28.6.06

Aktuala - Aktuala


Amateurs de rock progressif, si vous ne connaissez pas cette pièce, sortie en 1973, d'un groupe italien, précipitez-vous sur le lien vers le blog "Garden of delight". C'est une merveille d'étrangetés acoustiques et d'influences ethniques, de dérives indo-jazz et ambient. Nos amis de "Garden of delight" citent à titre de comparaison tous les groupes ci-dessous. Pour ma part, je n'irai pas par 4 chemins : cet album annonce avec quelques années d'avance Brian Eno et Robert Fripp dans leur énergique mixture de musiques d'Orient, d'Afrique et d'Occident : My life in the bush of ghosts. Disque fameux qui a donné naissance au concept du 4ème monde, et on est en plein dedans ; sauf qu'ici tout est joué sans bandes, avec instruments en direct et en douceur. L'autre différence est que l'ambiance musicale emprunte davantage à l'Orient qu'à l'Occident : plus des planances hindouisantes et de moirures atonales que de rock. On croirait entendre Terry Riley traversant avec ses sonorités électroniques des jungles remplies d'oiseaux, des nappes de ragas, des réminiscences de gamelan, pour débouler dans des concerts de musique traditionnelle africaine.


This is should appeal to everyone who likes Third Ear Band ,Embryo ,Area's most experimental stuff ,Penguin Cafè Orchestra ,Clivage's "Regina Astris", Oregon, Limbus 4, Kalacakra, Kaleidoscope (U.S.A.), between ,Agitation Free's "Malesch" and Popol Vuh's "Hosianna Mantra".

Line-up- Walter Maioli / flute, harmonica, oboe- Daniele Cavallanti / saxophone- Antonio Cerantola / guitar- Lino Vaccina ('Capra') / percussion- Laura Maioli / percussion

27.6.06

Marie-Noel Doby - Collages




Dans la continuité du beau travail numérique de Nik Cohn et Guy Peellaert, voici les collages analogiques en papier découpé de Marie-Nöel Döby, artiste au talent éclatant, dont je ne connais que le nom (pas sûr pour le sexe) mais dont je ne peux que vous recommander l'achat de ses petits livres joliment manufacturés sur de la carte kraft, et offrant un univers surréaliste, des imbrications imprévues et fertiles de personnages, d'époques et de citations esthétiques.

25.6.06

Billy Wooten - The wooden glass


Vibraphoniste obscur, Billy Wooten a néanmoins participé aux célèbres "Visions" et "Shades of green" de Grant Green, chez Blue Note. Ce live enregistré en 1972 à Indianapolis, ville dont il est tombé amoureux et où il est installé dès les années 70, est porté par "The wooden glass", le combo résident de la salle "The 19th Hole Night", où Wooten joue pendant des années. Le son est plein d'une énergie électrique. "Monkey hips and rice" démarre sur les chapeaux de roue, avec orgue et vibraphone en avant. "Joy ride" est une longue pièce jazz rock menée par un solo de guitare nerveux et inspiré ; ces types jouent comme si le temps leur était compté, et le résultat est jouissif. "In the rain" est un des joyaux de Wooten, ballade soulfunk, où il donne le meilleur de son jeu de vibraphone inventif et roboratif, dans des éclairs d'orage.

Voici les trois premiers titres de cet album :
(rip d'un seul tenant)
01 - Monkey hips and rice
02 - We've only just begun
03 - In the rain.

Mad funky vibes from The Wooden Glass -- a group led by vibist Billy Wooten -- an obscure player in the history books, but one who has had a huge influence on 21st Century groove! Billy's got a hard style on the vibes that's like Bobby Hutcherson and Roy Ayers at their soulful best -- working here with a tight combo that includes guitar and organ, very much in the mode of his classic work with the slightly more famous (although equally obscure) Indianapolis combo The Ninteenth Whole! The set's a live one, but it really cooks with a sweet electric feel -- echoey, funky, and soulful -- as tunes spin out in a staggering approach to the vibes that's unmatched by any record of its time. Billy was a huge influence on Madlib and the sound of Yesterday's New Quintet -- and hearing this set, it's virtually a blueprint for that group's current work! Includes great covers of "In The Rain", "Day Dreaming", and "Love Is Here" -- plus Wooten's excellent original tracks "Monkey Hips & Rice" and "Joy Ride".

Recorded live at the 19th Whole Night Club 1972, Indianapolis, IN
Billy Wooten (vibes); William Roach (guitar); Emanuel Riggins (organ); Harold Cardwell (drums)

Le Hammond Inferno - East of Suez


Ce duo de DJ des années 90 a touillé pas mal de musiques rétro, pop et exotiques avec un ordinateur et un bonheur inégal. Mais leur premier maxi - édité en vinyle uniquement et devenu rare - comporte 4 titres exploratoires de la veine moyen-orientale à la manière de Karminsky Experience dans "The Hip Sheikh". "Cairo" emprunte le thème de "Baby Elephant Walk" et évolue, entre clarinette et percussions pêchues, vers une dérive ambient du plus bel effet. Sur l'autre face, Marrakesch est une belle pièce de néo-exotica mêlant un sample thématique de "Le Livre de la Jungle" à d'autres mélodies arabes sinueuses et délicieusement sensuelles. Voici déjà Cairo et Harem, pour les amateurs d'arabica et de robusta mixés en live.

