Band, orchestre radiophonique yougoslave de renommée internationale, qui avait obtenu en 1968 le premier prix du festival de Juan-les-Pins.
Un titre quelconque, une formation sage sur une scène qui nous paraît bien ringarde aujourd'hui. Et pourtant quel disque ! Exceptionnel d'équilibre entre l'élégance des solos, la pulsation groove et l'énergie multi-instrumentiste du big band.
La pochette signale discrètement ses "guests" : rien moins que Dusko Gojkovic, Alan Skidmore, Gerd Dudek et Bora Rokovic, pointures du jazz est européen de l'époque, dont le premier est devenu une star de la trompette, après son passage remarqué au sein du Kenny Clarke-Francy Boland Big Band.
Il faut rendre hommage à l'excellent label Cosmic sounds, grand défricheur des perles de jazz intriquées dans le rideau de fer, d'avoir réédité - pour notre plus grand bonheur - ce double LP dont le pressage d'époque se négocie à prix fort.

Side A:
1. Pauk (Zvonimir Skerl) 8'46
2. Kolo (Franja Jenc) 5'05
3. Prolecna Etida (Georgi Dimitrovski) 6'22

Side B:
1. Svadbena Igra Kraj Bistrice (Vojislav Simic) 7'12
2. Krug (Predrag Krstic) 7'07
3. Si Zaljubljiv Edno Mome (Georgi Dimitrovski) 4'22

Side C:
1. Macka (Zvonimir Skerl) 11'45
2. Atlantis (Bora Rokovic) 5'52

Side D:
1. Balkan Ekspres (Franja Janc) 7'00
2. Vilenjak i Vila (Vojislav Simic) 6'00
3. Aretuza (Bora Rokovic) 5'50

Originally released in 1978. Comes in a gatefold carton sleeve with original artwork and insert in English. The RTB BIG BAND was formed in 1948 and immediately started gaining an international reputation. In 1960 they won the 1st prize at Juan-Les Pins Jazz Festival.
In 1978 RTB Big Band celebrated the 30th anniversary by releasing this double album consisted of recent works recorded from March 73 - February 77. The title wasn't as imaginative as the music itself and it was just called 1948-1978 that was a bit misleading for the contest of the album. It had a small inscription at the back of the cover saying "With Guests" so also it might be known under this name as well. Guests in this case on some of the recordings were Dusko Gojkovic, Alan Skidmore, Gerd Dudek, Bora Rokovic.
The well known track "Balkan Express" was released couple years ago on Yugoslavian Rare Gems compilation (CS-13) and was later on remixed by Panoptikum guys (Tom Wieland & Mark Frank). The track made the original record sought after and quite expensive but very few really had a chance to actually hear the whole album because it's quite rare and expensive. Once they find the album and pay a pile of money for it they get pleasantly surprised. This double LP is much more then Balkan Express. It is fully packed with a top quality big band jazz fusion. Every track is a winner.

4.2.07

Richard Purdy - L'inversion du monde


Le travail de cet artiste contemporain rejoint par moments celui du facétieux Joan Fontcuberta dont on a parlé dans ce blog. Là encore, comme chez l'espagnol, l'effet de réalisme de la carte est étonnant ; si ce n'est que Fontcuberta dissimule jusqu'au bout la supercherie. Purdy donne à voir la réalité parallèle de ce que pourrait être un autre monde, ou notre monde envahi par les eaux, inversion ironique qu'un bouleversement climatique pourrait causer si les hommes ne prêtent pas davantage attention à leur planète. Le regard et l'esprit peinent un moment à y retrouver l'opposition connue des océans et des terres émergées. C'est dans cet instant de confusion que s'exprime l'art de l'inversion des valeurs, thématique chère à Richard Purdy.

The Jumping Jacques - Avalon



Chez les Jumping Jacques, formation de scat vocal française de la fin des années 60 (portée par Jacques Hendrix, Françoise Walch et la voix de basse profonde de Jean Stout) on entre en général par l'album "Sugar & Spice" ; une petite merveille de grooves en canon à faire pâlir les inconditionnels de Mimi Perrin et des Double six (d'où peut-être le clin d'oeil du premier titre 'Double Françoise'). Si ce n'est qu'il n'y a plus de paroles dans le chant des Jumping Jacques, ce n'est que purs effets vocaux, chabada et whoowhoo ; soit plutôt dans le style d'Edda Dell'Orso ou de Barbara Moore.
Avec Avalon on a un peu de l'excitation groovy de Sugar & Spice, notamment dans des morceaux tels que Haunted House, Double Françoise, Who's that knocking at the door. Mais l'album s'oriente aussi vers des expérimentations plus... étranges ; ainsi le titre du disque, Avalon, en vocalises saugrenues, à la limite du rot, et accompagné d'un improbable banjo. Le tout reste quand même époustouflant de virtuosité vocale.