18.6.06

Toshio Saeki - Japon Intime




Hokusai, Yoshitoshi et Ekin, ces anciens maîtres graveurs fous de dessins cruels, grotesques ou lubriques, ont leur digne descendant: Toshio Saeki. La nonne vicieuse, le vieillard à la tête de phallus, la femme à trois têtes, les amants ebouillantés, l'écolière possédée par l'esprit-renard... autant de personnages issus d'une imagination débordante et qui se jouent avec maestria de la culture érotique du Japon.

Toshio Saeki, Japon intime, Albin Michel, 88 pp. en couleurs, 1990.

17.6.06

100 % Pure Poison - Coming right at you



Cet album a été enregistré très loin du berceau de la soul funk, puisque 100% Pure Poison est la formation insolite d'un groupe de soldats américains basés à Berlin dans les années 70. Peu après leur démobilisation, en 1974, ils gravent pour EMI International cette pièce rare devenue culte, et acquièrent une belle notoriété en Europe. Le guitariste et leader du groupe, Danny Leake, de retour à Chicago, travaillera par la suite en tant qu'un ingénieur et producteur avec une grande sélection d'artistes, tels que Janet Jackson et Stevie Wonder. Le disque a été réédité par le label britannique Soul Brothers. "Coming Right At You" est un disque qui évoque plusieurs groupes de l'époque : le déploiement choral, sensuel, rappelle les Temptations avec Norman Whitfield ; l'instrumentation bariolée, les arrangements sophistiqués n'ont rien à envier aux Blackbyrds. Côté éfficacité soyez rassurés, le Poison agit vite et pénètre rapidement les sens.

1 - You Keep Coming back
2 - No More City, No More Country
3 - Boarding Pass
4 - Holes In My Shoes
5 - My Little Someone
6 - Windy C
7 - (Bet You Say) You Want To Make It With Me
8 - Don't Let Your Pride Overpower Your Love
9 - (And When I Said) I Love You
10 - Puppet On A Chain

One of the rarest soul records of the 70s - recorded in Germany by a bunch of American servicemen on leave, but with a sound that's right out of the Chicago or Detroit groove of the pre-disco years! The group's great with both the funky and soulful material - hitting hard with monster groovers like "Holes In My Shoes" and the jazzy break classic "Windy C", and keeping it sweet and mellow on ballads like "My Little Someone" and "Boarding Pass". The album's got a great sound overall - almost like some of the jazzy soul albums on Fantasy from the mid 70s -- and the quality of the vocals and instrumentation is great throughout. Titles include "I Love You", "Bet You Say You Want To Make It With Me", "No More City, No More Country", and "You Keep Me Coming Back".

13.6.06

Marcel Béalu - L'expérience de la nuit

Il y a une qualité éminemment fantastique des textes de Béalu, qui a suscité l'admiration de plusieurs écrivains et surréalistes français (Max Jacob, Artaud, Paulhan, André Pieyre de Mandiargues). On retiendra en particulier son œuvre narrative en prose comme l’une des meilleures du fantastique français contemporain. Pour Béalu (fondateur de la revue Réalités secrètes, 1955-1971), le fantastique ne se sépare pas du réel, qui est toujours insolite si l’on sait le regarder : il contient " une nuit qui est partout " ; il est onirique. Les récits de Béalu montrent des espaces perturbés, des lieux (souvent urbains) qui semblent anodins et se transforment en prison, ruine, labyrinthe. Le temps peu se dédoubler ou s’accélérer...

Découvrez dès maintenant le début de son roman : L'expérience de la nuit.

Marcel Béalu - L'expérience de la nuit, √erso - Phébus, 1990, 224 pp. accessible ici





10.6.06

Os Cobras - O LP



Os Cobras est la formation temporaire d'un seul album, mais néanmoins mythique, titré "LP", comme si l'on avait là "le" 33 tours absolu de la bossa jazz samba. Le groupe est composé à la base de Tenorio Jr (piano), José Carlos (basse), Milton Banana (batterie) et une section de cuivres à géométrie variable : Raulzinho (trombone), Hamilton (trompette). A cela viennent s'ajouter quelques pointures plus ou moins connues comme Meirelles, Paulo Moura, Jorginho, Aurino et Cipo.

Quintessência
Nanã
Depuis de amar
Adriana
Praia
Uganda
The blues walk
40 Graus
Chão
Menina demais
Mar, amar
Moça da praia

9.6.06

Joan Fontcuberta ou l'art de la mystification

Joan Fontcuberta est un artiste espagnol, né en 1955, photographe, plasticien, entomologiste, botaniste, astronaute, zoologue, en somme un mystificateur génial et plein d'humour. Sa palette va de la mystification "mystique" (dans un prétendu monastère de Valhamonde, où une communauté religieuse orthodoxe - mais pas très catholique - accomplit des miracles saugrenus)...


ci dessus : le miracle du surf sur dauphins ; dessous, le miracle de l'invisibilité.