1. Double Françoise 2'30 (Jacques Hendrix)
2.La terre, le ciel et l'eau 2'27 (Vladimir Cosma / Françis Lemarque)
3. Lucinda 2'29 (Jacques Hendrix)
4. Just a little midnight swim 2'30 (Jacques Hendrix)
5. Avalon 1'35 (Vincent Rose / Joison / Da Silva)
6. Where flamingos fly 3'00 (Jacques Hendrix)
7. Adagio romantique 2'15 (Jacques Hendrix)
8. Chili peppers 2'10 (Jacques Hendrix)
9. Hanted house 3'00 (Jacques Hendrix)
10. Velvet and satin 2'00 (Jacques Hendrix)
11. Who's that knocking at the door 2'35 (Jacques Hendrix)
12. Whispering 2'25 (John Schonberger)

Stunning vocal work by this hip late 60s group -- the ultra-groovy Jumping Jacques, a vocal ensemble who really knew how to swing! The group feature male/female voices blended in a style that's reminiscent of some of the best European 60s soundtracks -- harmonizing in a mode infused with some very mod touches, snapping along in grooves that dip and turn nicely, with some very swinging moments. Place these guys right next to the best work by Les Double Six, I Cantori Modern, The Gimmicks, or Brasil 66 -- but give them a lot of credit for their unique and psychedelic approach to the style, making a record like this mad work that's uniquely their own!
Not as uptempo swinging groovy mod-psych-pop as on "Sugar and Spice", more varied, but still not really jazzy ; more slow tunes, and one hyper-novelty-esque animal sounds piece with a unique unisono effect of banjo's + chipmunk voices !

1.2.07

Yves et Ada Rémy - Les soldats de la mer


Ce couple de cinéastes institutionnels signe avec "Les soldats de la mer", en 1968, quelques unes des plus belles pages du fantastique français contemporain.
Le livre est paru initialement chez Julliard (mais on peut voir ci-dessus les 2 rééditions suivantes, dont la dernière au Fleuve Noir) ; c'est un roman sous forme de dix-sept nouvelles qui se déroulent sur une Terre parallèle : il y a deux lunes, et les vampires y sont réels. Revenants, doubles, failles temporelles, spectres en attente de funérailles décentes, forêts pétrifiées, lacs ensorcelés etc. On est vraiment au coeur d'un fantastique digne d'un Hoffmann, d'un Borges ou d'un Buzzati. Une "Fédération" regroupant des cités-états aux noms mi-allemands mi-français (Marienbourg, Lauterbronn, Ozmüde) n’a de cesse de s’étendre, et ce monde est donc un monde militaire, dont les héros sont généraux, colonels ou lieutenants. Les premières nouvelles nous introduisent petit à petit dans cet univers différent, qui prend bientôt toute sa cohésion par allusions successives. Par deux fois existera un contact avec le "vrai" monde, le nôtre. L’intérêt va croissant, tout comme le nombre de pays englobés par la très belliqueuse Fédération. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur le "petit village irréductible", ici quelques îles insoumises. Leur reine expliquera alors pourquoi il s’agit d’arrêter l’expansion et, surtout, révélera les fondements du monde des "Soldats de la mer". Voici pour la thématique d'ensemble.

Sur le plan stylistique, on découvre assez vite la belle qualité d'écriture du couple Rémy. Une écriture sèche, précise, intrépide, et toujours imagée. Peu narrative, le plus souvent en dialogues, autour de personnges hauts en couleurs, décrits avec un luxe de détail et de lexique militaire dixneuviémiste ; éminemment scénaristique, donc, cette plume qui n'est jamais loin de l'oeilleton d'une caméra. Cela donne au récit le rythme du montage visuel, et une délicieuse saveur aventurière qui crée rapidement l'addiction à leur univers. La dernière édition (au Fleuve noir) nous fait profiter, après Les soldats de la mer, de 6 nouvelles fantastiques - notamment "Le roi d'arbres", dont j'extrais ici quelques pages.

3 aventuriers peu scrupuleux sont à la recherche d'un trésor de diamants dans la jungle sud-américaine. Ils tâtonnent à la recherche du site durant plusieurs jours, s'enfoncent dans des régions reculées...





Yves et Ada Rémy, Les soldats de la mer, Pocket, accessible ici.

Sing Sweet Barbara - Collection 1966-1990


On l'aura compris : j'ai un faible pour les chanteuses de jazz et autres voix sublîmes qui cascadent entre pop, swing et... vaudou (si, si). Après la discrète Vi Velasco voici la plus connue Barbara Moore, dont l'album "Vocal Shades & tones", chez DeWolfe Library, fait toujours un tabac auprès des collectionneurs de rare grooves. Le disque ici rippé est une compilation-hommage d'admirateurs, éditée par un label japonais qui a récupéré des raretés (ci-dessous) où la douce Barbara avait posé ses vocalises inimitables. J'ai choisi de vous faire découvrir quelques titres extraits d'autres albums que son grand classique, hormis Hot Heels qui reste bien sûr un must. Voici donc :
Hot Heels paru dans Vocal Shades & tones en 1972.
Take it easy et Walk about, parus dans l'album Swing like B de Stan Butcher en 1967 ;
Busy, paru dans l'album Something cool, de Voices in Latin en 1968.
Going on Holiday, Bright & Shining, Voice over sax, Real thing et Smooth and soft, parus dans l'album Bright & Shining, pour Sylvester Library en 1981.


It is not a secret : Martian Shaker likes vocal jazz and hip ladies with voices that soars and cascades between swing, voodoo and pop. So after the discreet Vi Velasco, let me introduce Barbara Moore, famous vocalist for several library label, in the DeWolfe library sessions and especially with "Vocal shades & tones", cut in 1972. Here is a new batch of rare grooves with Barbara, compiled by japanese label EM Records. Opening with the jazzy "Hot Heels", resplendent with some soaring, harmonising jazz scat vocals, you will discover unknown material from the album "Swing like B" by Stan Butcher, "Something cool" by Voices in Latin, and "Bright & Shining", for Sylvester Library.