à la mystification scientifique (espèces végétales improbables, fossiles de sirènes à visiter dans des sites paléolithiques). La force de son oeuvre est liée à une parfaite exploitation des codes de la "véridiction" en vigueur dans le genre auquel le visuel appartient. Ainsi on découvre que ce qui rend crédible la photo d'une espèce botanique, c'est un ensemble de signes plastiques (photo sobre en noir & blanc, vue neutre et faciale de la plante, sans arrière-plan) et para-photographiques (une dénomination scientifique latine en guise de légende). Mais a-t-on réfléchi au caractère improbable et surréaliste d'une plante dont les épines seraient plantées à l'envers ?

Braohypoda Frustrata, 1985.

Ce qui rend véridique l'information sur la découverte d'un fossile de sirène, c'est entre autres, l'article scientifique qui l'accompagne, le terme d'"hydropithèques", qui crédibilise une classe zoologique, la trace des os dans la roche, le point de vue naturel surmonté d'une table de repérage et d'explication du conseil régional, en somme tous ces signes connexes qui viennent ancrer la chose vue dans un réel indiscutable, une validation institutionnelle.


Bien sûr Fontcuberta joue comme un magicien, mieux un illusioniste, avec les signes. Ainsi se met-il dans la peau d'un cosmonaute soviétique. Pour en contrefaire la biographie, retracée en quelques scènes visuelles, il emprunte aux codes du réalisme socialiste des années 60. Le sigle CCCP, l'enfant déjà dans les étoiles à 10 ans, la scène de félicitations avec le public, le scaphandre du cosmonaute, toutes ces images qui ont bercé une génération.


A titre de lecture édifiante et assez complète de son oeuvre, je vous conseille l'excellent ouvrage, Contranatura, dont l'esthétique éditoriale et la rigueur intellectuelle n'ont rien à envier au sérieux de magazines tels que le National Geographic, mais dont les contenus vous emmènent sur des territoires autrement plus farfelus.
Joan Fontcuberta (b.1955) became a photographer in the 1970s. Coming from the tradition of Spanish Surrealism, he creates elaborate photographic hoaxes that challenge and provoke, forcing us to re-examine the relationship between photography and reality. The only reliable information a photograph can tell us, Foncuberta believes, is that it is just that - a photograph.


Joan Fontcuberta, Contranatura, Actar, 2001, 148 pp.

4.6.06

Haruomi Hosono - Tropical Dandy




Des années 70 à nos jours, Haruomi Hosono n'a cessé d' expérimenter hors des sentiers battus ; prenant ses distances avec le format techno-pop du Yellow Magic Orchestra, formé avec Ryuichi Sakamoto et Yukihiro Takahashi. Il déploie ainsi différentes écritures musicales au confluent de l'ambient, des musiques traditionnelles et des influences exotica/space age pop, qu'il affectionne depuis toujours, comme pas mal de japonais. Tropical Dandy, paru en 1975, est le fruit d'une association entre Hosono et un groupe de musiciens, sous le nom de Tin Pan Alley. Bien qu'on puisse trouver la prestation vocale d'Hosono un peu nasillarde, l'album est un des plus marquants de sa première production (antérieure à la période YMO) - et compte parmi les disques les plus recherchés par les amateurs (avec Bon Voyage, Cochin Moon et Paraiso). En effet, il y a là en germe le monde particulier d'Hosono, qui ne se lasse jamais d'explorer les genres et les époques, en créant de jolies contaminations musicales entre jazz et pop (Chattanooga choo choo, Duck ou Hurricane Dorothy), entre swing et exotica fourbie à la pedal steel guitar, entre chansons traditionnelles et bruitages environnementaux (titre 4), qui annoncent la coloration ambient naturaliste de plusieurs albums ultérieurs (Naga). Enfin son choeur féminin, les "Tropical Lady Singers" est un délice d'humour et de sensualité. Bon voyage donc, avec le dandy tropical.

Hosono first came to attention in Japan as the bassplayer of the psychedelic rock band Apryl Fool, who released the album The Apryl Fool in 1969. Members from this band (including Hosono) then formed the influential folk-rock group Happy End. After Happy End disbanded, Hosono worked with a loose association of artists under the title Tin Pan Alley. In 1978, Hosono formed the Yellow Magic Orchestra with Yukihiro Takahashi and Ryuichi Sakamoto. The Yellow Magic Orchestra (AKA YMO) released a number of albums in the late 70s and early 80s to considerable acclaim both inside and outside Japan. After YMO disbanded in 1984, Hosono released a number of solo albums covering a variety of styles, including film soundtracks, and a variety of electronic instrumental albums. In the late 80s and early 90s the influence of World Music on his music deepened, and he worked with international singers and musicians such as Amina Annabi.